QUI EST L'AUTRE - Eric Vincent

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LE LUTIN BLOND
revirement de dernière minute. En fait, ils profitaient de la situation pour enfin montrer leurs
vrais sentiments vis à vis du mutant qu'il incarnait. Il était rejeté. Qui venait le voir ? Son
avocat ? Possible ! Après tout, il se conduisait correctement en prison. Une remise de peine
pour bonne conduite n'était pas exclue. Son avocat, commis d'office, s'était avéré être un
véritable as du barreau. Il sortirait peut-être un lapin du chapeau.
- Magne-toi le train, on n'a pas la matinée ! Râla le gardien Meunier, d'humeur
systématiquement massacrante propre aux cons finis et à tous ceux qui détestent leur boulot.
- J'arrive ! Fit Thierry.
Il suivit docilement le geôlier dans le dédale fait de pièces successives et d'escaliers. Un vrai
labyrinthe, cette prison ! Pour s'échapper, il valait mieux se tirer directement par les
extérieurs !
- Vous savez qui c'est ? Demanda Thierry.
- Aucune idée ! Répliqua Meunier. Tiens ! C'est là ! Tu entres et tu as cinq minutes, chrono en
main.
- Merci ! Répondit Thierry, tenant à la façade de politesse alors qu'il pensait clairement que le
gardien Meunier était une peau de vache se livrant au marché noir pour arrondir ses fins de
mois.
Le cœur de Thierry fit un bond prodigieux et se mit à battre violemment à plus de cent
soixante pulsations à la minute. Gwendoline. Il était figé, incapable de s'asseoir sur le siège
disposé derrière la vitre le séparant de la divine créature. Elle n'avait pas changé. Ou plutôt,
si ! Elle était encore plus belle à ses yeux que dans ses derniers souvenirs.
- Bonjour Thierry, fit-elle simplement d'une voix qui l'ensorcela immédiatement. Assied-toi !
Il obtempéra aussitôt et tomba en arrêt devant elle, comme un setter irlandais devant une
poule d'eau. Il déglutit et avala sa salive. Tout à coup, son côté crâneur refit une apparition. Il
démarra en trombe :
- Gwendoline… Tu es toujours aussi sexy !
- Merci.
- Je savais que tu ne pourrais pas te passer de moi ! Il fallait que ce soit toi qui viennes me
voir !
- Tu n'as pas changé. Tu es toujours aussi présomptueux !
- Ah ! Je sais que je te plais, poupée ! Je t'aurai un jour !
- Même pas en rêve ! Décidément, tu es incorrigible. Dix mois de prison ne t'ont pas changé.
- C'est ce que tu crois… L'homme a changé, les sentiments sont restés. Tant que tu restes
libre comme l'air, j'ai mes chances.