QUI EST L'AUTRE - Eric Vincent
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LE LUTIN BLOND<br />
à la relative impuissance de Martin à livrer des mesures pour redresser la situation. La faute<br />
également à Sébastien et à Gwendoline, toujours aussi peu en phase depuis la fameuse soirée<br />
"pâtes". Désormais, il fallait être idiot ou aveugle pour ne pas s'apercevoir que des grains de<br />
sable grippaient la machine des K.<br />
En avançant, Sébastien demeurait sur le qui vive. Quelque chose l'inquiétait, le choquait dans<br />
ces lieux, sans qu'il soit en mesure de déterminer quoi. Malgré tout, il emboîta le pas de ses<br />
camarades.<br />
Le garde posté à l'entrée contacta le standard et se fit confirmer que le grand patron avait<br />
bien rendez-vous avec les K. La date rapprochée indiquait que le mystérieux Marcus Ethylen<br />
était pressé de rencontrer des personnages devenant peu à peu des légendes. Après avoir<br />
présenté leurs papiers d'identité comme le voulait le règlement intérieur de l'usine, les K<br />
durent se soumettre à une fouille en règle. Martin fut prié de laisser ses gadgets les plus<br />
explosifs dans le local et Hélène, pour d'évidentes normes anti-incendie, fut contrainte<br />
d'abandonner le brûleur accolé à son casque. Des badges de visiteurs furent confectionnés à<br />
leur attention en échange de leurs cartes d'identité.<br />
Ce ne fut qu'après l'accomplissement de ces indispensables formalités qu'ils furent autorisés à<br />
pénétrer dans l'enceinte, sous bonne garde.<br />
"Je n'aime pas ça !" songea Sébastien en constatant le déploiement de forces. "J'ai<br />
l'impression de me jeter dans la gueule du loup. Je sais bien que l'avionique, surtout militaire,<br />
est un domaine sensible mais… C'est curieux, comme sensation !"<br />
Les deux gardes armés les invitèrent à emprunter un ascenseur sitôt l'accueil franchi. Devant<br />
l'étonnement des K, l'un d'eux dut fournir une explication :<br />
- La production est située en surface mais la recherche est enterrée, pour des questions de<br />
sécurité. Monsieur Ethylen étant avant tout un inventeur de renom, son bureau est placé au<br />
plus près des bureaux d'étude.<br />
- Ah… fit Martin, se contentant de cette réponse logique.<br />
"Ben voyons !" remarqua Sébastien, toujours aussi suspicieux, agité par des tics gestuels<br />
dignes d'un syndrome Gilles de la Tourette. "Tout le monde sait bien qu'une entreprise<br />
fonctionne grâce aux ventes. Je ne suis pas étudiant en économie mais je sais que la direction<br />
n'est jamais loin du service commercial. Et Martin gobe le tout sans bouger ! Réveille-toi,<br />
Martin ! Seigneur ! Qui a encore un peu d'influence sur lui ? Personne… Et puis, cette usine a<br />
un je ne sais quoi de bizarre. Les cheminées… Pourquoi a-t-elle des cheminées ? Il n'y a pas<br />
de fonderie…"<br />
L'ascenseur s'enfonça dans le sol d'un étage. Les portes s'ouvrirent sur des bureaux d'étude<br />
gavés de matériels informatiques à la pointe du progrès, d'écrans plats et géants, de<br />
personnels en blouse blanche et d'une quiétude toute relative. Une atmosphère de sérieux et<br />
de bonne humeur se dégageait de l'endroit, tranchant avec le débordement et l'intensité de la<br />
production entrevue plus haut.