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ÉCRITURES EN LIGNE: PRATIQUES ET COMMUNAUTÉS - Arald

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Ainsi, le titre de cette communication vise à interroger le rapport entre les écritures en ligne et<br />

les genres existants : ce rapport relève-t-il de la scission (révolution compris comme un<br />

changement brusque) ?, ou relève-t-il de l’identique ou, à tout le moins, de la ressemblance<br />

(révolution entendu comme un mouvement en courbe fermée) ? Dans le cas spécifique du<br />

genre « débat public » sur UseNet, on aurait affaire à un cas d’anamorphose : si l’on ne tient<br />

compte que du dispositif technique (le support représenté par l’écran d’une part ,et par les<br />

interfaces des logiciels de lecture des news d’autre part), alors le « débat public » se montre<br />

sous un jour radicalement différent ; en revanche, si l’on s’attarde sur les formes linguistiques<br />

et discursives, alors la figure générale du genre « débat public », telle qu’elle peut être donnée<br />

à voir ailleurs qu’en ligne, semble être restituée dans ces forums. Dans ce qui suit, je<br />

présenterai mon cadre théorique dans lequel les textes et les genres seront traités de manière<br />

indissociable des communautés discursives, puis je montrerai, à partir de la description d’une<br />

catégorie linguistique (les marques de la personne) et d’une catégorie discursive<br />

(l’explication), que le genre « débat public » opère une « révolution tranquille » sur UseNet.<br />

1. Quelques considérations théoriques<br />

1.1. La notion de texte.<br />

Avant d’aborder la notion de genre, il convient de partir de la notion de texte dans la mesure<br />

où la seconde promeut la première au rang de la phénoménalité. À la suite de J.-P. Bronckart,<br />

on peut appeler texte « toute unité de production verbale véhiculant un message<br />

linguistiquement organisé et tendant à produire sur son destinataire un effet de cohérence. Et<br />

cette unité de production verbale peut dès lors être considérée comme l’unité communicative<br />

de rang supérieur » (1996, p. 74) 272 . À ce titre, un texte n’est jamais dépareillé de son<br />

contexte social ou des conditions dans lesquelles il est produit ; on est loin ici de la position<br />

adoptée par J.-M. Adam qui consistait, dans ses premiers travaux de linguistique textuelle, à<br />

faire du texte un objet abstrait en posant la formule, très souvent reprise :<br />

Texte = discours – [signe moins] conditions de production<br />

Le discours, quant à lui, était formulé de la manière suivante :<br />

Discours = texte + [signe plus] conditions de production (Adam 1990, p. 23) 273<br />

272 . J.-P. Bronckart s’inscrit dans un cadre qui relève de l’interactionisme sociodiscursif ; l’interactionisme<br />

sociodiscursif pose que « l’action constitue le résultat de l’appropriation, par l’organisme humain, des propriétés<br />

de l’activité sociale médiatisée par le langage » (1996, p. 42-43)<br />

273 . Ces formules « mathématiques » font du texte et du discours une matérialité identique, dont la seule<br />

différence serait la prise en compte ou non des conditions de production. Or le texte et le discours relèvent de<br />

deux ordres différents. En effet, un texte, comme le souligne J.-P. Bronckart, est une unité de production<br />

verbale ; en cela, un texte relève d’une matérialité sensible que l’on peut, d’une manière ou d’une autre,<br />

délimiter. Il en est tout autrement pour le discours ; plus précisément, ce dernier relève, selon nous, d’une<br />

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