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Le métier du parfumeur en France et l'art de l'encens au Japon ...

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tel-00573927, version 1 - 22 Mar 2011<br />

est que les professionnels olfactifs répèt<strong>en</strong>t sans cesse <strong>de</strong>ux particularités. La première<br />

que je nomme « la subjectivité indivi<strong>du</strong>elle » : l’odorat est personnel, chaque indivi<strong>du</strong><br />

s<strong>en</strong>t le parfum différemm<strong>en</strong>t. La <strong>de</strong>uxième, « la relativité culturelle » : chaque culture<br />

développe sa propre s<strong>en</strong>sibilité olfactive. Puis, ces <strong>de</strong>ux traits ne sont pas isolés l’un<br />

<strong>de</strong> l’<strong>au</strong>tre. Si l’un a été énoncé, l’<strong>au</strong>tre ne tar<strong>de</strong>rait pas à être exposé. Je ne redoute pas<br />

que mon fil <strong>de</strong> p<strong>en</strong>sée soit influ<strong>en</strong>cé par mon intérêt à la théorie <strong>du</strong> processus <strong>de</strong><br />

civilisation <strong>de</strong> Norbert Elias. Et, c’est là que le double vol<strong>et</strong> <strong>de</strong> réflexion est intégré.<br />

La curiosité académique pour l’o<strong>de</strong>ur <strong>et</strong> l’odorat est <strong>au</strong>ssi proj<strong>et</strong>ée vers ces <strong>de</strong>ux<br />

phénomènes : tout indivi<strong>du</strong> comme toute culture développe son p<strong>en</strong>chant olfactif.<br />

1.2.<br />

Entre la subjectivité indivi<strong>du</strong>elle <strong>et</strong> la relativité culturelle<br />

«L’o<strong>de</strong>ur n’est pas comparable, une personne la s<strong>en</strong>t forte, l’<strong>au</strong>tre la trouve<br />

légère ... », voilà, ce qui se répète p<strong>en</strong>dant l’<strong>en</strong>tr<strong>et</strong>i<strong>en</strong>. La formulation journalistique<br />

est, « dans la parfumerie, on ne peut pas transm<strong>et</strong>tre <strong>de</strong>s matières premières : c’est<br />

un travail personnel. Tout ce qu’on peut appr<strong>en</strong>dre c’est comm<strong>en</strong>t s<strong>en</strong>tir ... dans la<br />

parfumerie, il n’y a pas <strong>de</strong> valeurs absolues, il n’y a que <strong>de</strong>s valeurs relatives » 1 .<br />

Tous les informateurs me dis<strong>en</strong>t que, «les Français aim<strong>en</strong>t être sé<strong>du</strong>its par le parfum,<br />

<strong>et</strong> les Américains sont obsédés par le parfum viol<strong>en</strong>t...». Sa transcription par les<br />

médias est : « (Question) Dans le domaine olfactif, vous affirmez qu’il y a <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s<br />

différ<strong>en</strong>ces culturelles <strong>en</strong>tre le Moy<strong>en</strong>-Ori<strong>en</strong>t, l’Asie, l’Amérique <strong>du</strong> Sud ou l’Europe.<br />

N’est-ce pas exagéré ? (Réponse » <strong>Le</strong>s perceptions olfactives peuv<strong>en</strong>t être<br />

physiquem<strong>en</strong>t différ<strong>en</strong>tes, ne serait-ce que <strong>du</strong> fait <strong>de</strong> la spécificité <strong>de</strong> l’alim<strong>en</strong>tation.<br />

Et les cultures ont leur personnalité, même si un certain snobisme pousse là à une<br />

mondialisation. Je me bats pour le respect <strong>de</strong>s id<strong>en</strong>tités olfactives <strong>de</strong>s cultures, <strong>et</strong> mon<br />

<strong>de</strong>rnier spectacle diffuse <strong>de</strong>s fragrances amérindi<strong>en</strong>nes, tibétaines ou africaines<br />

vraim<strong>en</strong>t typiques. Parallèlem<strong>en</strong>t à l’uniformisation mondiale <strong>du</strong> goût, continuera à<br />

se développer un besoin d’affirmation id<strong>en</strong>titaire dans le domaine olfactif. » 2 .<br />

Ainsi, « les cultures olfactives ne sont pas les mêmes dans chaque pays. Une<br />

<strong>Japon</strong>aise ne se parfume pas comme une Américaine <strong>et</strong> une Scandinave n’apprécie<br />

pas les mêmes fragrances qu’une Espagnole ... Si les Allemands appréci<strong>en</strong>t les<br />

parfums à base <strong>de</strong> m<strong>en</strong>the <strong>et</strong> d’eucalyptus, les Français associ<strong>en</strong>t ces fragrances à<br />

1<br />

Antoine Spire, « Entr<strong>et</strong>i<strong>en</strong> – Michel Roudnitska, un nez », <strong>Le</strong> Mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’é<strong>du</strong>cation, Octobre 2003,<br />

numéro 318, p. 82-87.<br />

2<br />

Ibid.<br />

22

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