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10 N° 179 MARS 2012<br />

spectacles vivants<br />

ZIMMERMANN & DE PERROT<br />

“Nous cherchons<br />

le possible dans l’impossible”<br />

Revoilà l’ébouriffant duo suisse Zimmermann & de Perrot avec une<br />

nouvelle création, Hans was Heiri, littéralement “Jean comme Henri”<br />

ou équivalent de l’expression “bonnet blanc et blanc bonnet”. Thème<br />

central, comme toujours : l’humain (un terrain de jeu inépuisable<br />

selon eux) dans ses contradictions, ses manies et ses faiblesses.<br />

“Depuis 15 ans, l’être humain reste une curiosité qui nous fascine et<br />

nous touche. Je crois que nous cherchons d’abord à nous comprendre<br />

nous-mêmes, ensuite à travers nous-mêmes, c’est notre vis-à-vis, c’est<br />

donc entre Martin et moi, l’un et l’autre, puis ce sont tous les gens qui<br />

nous entourent.” Le parti pris est cette fois-ci de se colleter à la notion<br />

de ressemblance et donc de différence, au poids de l’uniformité, à<br />

la solitude ou encore à l’enfermement. “On s’est posé la question de<br />

savoir qui on est. Que ressent-on lorsqu’on est seul ? Que devient-on<br />

dès lors qu’on est en groupe ? Ne se ressemble-t-on pas bien plus<br />

qu’on ne veut bien le montrer ?” se rappelle Dimitri de Perrot,<br />

l’homme aux platines et le faiseur de sons de l’incorrigible duo qui<br />

semble se bonifier avec le temps et réussit à surprendre à chaque fois<br />

avec des pièces tout à la fois physiques, visuelles, poétiques, tragiques,<br />

absurdes et surtout profondément humanistes. Les 2 acolytes se sont<br />

empressés de mettre en scène 5 protagonistes triés sur le volet (dont<br />

Dimitri Jourde ou Mélissa Von Vépy) pour les pousser en dehors<br />

d’eux-mêmes, les forcer à réagir et découvrir ce qui se cache derrière<br />

la façade. Une fois encore, ils ont concocté une scénographie sur mesure<br />

au cœur même de leur processus de création. En l’occurrence, une<br />

espèce de machine à laver, enfin, non, des cadres plantés ici et là et<br />

surtout une espèce de boîte tournante de 8 mètres posée sur une<br />

Blanca Li<br />

par Anne Huguet<br />

Par Anne Huguet<br />

Blanca Li n’est jamais là où on l’attend. À l’affût de son temps, elle<br />

plante le décor cette fois-ci dans un lycée sur des rythmes électro et<br />

tord le cou à l’electrodance (plus connue sous le nom de tecktonik).<br />

Empruntant aux battles hip-hop, cette danse (née dans les années 2000)<br />

mêle jeux de bras vifs et tournoyants avec jeux de jambes et mouvements<br />

issus de la techno. La pièce, à l’image de la chorégraphe espagnole,<br />

est débridée et survoltée, et raconte, entre basket, cantine, cours de<br />

maths et jeux vidéo, une journée particulière, presque pour de vrai,<br />

pour ces 8 jeunes danseurs experts à la dégaine parfaite et à la vitalité<br />

brûlante. Un pur plaisir.<br />

Toboggan, du 22 au 24 mars<br />

roue géante, un peu comme une maison avec ses 4 pièces dans<br />

laquelle tout devient semblable, mais où chacun conserve sa solitude.<br />

Et c’est là-dedans que tout se passe, que l’histoire se tisse, que les<br />

corps chavirent, s’emmêlent, se télescopent, s’enferment, se tassent<br />

ou se disloquent. Tête en bas, tête en l’air. Contorsions, danse,<br />

mime, jonglerie de corps, clown, arts visuels, sono obsédante, il y<br />

a tout ça chez Zimmermann & de Perrot, mais mixé magistralement<br />

pour donner corps à un objet visuel toujours un peu mutant. “Notre<br />

théâtre est un théâtre très physique, un théâtre de personnages avec<br />

des caractères qui vont raconter une histoire et dessiner quelque<br />

chose… un peu comme des sculptures vivantes. Nos artistes doivent<br />

venir du cirque et de la danse, être très physiques, avoir une très grande<br />

liberté par rapport à leur corps, mais être aussi de bons acteurs, parce<br />

qu’on aime aussi le clown. Nous inventons nos pièces et nos univers,<br />

nous dirigeons et nous cherchons à créer cette minisociété pour faire<br />

vivre tous ces personnages. […] Plus on joue, plus les personnages<br />

sont précis dans ce qu’ils veulent raconter et ce qu’ils sont, plus le<br />

jeu entre le public et la scène prend de la force et de la profondeur,<br />

explique Dimitri. On veut que le spectateur ait du plaisir, qu’il puisse<br />

rire de lui-même et des autres, qu’il soit touché. C’est dans le rire qu’il<br />

y a la tendresse et le vrai amour. On veut aussi transmettre un certain<br />

amour d’être humain, d’être qui on est et d’être qui on n’est pas… !”<br />

On ne raconte pas un spectacle de Zimmermann & de Perrot…<br />

On le voit, on le vit, on l’absorbe et on adore.<br />

Du 6 au 11 mars à la Maison de la danse<br />

■ danse express ■<br />

Nettement plus politique, Beautiful Djazaïr questionne, entre théâtre<br />

et danse, la réconciliation des mémoires quelque 50 ans après la fin<br />

de la colonisation française en Algérie. “Faudra qu’on parle…”<br />

harangue la voix, celle de Yan Gilg, homme de théâtre et rappeur,<br />

qui travaille depuis 2006 sur un triptyque autour de l’histoire coloniale<br />

de la France. Pendant ce temps, le danseur-chorégraphe Hamid Ben Mahi,<br />

tout en tourbillons et gestuelle saccadée, raconte sa vision des faits,<br />

sa part manquante et les traces de cette histoire. Beautiful Djazaïr<br />

est sûrement la pièce la plus intime et introspective de Yan Gilg, la<br />

rencontre entre 2 sensibilités et 2 identités singulières qui fouillent<br />

au fond d’elles-mêmes pour confronter leurs histoires, leurs différences,<br />

leurs résistances et leurs cultures. Avec, en prime, une très belle<br />

bande-son hypnotique mixée à partir de Murcof et Truffaz.<br />

Théâtre de Bourg-en-Bresse, les 13 et 14 mars<br />

+ centre culturel Théo-Argence, le 20 mars<br />

Suite improbable à une 1re pièce impudique et vicieuse, les 2 jeunes<br />

danseurs Pieter Ampe et Guilherme Garrido réitèrent avec Still<br />

Standing You, qui interroge avec fracas leur relation (sont-ils des<br />

partenaires, des rivaux, des amis, des amoureux, des ennemis ?) en<br />

n’utilisant que leur corps comme moyen d’expression. Vêtements<br />

arrachés, violentes étreintes, corps emmêlés sans pudeur, pirouettes,<br />

coups, expérimentations de leurs propres limites, acrobaties ou<br />

joutes ludiques sont autant de pistes que ces deux-là explorent sans<br />

vergogne, loin des tabous et de tous sentiers battus. Sûrement un<br />

peu dérangeant.<br />

Maison de la danse, du 28 au 30 mars<br />

©Carl Posey - New York

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