Catalogue des personnages de l'œuvre filmique de Jean Renoir ...

Georges MALLET
Interprète : Louis GAUTHIER
Age : 40 ans environ
Descriptif
Le personnage de Georges Mallet est l’incarnation
même du notable de province : maire, conseiller
général et député de Varance. Il semble droit sorti de
la longue lignée d’édiles caricaturés par le roman du
début de la troisième République : les Déracinés de
Maurice Barrès, l’Enfant du Pays de Gaston Chérau.
C’est un homme de dossiers profondément pénétré
par l’importance de sa mission politique et par son exigence de justice. Bourgeois, certes, dans
son habillement et son environnement, mais fuyant les soirées mondaines où tout repose sur le
mensonge, l’apparence, l’hypocrisie et le superficiel : « Georges Mallet préférait son intérieur aux folles
soirées du sous-préfet . »
Contrairement aux autres participants masculins de ces soirées, Mallet n’a pas besoin d’un
smoking et d’un verre de champagne pour prouver son élégance. Il a un standing et un
charisme naturels.
Ce sont ces valeurs qui amènent Georges, au contraire de sa femme, à considérer Catherine
comme un être humain. Ce petit bout de femme l’attendrit. Il rit de ses jeux enfantins. Il la
place en quelque sorte sur un piédestal et ne supporterait pas qu’on lui causât du tort. Cette
attention particulière pour Catherine présente un côté paternaliste. Mallet ne quitte pas son
costume croisé, son ample pardessus et son chapeau ; lorsque, plus tard, il découvre Catherine
perdue et seule dans la rue, elle paraît encore plus petite et plus fragile à ses côtés. Il la
repousse dans le dernier tiers du cadre.
Il devient en quelque sorte son ange gardien qui apparaît lorsque tout semble perdu.
Quoi que semble croire Madame Mallet, la relation Georges/Catherine est des plus
innocentes : sa frimousse attendrit simplement Georges, il rit de ses jeux, il console ses
chagrins en déposant un baiser paternel sur son front. Il la considère encore comme une
enfant qui a besoin qu’on s’occupe d’elle. Il la regarde comme son égale. Dès lors, lorsqu’il lui
parle, la caméra les saisit face à face, à même hauteur contrairement aux angles de prise de
vue entre Catherine et Madame Mallet.
Ce qui est original dans le personnage de Mallet, c’est d’être une figure politique. L’exemple
est suffisamment rare chez Renoir pour être souligné. A l’exception de Vivre libre, d’Eléna et les
hommes et du Déjeuner sur l’herbe, les hommes politiques sont rares dans la galerie de personnages
renoiriens. Qui plus est dans les deux derniers films cités ce sont des personnages comiques
dont la fonction est plus de mettre en valeur les défauts inhérents à leur fonction qu’à les
présenter de façon séduisante. Dans Catherine, la manière dont Mallet s’acquitte de ses
fonctions électives n’est nullement caricaturale.
Il est intelligent, parle avec droiture, trouve les mots appropriés. Il sert les intérêts de la
collectivité de façon totalement désintéressée : « On m’accuse de ne plus m’occuper de mon mandat, j’ai
pris à ma charge cinquante mille francs de réparation aux égouts. »
Ses adversaires le rejettent moins pour des raisons de moral que pour l’intérêt qu’il porte à
une jeune femme d’une classe inférieure.
« Mallet ne peut être désormais le candidat des honnêtes gens. »
Dans la séquence où il reçoit une délégation de ses détracteurs, il domine, fait face à une
assemblée qui lui est hostile. Ses opposants baissent les yeux, visiblement gênés et mal à l’aise.
Il ne tente jamais de se justifier et de complaire à son auditoire. Politiquement parlant,
advienne que pourra.
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