Catalogue des personnages de l'œuvre filmique de Jean Renoir ...

Il comprend sa méprise et vole au secours de Virginie. Il rosse l'odieux personnage qui tombe
à l'eau et s'enfuit. Le film se clôt sur un plan de la famille Raynal en partance pour l'Algérie.
Virginie, radieuse, fait partie du voyage.
Virginie ROSAERT
Interprète : Catherine HESSLING
Age : 16/18 ans
Descriptif
Virginie vit à bord d’une péniche qui descend
lentement, jour après jour le canal. Elle mène une
existence parfaitement heureuse aux côtés de son père
Marc et de l’oncle Jeff, mais elle ne connaît aucun
autre ami de son âge. Son chien, la péniche et sa
famille lui suffisent amplement.
Tantôt femme et parfaite ménagère (elle sait préparer
de délicieux petits plats), tantôt enfant insouciante au visage angélique, même si le porte-voix
lui laisse un cercle noir autour de la bouche. Les nombreux gros plans sur son visage signalent
que Jean Renoir est autant réalisateur qu’époux, amoureux de son actrice.
Après la mort de son père qui se noie dans le canal, Virginie restée seule avec son oncle Jeff
mène une toute autre vie. Elle devient l’esclave de Jeff.
La péniche a été « mystérieusement » mise en vente. Son oncle s’adonne à l’alcool, il est
violent. Il regarde sa nièce non plus comme une jeune fille, mais comme une proie. La
séquence de la tentative de viol sur la péniche est caractéristique de l’art de Renoir.
Virginie perçoit dans les yeux de son oncle, une lueur qu’elle n’a encore jamais vue dans les
yeux d’aucun homme. Mais il est trop tard, l’oncle essaie de l’embrasser de force. Virginie,
effarée, tente de fuir la pièce mais sans cesse l’oncle la ramène dans le bateau. Les
champs/contre-champs en gros plans sur les yeux des deux protagonistes vont devenir un
procédé renoirien que l’on retrouvera notamment dans Toni (Josefa, apeurée par Albert qui la
menace, le tue) ou dans Le Crime de Monsieur Lange (la scène de séduction entre Batala et Estelle)
Dans la seconde partie du film, Virginie, dont l’enfance est désormais révolue, est
définitivement passée dans le monde des adultes, un monde du chacun pour soi et de toutes
les trahisons. D’ailleurs elle va très rapidement en faire la dure expérience.
Elle tombe sous la coupe de Ferret, dit “la Fouine”, et de sa mère Gipsy Kate : « J’ai enfin trouvé
une servante » se félicite le bohémien.
Les rapines et les « exactions » des bohémiens provoquent la colère du village qui organise
une « chasse à l’homme » dans la nuit. Justin Crépoix mène la danse autant par haine des
« étrangers » que par dépit amoureux. La Fouine face au danger s’enfuit avec Gipsy Kate
abandonnant Virginie qui est bousculée, malmenée par les villageois. Pour la seconde fois,
Virginie se retrouve abandonnée, déçue par l’espèce humaine, seule, sans famille, sans toit,
terrorisée, face à cette foule hurlante, dans la nuit.
Les séquences suivantes – qui vont tant plaire aux surréalistes, tel Jean Tedesco, ami de Jean
Renoir, qui avait transformé le théâtre du Vieux Colombier en un cinéma d’avant-garde et
qui avait inséré dans un programme d’extraits de films, les séquences du rêve de La Fille de
l’eau – s’articulent autour d’un nouveau personnage de Virginie. Elle est le fil conducteur d’un
voyage onirique où, plongée dans un sommeil agité, elle revoit sa triste vie en rêve, les
hommes qui l’ont maltraitée, le monde inconnu dans lequel elle se débat et finit sur un
enlèvement par un beau prince charmant sur son beau destrier blanc !
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