Catalogue des personnages de l'œuvre filmique de Jean Renoir ...

Le SOUS-PREFET
Interprète : Jean RENOIR
Age : 30 ans environ
Descriptif
Pour sa première apparition à l’écran, Jean Renoir
n’incarne pas un personnage hédoniste comme
Octave (La Règle du jeu) ou le Père Poulain (Partie de
campagne) ; il crée ici une silhouette caricaturale de
sous-préfet ridicule, hypocrite et quelque peu
lourdaud.
Dans la micro société de Varance, il est le
représentant de la plus haute fonction politique. Le sous-préfet est un homme de pouvoir.
C’est aussi un homme qui se doit d’affirmer cette puissance par des manifestations de haute
qualité. Il reçoit la « bonne société » de la ville, fait preuve d’un goût sûr dans sa tenue,
monocle compris et dispense la culture sous la forme de récitals de piano mais encore, de
manière plus privée, par la rédaction de sonnets aussi ridicules que convenus.
Le poème qu’il adresse à Madame Mallet pour la séduire est d’un ridicule achevé :
« Dites Edith, un oui qui laisse
Votre soupirant en liesse
Un oui par pitié ou sinon
Malgré mon zèle je délaisse
La France et l’administration. »
Il faut reconnaître toutefois que si les spectateurs trouvent cela ridicule, il n’en va pas de
même pour la destinataire flattée qu’un sous-préfet de la République la courtise en taquinant
la muse…
Renoir construit son personnage de sous-préfet par opposition à celui de Mallet. Nous
retrouvons dès lors la représentation caricaturale classique de l’homme politique dans le
cinéma français.
Si le sous-préfet aime parader dans les soirées, Mallet préfère la solitude de son bureau. C’est
bien sûr le premier qui correspond au genre d’homme qui sied le mieux à Madame Mallet.
C’est un statut social que d’être femme de député et maîtresse de sous-préfet.
Il est ridicule, comme un chien, il répond aux appels de sa maîtresse. Il suffit de le voir courir
avec ses valises vers la voix de son maître en « aboyant ». Il est par ailleurs filmé en plongée et
se retrouve ainsi diminué. Il n’est que le toutou de Madame Mallet, à ses pieds, à ses ordres,
comme le précise d’ailleurs l’une de ses œuvres : « Tout mon amour, comme un caniche, humble,
gît... »
Tout ridicule qu’il paraît, ce personnage grotesque ne nous est pas complètement
antipathique. Il annonce clairement le personnage du Comte Muffat, « le caniche » de Nana.
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