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L'appropriation socioculturelle du téléphone portable par des ...

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l’information développée <strong>par</strong> Castells (CASTELLS 2000b; CASTELLS 2000a) incluait déjà les<br />

dimensions sociale, morale et politique. La préoccupation de l’UNESCO, quelques années plus<br />

tard, de ratifier l’importance de telles dimensions en proposant la distinction formelle entre<br />

la société de l’information et la société de la connaissance met en évidence l’évolution <strong>du</strong><br />

premier concept depuis Castells vers <strong>des</strong> configurations qui, dans la pratique, prenaient<br />

moins en compte les dimensions sociale, morale et politique, en faveur, principalement, de<br />

celles économique et technologique.<br />

2.1.4 Les TIC pour le développement, une question morale<br />

On arrive ici à un point fondamental pour la compréhension <strong>des</strong> enjeux de l’utilisation <strong>des</strong> TIC<br />

pour le développement dans le contexte de la dite société de l’information : la différence<br />

entre, d’un côté, un discours bien intentionné, basé sur le potentiel <strong>des</strong> TIC à faciliter<br />

l’intégration et le développement de la solidarité entre les personnes, et, de l’autre côté, <strong>des</strong><br />

dynamiques souvent plus ru<strong>des</strong>, dictées <strong>par</strong> la logique politico-économique <strong>du</strong> marché libre,<br />

régissant le déploiement concret de ces technologies dans le terrain. L’UNESCO considère<br />

qu’« une société de la connaissance devrait être en mesure d’intégrer ses membres et de<br />

promouvoir de nouvelles formes de solidarité concernant les générations actuelles et futures.<br />

Personne ne devrait être exclu <strong>des</strong> sociétés de la connaissance, où la connaissance est un bien<br />

public, accessible à tout un chacun. » (UNESCO 2005, p.18). Il y a néanmoins peu d’indices que<br />

les sociétés humaines soient en train d’évoluer véritablement dans cette direction – quelques<br />

étu<strong>des</strong> affirment que l’Afrique, <strong>par</strong> exemple, est très loin de devenir une vraie société de la<br />

connaissance (BRITZ et al. 2006). Selon Unwin, il y aurait « <strong>des</strong> intérêts puissants qui sont<br />

déterminés à assurer non seulement que les informations et les connaissances soient<br />

soigneusement contrôlées, mais aussi qu’elles soient utilisées <strong>par</strong> les riches et les puissants<br />

pour maintenir leurs positions d’influence et de contrôle » (UNWIN 2009, p.22). Comme disait<br />

déjà Jürgen Habermas, chaque type de connaissance a toujours été commandé <strong>par</strong> un intérêt<br />

spécifique (HABERMAS 1976, p.17) 25 . Unwin ne voit pas pourquoi cela serait différent dans le<br />

présent, et suggère donc qu’il faudrait laisser tomber <strong>des</strong> arguments voulant considérer la<br />

connaissance comme un type de bien public universel pour, au contraire, reconnaître qu’elle<br />

est devenue une marchandise au service d’intérêts <strong>par</strong>ticuliers 26 .<br />

Dans une certaine mesure, la privatisation <strong>des</strong> connaissances a toujours été un facteur clé<br />

pour l’accumulation capitaliste. Ce n’est pas <strong>par</strong> hasard qu’un système assez complexe de<br />

droits de propriété intellectuelle a émergé avec le développement <strong>du</strong> capitalisme. A la fin <strong>du</strong><br />

vingtième siècle ce système a été contesté <strong>par</strong> « ceux préconisant un retour à <strong>des</strong> formes plus<br />

communautaires de <strong>par</strong>tage <strong>des</strong> connaissances, basées sur une sorte fondamentalement<br />

25<br />

Aussi bien Alain Kiyindou (KIYINDOU 2009, p.37) que Tim Unwin (UNWIN 2009, p.23) font référence à cette<br />

affirmation de Habermas.<br />

26<br />

La transformation de la connaissance en marchandise est reconnue même dans le rapport de l’UNESCO sur les<br />

sociétés de la connaissance : « la connaissance elle-même est devenue une marchandise, sous la forme d’informations<br />

échangeables et codifiables » (UNESCO 2005, p.22).<br />

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