le traitement cognitif des expressions idiomatiques. - Université de ...
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c'est-à-dire qui permettent une reconnaissance faci<strong>le</strong> d’un idiome avant la fin <strong>de</strong><br />
l'i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> l’expression, comme l'expression “Vendre la peau <strong>de</strong> l’ours", par exemp<strong>le</strong>.<br />
2.1.3.2 Version compositionnel<strong>le</strong>: Analysabilité <strong>le</strong>xica<strong>le</strong> et syntaxique <strong><strong>de</strong>s</strong> idiomes.<br />
A partir essentiel<strong>le</strong>ment <strong><strong>de</strong>s</strong> années 90, Gibbs et ses collaborateurs (Gibbs, 1992,<br />
1993, 1994; Gibbs et Gonza<strong>le</strong>s, 1985; Gibbs & O'Brien, 1990; Gibbs & Nayak, 1991) ont<br />
développpé une conception du <strong>traitement</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> locutions <strong>idiomatiques</strong> faisant intervenir une<br />
certaine dose d'analysabilité (ou compositionnalité). Gibbs a remarqué en effet que,<br />
contrairement au point <strong>de</strong> vue standard -qu'il avait lui-même, semb<strong>le</strong>-t-il, adopté auparavant-<br />
selon <strong>le</strong>quel <strong>le</strong>s idiomes seraient non compositionnels, <strong>de</strong> nombreuses <strong>expressions</strong><br />
<strong>idiomatiques</strong> ne sont pas que d'ancienne métaphores ayant, au cours du temps, perdu <strong>le</strong>ur<br />
métaphoricité et, <strong>de</strong>venues ainsi éteintes, figées, ou encore, comme on dit, "mortes", selon<br />
l'expression consacrée en anglais ("<strong>de</strong>ad" metaphors), ne seraient plus rien d'autre aujourd'hui<br />
que <strong>de</strong> simp<strong>le</strong>s équiva<strong>le</strong>nts <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs paraphrases littéra<strong>le</strong>s. Au contraire, <strong>de</strong> nombreuses<br />
expresssions <strong>idiomatiques</strong> s'avèrent en effet décomposab<strong>le</strong>s ou analysab<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s significations<br />
<strong>de</strong> <strong>le</strong>urs éléments contribuant <strong>de</strong> façon indépendante à la signification figurée <strong>de</strong> l'ensemb<strong>le</strong><br />
(Gibbs et Nayak, 1989; Gibbs, Nayak, Bolton, & Keppel, 1989; voir aussi Nunberg, 1978).<br />
Par exemp<strong>le</strong>, dans l'expression "pop the question"", il est aisé <strong>de</strong> remarquer que <strong>le</strong><br />
substantif "question" fait référence à une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> en mariage, tandis que <strong>le</strong> verbe "pop" est<br />
utilisé pour faire référence à l'action consistant à prononcer cette <strong>de</strong>man<strong>de</strong>. Pareil<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong><br />
"law" <strong>de</strong> "lay down the law" ("faire la loi", littéra<strong>le</strong>ment "poser la loi") fait référence aux<br />
règ<strong>le</strong>s <strong>de</strong> conduite dans certaines situations, tandis que <strong>le</strong> syntagme verbal "laying down"<br />
("poser") est utilisé pour faire référence à l'action qui consiste à invoquer cette loi. Des<br />
idiomes comme "pop the question", ou "spill the beans" sont "décomposab<strong>le</strong>s", car chaque<br />
composant contribue à l'interprétation figurée <strong>de</strong> l'ensemb<strong>le</strong>. Par contre d'autres idiomes, dont<br />
<strong>le</strong>s composants ne contribuent pas à la signification figurée <strong>de</strong> l'ensemb<strong>le</strong> sont<br />
sémantiquement "non décomposab<strong>le</strong>s" (par exemp<strong>le</strong>, "kick the bucket" ou "shoot the breeze"<br />
("faire une scèn"e, "chercher noise")), car nous avons du mal à décomposer ces <strong>expressions</strong><br />
en <strong>le</strong>urs différentes parties (Gibbs et Nayak, 1989; Nunberg, 1978). L'analysabilité d'un<br />
idiome ne dépend pas du caractère littéra<strong>le</strong>ment bien formé <strong>de</strong> la chaine <strong>de</strong> mots (Gibbs et<br />
Nayak, 1989). Ainsi, "pop the question" est littéra<strong>le</strong>ment anomal quoique sémantiquement<br />
décomposab<strong>le</strong>. Ce qui importe pour qu'un idiome soit considéré comme décomposab<strong>le</strong> c'est<br />
que ses parties possè<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la signification, littéra<strong>le</strong> ou figurée, contribuant <strong>de</strong> façon<br />
indépendante à l'interprétation figurée <strong>de</strong> l'expression dans son ensemb<strong>le</strong>.<br />
L'analysabilité d'un idiome est réel<strong>le</strong>ment une question <strong>de</strong> <strong>de</strong>gré, et dépend <strong>de</strong> la<br />
saillance <strong>de</strong> ses constituants. De nombreuses <strong>expressions</strong> <strong>idiomatiques</strong> ont <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>grés<br />
d'analysabilité intermédiaires. Par exemp<strong>le</strong>, <strong>de</strong> nombreux locuteurs considèrent l'expression<br />
"fall off the wagon" comme moins décomposab<strong>le</strong> que "pop the question", du fait que la<br />
Guy Denhière & Jean-Clau<strong>de</strong> Verstiggel