UNIVERSIT PARIS - DAUPHINE - Liste des centres de recherche ...

structurelles du PAN, parti qui a accompagné le PRI pendant des décennies et qui est devenu
un acteur politique fondamental de l’histoire du pays, à la différence des autres partis que les
experts appellent partis satellites ou paraétatiques.
Le tournant qui a poussé les entrepreneurs à entrer en politique à l’intérieur du PAN a été la
nationalisation des banques mexicaines en 1982. Le « néopanisme » fait ainsi son apparition ;
c’est une idéologie qui, au lieu de se centrer comme le PAN traditionnel sur la démocratie
chrétienne humaniste, mise sur le pragmatisme et se concentre sur une logique d’accès au
pouvoir pour défendre les affaires commerciales à partir d’une vision de la droite libérale.
Selon Loaeza (2003 : 165)
« le néopanisme est un mouvement formé par une nouvelle génération de militants
qui apportent des ressources financières et introduisent un style plus agressif
dans les campagnes électorales ».
En outre, au Mexique, un processus de réappropriation de la chose publique a commencé grâce
à : a) la gestation d’une opposition politique et intellectuelle au gouvernement, b) la formation
d’une opinion publique 44 et c) la prolifération de diverses modalités de mobilisation sociale.
Ces processus ont abouti à l’ouverture des institutions à l’intervention citoyenne et, en même
temps, à la formation d’un espace public non dirigé par l’Etat (Alvarez Enriques 2004 : 81).
Le Mexique en chiffres nous montre le portrait d’une réalité contrastée. En 2000, environ 40%
de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté, environ 60% de la force de travail est
employée dans le commerce informel, avec ce que cela implique, non-affiliation au régime de
sécurité sociale publique, variabilité des revenus, difficultés d’obtention de crédits bancaires,
entre autres. Le Mexique, au début du XXIe siècle, est le deuxième pays au monde pour le
nombre d’enlèvements contre rançon, le crime organisé a débordé la capacité de contrôle du
gouvernement, la corruption des corps de police, des élites militaires et du gouvernement est
reconnue publiquement par tous (Meyer 1995 ; San Juan, 1999 ; Alonso 2002).
Un des problèmes les plus importants du Mexique est celui des inégalités sociales (Urquidi,
1997), que l’on peut observer à plusieurs niveaux : l’accès inégal et non-permanent à
l’éducation ainsi qu’aux services de santé publique, la pauvreté rurale, la marginalisation des
44 C’est à partir de la seconde moitié des années soixante-dix que les intellectuels critiques se sont rassemblés en
défense de la liberté d’expression. C’est le début de la presse indépendante grâce à la création d’hebdomadaires,
magazines et journaux ainsi qu’à la publication d’ouvrages d’universitaires qui réfléchissent sur le système
politique mexicain. On peut citer l’hebdomadaire Proceso dirigé par Julio Scherer, la Revue Plural puis Vuelta
dirigée par Octavio Paz, le premier quotidien indépendant Uno más Uno dirigé par Manuel Becerra Acosta, ainsi
que des ouvrages classiques comme La Democracia Mexicana de Pablo González Casanova et El sistema político
mexicano de Daniel Cosío Villegas.
40