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lorsqu’elles sont partagées, leur permettent de former des associations. Alors, au sein de la
société civile, les personnes trouvent la possibilité de s’associer afin de satisfaire différents
intérêts pour se défendre contre les invasions du marché et du système politique ».
Andrew Arato (1993 : 278) explique qu’«aujourd’hui, dans les démocraties représentatives ou
capitalistes occidentales, ni une stratégie étatiste, ni une orientation de marché, ne peuvent
servir les intérêts de l’émancipation humaine. Par conséquent, ni les acquis de l’économie de
marché, ni ceux de l’Etat-Providence, ne doivent être abandonnés. Les mouvements sociaux
d’aujourd’hui peuvent défendre le monde socioculturel de la vie, en apportant aussi bien à
l’Etat moderne qu’à l’économie moderne de marché un certain niveau de contrôle » 49
Le modèle tripartite (société civile – marché – Etat) rejette l’interprétation de la société civile
comme sphère privée en tant que rapports économiques et de l’Etat comme sphère publique, et
articule deux ensembles de dichotomies opposant différemment public et privé : une
dichotomie au niveau des sous-systèmes de l’Etat (public) et de l’économie (privé), et l’autre,
au niveau de la société civile, de la formation de l’opinion publique (public) et de la famille
(privé).
Ce schéma tripartite nous permet donc de réfléchir sur le rôle et la fonction de la société civile
dans le système politique mexicain actuel. Sous quelles conditions ou relations la société civile
est-elle un acteur social ou/et politique capable de produire des changements sociaux ? Quelle
relation doit-il exister entre la société civile et l’Etat pour que celle-ci puisse servir de
générateur et de catalyseur du changement social ?
Nous empruntons la définition de Cohen et Arato (1992 : 8) pour définir la société civile
comme
« une sphère d’interaction sociale entre l’économie et l’Etat, composée
principalement de la sphère intime (en particulier la famille), la sphère des
associations (spécialement les associations volontaires), les mouvements sociaux
et les formes de communication publique. La société civile moderne se construit à
travers des formes d’auto-constitution et d’auto-mobilisation. Elle
s’institutionnalise et se généralise à travers des lois et spécialement des droits
objectifs qui stabilisent la différentiation sociale. S’il est vrai que les dimensions
auto-créative et institutionnalisée de la société civile peuvent exister séparément,
à long terme, la reproduction de la société civile exige à la fois l’action
indépendante et l’institutionnalisation».
49 Arato A., From Neo-Marxism to Democratic Theory, New York ; M. E. Sharpe, 1993. Citée dans (Alonso
Tejada, 1998 : 42).
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