Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Après les longues minutes que dura la traversée, il atteignit<br />
le quatrième niveau des Enfers. Le garçon fut heureux de<br />
trouver en bordure de la rivière ses deux gourdes d’eau de la<br />
fontaine de Jouvence. Il voulut en boire, mais constata qu’elles<br />
étaient gelées. Tout à coup, le Phlégéthon se referma derrière lui<br />
et le laissa les deux pieds dans la neige. Ce nouvel enfer était un<br />
enfer glacé !<br />
* * *<br />
Dans plusieurs cultures, majoritairement nordiques, l’enfer<br />
est représenté comme une perpétuelle tempête de neige où le<br />
gel brûle la peau blanchâtre des damnés. Le froid s’attaque au<br />
corps en ralentissant la circulation du sang pour figer dans la<br />
douleur les doigts et les orteils. Ces gelures entraînent la lente<br />
destruction des tissus qui se fendillent et font tomber le nez ou<br />
les oreilles. L’activité métabolique ne pouvant compenser la<br />
perte de chaleur du corps, il s’ensuit une détérioration qui<br />
s’accompagne de frissons constants et d’horribles claquements<br />
de dents.<br />
Dans l’impossibilité de se construire un abri ou encore de<br />
faire du feu, les âmes condamnées à l’enfer de glace se voient<br />
constamment exposées à la rudesse du vent, au froid de la neige<br />
et à l’implacable rigueur de la température. Couverts de plaques<br />
blanches, ces prisonniers du gel errent dans le quatrième niveau<br />
des Enfers à la recherche d’un peu de chaleur pour apaiser leurs<br />
souffrances.<br />
C’est dans ces conditions extrêmes que le porteur de<br />
masques poursuivit sa route vers l’inconnu. Contrairement aux<br />
damnés impuissants à lutter contre ces rigueurs, <strong>Amos</strong> avait<br />
dans son sang la puissante magie du feu qui, de pas en pas,<br />
réussissait à faire fondre la neige autour de lui. Complètement<br />
immunisé contre le froid, son corps était même parvenu à faire<br />
dégeler l’eau dans ses deux gourdes.<br />
Çà et là, dans le paysage blanc et bleu, les damnés, comme<br />
des bateaux à la dérive, avançaient en grelottant. Ces pauvres<br />
esprits, de la neige parfois jusqu’à la taille, frissonnaient de<br />
toute leur âme. Certains avaient les cheveux et la barbe<br />
complètement glacés alors que d’autres, presque nus, pleuraient<br />
des larmes de givre. Des femmes, moins nombreuses, restaient<br />
72