Guide à l'usage des concepteurs - Council of Europe

56 Chapitre 7
« parfaits » qui utilisent régulièrement leurs langues ? Et que dire de ceux qui vivent dans une situation
de diglossie où les dialectes et les langues standards sont utilisés à tour de rôle chacun dans un but
précis ? Doivent-ils, eux aussi, décrire leurs capacités ? – Comme le font remarquer les auteurs du PEL
de Rhénanie du Nord - Westphalie, il se pourrait qu’il soit important de faire savoir sa compétence en
langue maternelle parce qu’un PEL peut avoir cours dans des régions où l’on ne parle pas cette langue
(par exemple l’allemand en France). Mais la question se pose de savoir en quels termes, et en référence à
quel système, il faut décrire cette compétence. Les descripteurs sur lesquels se fondent les Niveaux
communs de référence ont été élaborés avec la participation d’enseignants et d’apprenants de langues
étrangères ; ils n’ont pas été faits sur mesure pour des locuteurs natifs. Des niveaux de référence pour
locuteurs natifs restent encore à concevoir. C’est pour cette raison qu’il n’y a pas de base pour classer les
compétences en langue maternelle dans le cadre des niveaux du Conseil de l’Europe. En ce qui concerne
le projet du Portfolio européen des langues, on a mis l’accent jusqu’ici sur les autres langues que connaît
un individu, mais il semble qu’il reste encore à définir une pratique commune relative à la (aux)
langue(s) maternelle(s) de l’apprenant.
A cause d’une connaissance insuffisante de la langue locale, certains utilisateurs potentiels peuvent ne
pas être du tout en mesure d’utiliser un PEL non disponible dans leur langue maternelle ou dans toute
autre langue qui leur soit familière. Ce sera le cas notamment de nombreux migrants non intégrés. Or
l’apprentissage langagier (et interculturel) et la capacité à prouver ses compétences sont essentiels pour
nombre d’entre eux. C’est la raison pour laquelle ils devraient constituer les groupes cibles les plus
importants des concepteurs du PEL. Au cours de la période expérimentale, aucun PEL n’a été conçu
spécialement pour des migrants n’ayant pas de bagage langagier suffisant pour en utiliser un dans sa
version locale. Il reste encore à monter l’expérience. Les concepteurs de Portfolios qui visent (aussi) ce
groupe cible doivent tenir compte des points suivants, en particulier :
• Doit-on concevoir des Portfolios en plusieurs des langues des migrants, et lesquelles ?
• Quels éléments seront dans la langue du migrant seulement, quelles parties seront plurilingues ?
• S’il n’existe pas de traductions, quelle sorte d’aide les détenteurs du Portfolio recevront-ils ?
Les concepteurs de Portfolios pour migrants ont toute chance de devoir faire face également à d’autres
problèmes linguistiques relatifs à leurs caractéristiques sociales : selon leur milieu culturel et éducatif,
certains migrants peuvent ne pas souhaiter apporter d’information à ce sujet ni à celui de leurs capacités
et de leurs expériences, d’autres risquent de ne pas comprendre les tâches liées à l’auto-évaluation sans
être aidés parce qu’ils ne l’ont jamais fait, etc. En fait, les concepteurs de Portfolios doivent s’attendre à
ce que surgisse ce type de difficultés chaque fois qu’un PEL est créé pour être utilisé avec de nombreux
groupes différents d’utilisateurs.
7.5. L’utilisation de symboles
On utilise souvent des symboles pour accompagner le nom des rubriques. Ils facilitent le parcours dans le
document et peuvent aider lorsqu’il n’y a pas de titres en plusieurs langues ou de traductions.
Comme dans la plupart des Portfolios, on utilise des icônes dans le Passeport de langues standard pour
symboliser les différentes capacités.
Le style de ces symboles dépend largement de l’âge du groupe visé par le PEL. Dans les Portfolios pour
jeunes apprenants, en particulier, les symboles et les illustrations sont un moyen important de rendre le
document plus vivant et plus attrayant.