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Grégoire le Grand : 40 homélies sur les évangiles - Kerit

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<strong>le</strong> serviteur fidè<strong>le</strong> est établi <strong>sur</strong> beaucoup, lorsqu’ayant <strong>sur</strong>monté toutes <strong>le</strong>s misères de notre<br />

nature corrompue, il jouit du bonheur éternel dans la gloire du séjour cé<strong>le</strong>ste. Et il pénètre tout<br />

entier dans la joie de son Maître, quand, admis dans la patrie éternel<strong>le</strong> et associé aux chœurs des<br />

anges, il goûte intérieurement la joie de la récompense, sans que plus rien de corruptib<strong>le</strong> puisse <strong>le</strong><br />

faire souffrir extérieurement.<br />

3. Quant au serviteur qui n’a pas voulu faire fructifier son ta<strong>le</strong>nt, il revient à son maître<br />

avec des paro<strong>le</strong>s d’excuse : «Seigneur, je savais que tu es un homme dur, qui moissonnes où tu<br />

n’as pas semé, et qui ramasses où tu n’as rien répandu. J’ai eu peur, et je suis allé cacher ton<br />

ta<strong>le</strong>nt dans la terre. Voici donc ce qui t’appartient.» Il faut remarquer que ce serviteur inuti<strong>le</strong><br />

appel<strong>le</strong> son maître «un homme dur», tout en négligeant de se dévouer à son intérêt, et qu’il<br />

prétend avoir craint de dépenser <strong>le</strong> ta<strong>le</strong>nt pour en obtenir un bénéfice, alors que sa seu<strong>le</strong> crainte<br />

aurait dû être de <strong>le</strong> rapporter au maître sans bénéfice. Nombreux sont en effet <strong>le</strong>s membres de la<br />

sainte Eglise dont ce serviteur est l’image : ils redoutent de s’engager <strong>sur</strong> la voie d’une vie<br />

meil<strong>le</strong>ure, mais ils ne craignent pas de s’abandonner à <strong>le</strong>ur mol<strong>le</strong> inaction; considérant qu’ils sont<br />

pécheurs, ils ont peur d’entrer dans la voie de la sainteté, mais ils ne s’inquiètent pas de demeurer<br />

dans <strong>le</strong>urs iniquités. De tels hommes sont bien préfigurés par Pierre, qui, dans la faib<strong>le</strong>sse où il se<br />

trouvait encore, s’est écrié à la vue du mirac<strong>le</strong> des poissons : «Eloigne-toi de moi, Seigneur, car je<br />

suis un homme pécheur.» (Lc 5, 8). Mais non! si tu te considères comme pécheur, il ne faut pas<br />

repousser <strong>le</strong> Seigneur loin de toi! Et pourtant, ceux qui, se sachant faib<strong>le</strong>s, ne veu<strong>le</strong>nt pas<br />

s’engager dans la voie d’une plus grande vertu, ou dans cel<strong>le</strong> qui mène au sommet d’une vie plus<br />

droite, font comme s’ils s’avouaient pécheurs, tout en repoussant <strong>le</strong> Seigneur; ils fuient celui qu’ils<br />

auraient dû sanctifier en eux; dans <strong>le</strong>ur troub<strong>le</strong>, <strong>le</strong> bon sens <strong>le</strong>ur fait défaut : ils sont en train de<br />

mourir, et ils ont peur de la Vie.<br />

D’où la réponse faite aussitôt au mauvais serviteur : «Serviteur méchant et paresseux, tu<br />

savais que je moissonne où je n’ai pas semé, et que je ramasse où je n’ai rien répandu. Il te fallait<br />

donc porter mon argent aux banquiers, et en revenant, j’aurais retiré ce qui m’appartient avec un<br />

intérêt.» Le serviteur se voit lié par ses propres paro<strong>le</strong>s quand son maître lui affirme : «Je récolte<br />

où je n’ai pas semé, et je ramasse où je n’ai rien répandu.» C’est comme s’il disait clairement : «Si,<br />

à t’en croire, je réclame même ce que je n’ai pas donné, combien plus te réclamerai-je ce que je<br />

t’ai donné à faire valoir; il te fallait donc porter mon argent aux banquiers, et en revenant, j’aurais<br />

retiré ce qui m’appartient avec un intérêt.» Porter son argent aux banquiers, c’est accorder la<br />

science de sa prédication à ceux qui sont capab<strong>le</strong>s de la mettre en pratique.<br />

4. Vous voyez, frères très chers, <strong>le</strong> péril où nous nous mettrions si nous conservions pour<br />

nous <strong>le</strong>s richesses du Seigneur; eh bien, considérez vous-mêmes avec soin <strong>le</strong> danger que vous<br />

courez, puisqu’on vous redemandera avec u<strong>sur</strong>e ce que vous entendez. Par l’u<strong>sur</strong>e, on rentre en<br />

possession de plus d’argent qu’on n’en avait donné. En effet, en plus de ce que <strong>le</strong> débiteur avait<br />

reçu, il rend ce qu’il n’avait pas reçu. Pensez donc bien, frères très chers, que vous aurez à vous<br />

acquitter avec u<strong>sur</strong>e de cet argent de la paro<strong>le</strong> que vous avez reçu, et appliquez-vous pour cela à<br />

comprendre ce que vous n’entendez pas dire à partir de ce que vous entendez, de tel<strong>le</strong> sorte que<br />

déduisant l’un de l’autre, vous appreniez à accomplir de vous-mêmes ce que vous n’avez pas<br />

encore appris de la bouche du prédicateur.<br />

Quant au serviteur paresseux, écoutons de quel<strong>le</strong> sentence il est frappé : «Otez-lui ce<br />

ta<strong>le</strong>nt, et donnez-<strong>le</strong> à celui qui en a dix.»<br />

5. Cet unique ta<strong>le</strong>nt repris au mauvais serviteur, il paraissait plus indiqué de <strong>le</strong> donner à<br />

celui qui en avait reçu deux qu’à celui qui en avait reçu cinq. On devait en effet <strong>le</strong> donner plutôt à<br />

celui qui avait moins qu’à celui qui avait plus. Mais comme nous l’avons dit précédemment, <strong>le</strong>s<br />

cinq ta<strong>le</strong>nts désignent <strong>le</strong>s cinq sens, c’est-à-dire la science des choses extérieures, alors que <strong>le</strong>s<br />

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