MIROIR ET CONNAISSANCE DANS LA POÉSIE DES TANG ... - AFEC

44 F. HU-STERK
On ne trouve ni culte ni «idéalisation» de la femme
dans la poésie chinoise du miroir sous les Tang; seulement
une éternelle attente, soumise et toute silencieuse :
Mon visage, hélas, n'a plus sa £p fe £ J£. ^ %J#.
beauté d'an tan;
Je peins mes sourcils et vous %fà $3 il fâ%s^
attends... 54
Le miroir spirituel
Le Parfait use de son esprit comme d'un
miroir : il ne reconduit pas les choses, ni
ne va au devant d'elles; il y répond sans
les retenir.
Zhuangzi, VII, F.
Miroir d'identité et miroir d'altérité se retrouvent dans
le miroir spirituel, puisqu'en le scrutant, c'est par excellence
une reconnaissance intime de l'Autre qui s'opère.
Dès la plus haute antiquité, en Chine, le miroir a
toujours été un attribut divin. Cercle parfait, symbole du
principe transcendental, c'est un objet qui permet de
révéler la relation que chacun entretient avec l'Un et le
Multiple, le Dedans et le Dehors. L'osmose se fait naturellement
entre le miroir et le cœur; la plongée du regard
dans le miroir devient voyage intérieur et spirituel 55 .
La tradition taoïste a joué un rôle dominant dans la
formation littéraire de cette image. Zhuangzi, pour illustrer
l'impassibilité et le désintéressement du sage taoïste,
recourt souvent à l'image du miroir comparé à une eau
dormante :
Ce n'est point dans l'eau courante que se mirent les hommes,
mais dans l'eau immobile : elle seule, de par son arrêt, est
capable d'arrêter tous ceux qui s'y arrêtent [pour se mirer en
elle]... 56
En outre, cette eau est claire et offre un juste reflet :