MIROIR ET CONNAISSANCE DANS LA POÉSIE DES TANG ... - AFEC

46 F. HU-STERK
plus souvent associé. Parfois il redevient une eau qui
déborde de son coffret, comme dans ce poème de Xue
Feng où un paysan, craignant les mauvais sorts après
avoir déterré un miroir, le vend à un certain Lingtai qui
assiste à des faits étranges :
Un étang de cent pieds s'installe
dans sa demeure,
L'eau déborde du coffret comme un
jade qu'on verserait.
Les enfants n'osent en regarder
la profondeur et la pureté,
Sur tous elle jette un éclat froid
et l'on ne peut approcher.
On craint réellement que foudre
et tonnerre ne sortent
de cet étang! 62
Ces détails de l'ordre du fantastique ont leur origine
dans plusieurs traités du taoïsme religieux où le miroir
jouait un rôle tantôt concret, tantôt purement mental. Il
s'agissait de faire apparaître des divinités que l'on interrogeait
sur l'avenir 63 .
En outre, le miroir possède le pouvoir d'écarter les
mauvaises influences et d'effrayer les esprits. Les inscriptions
gravées au revers des miroirs en bronze attestent
leur rôle de talisman contre les dangers 64 . De là
vient la coutume d'accrocher des miroirs à l'extérieur des
maisons afin d'écarter les influences néfastes.
C'est dans cette optique qu'il convient de lire ces
vers du moine Ruoxu :
Soudain l'on ouvre le coffret du g 1*7 V fâ *$]& fè
miroir : le Phénix prend vie.
On le fixe à son support : les £ ifc fë]ffi %A^^
esprits et les dieux
prennent peur 65 .