Mise en page 1 - Algérie news quotidien national d'information
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22<br />
> C U L T U R E<br />
AGENDA<br />
CULTUREL<br />
Cinémathèque<br />
algéri<strong>en</strong>ne<br />
Jusqu’au 29 novembre : Cycle<br />
cinématographique espagnol « Ciné<br />
<strong>en</strong> construction ». Aujourd’hui à<br />
13h30 : projection du long-métrage<br />
« Par ses propres yeux » de Beatriz<br />
Liliana Paolinelli. A 17h : « L’arbre »<br />
de Carlos Serrano Azcona.<br />
Salle Cosmos<br />
Jusqu’au 29 novembre : Le festival<br />
« Zik boom », concerts de rock pour<br />
<strong>en</strong>fants.<br />
Ibn Zeydoun<br />
- Le 27, 28 et 29 novembre à 19h : La<br />
comédie musicale « Barbès Café »,<br />
chants de l’immigration maghrébine.<br />
- Du 1er au 31 décembre : Projection<br />
du dernier James Bond « Skyfall » à<br />
raison de trois séances<br />
quotidi<strong>en</strong>nes, 13h, 16h et 19h.<br />
IFA<br />
Jusqu’au 17 décembre : Exposition<br />
« Instant prés<strong>en</strong>t » de Souhila<br />
Belbahar à l’Institut français d’Alger.<br />
IFO<br />
Jusqu’au 30 novembre : Exposition<br />
collective « El-Maïda Design ».<br />
MAMA<br />
Jusqu’au 10 février 2013 : Exposition<br />
« Traversée de la mémoire » de<br />
Lazhar Hakkar.<br />
Inc<strong>en</strong>die de la librairie «AMF»<br />
Bi<strong>en</strong> plus qu’un<br />
cambriolage !<br />
Souv<strong>en</strong>ez-vous : c’était au petit matin de l’Aïd El Kebir. La librairie «AMF» située à la<br />
cité des Bananiers El-Mohammadia, était la cible d’un inc<strong>en</strong>die criminel qui l’a<br />
complètem<strong>en</strong>t ravagée.<br />
Il semble que les librairies <strong>en</strong> <strong>Algérie</strong> ne<br />
sont pas uniquem<strong>en</strong>t victimes des fins<br />
de bail cupides et des reconversions vulgaires<br />
<strong>en</strong> fast-food ou autres commerces<br />
«r<strong>en</strong>tables». Cette fois-ci, c’est le feu qui a<br />
dévoré ce lieu de savoir où une main criminelle<br />
est parv<strong>en</strong>ue à détruire tout un patrimoine<br />
livresque <strong>en</strong> l’espace de quelques<br />
minutes. Créée par Fateh Agrane <strong>en</strong> 2002,<br />
«AMF» était la seule librairie de la cité des<br />
Bananiers. Unique source de rev<strong>en</strong>us de son<br />
propriétaire, elle proposait égalem<strong>en</strong>t un<br />
rayon papeterie pour comp<strong>en</strong>ser le manque<br />
d’<strong>en</strong>gouem<strong>en</strong>t, dev<strong>en</strong>u anecdotique, pour le<br />
livre.<br />
Dans la nuit du 25 au 26 octobre, elle a<br />
fait l’objet d’une <strong>en</strong>trée par effraction soldée<br />
par un inc<strong>en</strong>die criminel. La totalité des<br />
ouvrages a été brûlée, le local <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t<br />
ravagé et la caisse vidée de son cont<strong>en</strong>u. Une<br />
plainte a été immédiatem<strong>en</strong>t déposée, suivie<br />
d’une prés<strong>en</strong>tation devant le procureur<br />
général le 30 octobre. Le dossier a été confié<br />
au juge d’instruction du tribunal d’El-<br />
Harrach qui a auditionné deux suspects mis<br />
sous mandat de dépôt. L’affaire n’a pas évolué<br />
depuis ce jour et Agrane, contacté par<br />
nos soins, nous fait part de son intime<br />
conviction qu’il s’agit d’un groupe de malfaiteurs<br />
dont la plupart sont <strong>en</strong> fuite. Les<br />
bruits qui cour<strong>en</strong>t dans le quartier parl<strong>en</strong>t<br />
du fils d’un terroriste abattu, mais ce sont<br />
pour l’heure que des présomptions qui ne<br />
tarderai<strong>en</strong>t pas à être confirmées ou infirmées<br />
par l’<strong>en</strong>quête <strong>en</strong> cours.<br />
Ce qui est certain est que cette ignoble<br />
agression est loin d’être un simple cambriolage<br />
puisque le butin qui aurait été emporté<br />
par les auteurs du crime n’est nullem<strong>en</strong>t<br />
conséqu<strong>en</strong>t, comme l’affirme M. Agrane.<br />
De plus, l’inc<strong>en</strong>die ne semble avoir pour but<br />
que de détruire la librairie car « s’il s’agissait<br />
d’un vol ordinaire, les auteurs aurai<strong>en</strong>t pu<br />
partir avec le maigre butin sans mettre le<br />
feu au local». Plus étrange <strong>en</strong>core : la bijou-<br />
ALGERIE NEWS Lundi 26 novembre 2012<br />
terie située près de la librairie n’a nullem<strong>en</strong>t<br />
été inquiétée alors que c’est c<strong>en</strong>sé être le<br />
g<strong>en</strong>re de commerce visé par les cambriolages.<br />
Un autre détail troublant : M. Agrane a<br />
déposé une plainte <strong>en</strong> août dernier suite à<br />
une autre agression, celle d’un jeune<br />
homme du quartier qui avait cassé la vitrine<br />
de la librairie. Sil<strong>en</strong>ce radio du côté des services<br />
de police qui n’ont pas transmis la<br />
plainte au procureur de la République.<br />
Or, cette affaire a été déterrée au l<strong>en</strong>demain<br />
de l’inc<strong>en</strong>die, c'est-à-dire deux mois<br />
plus tard ! Pour le cas qui nous intéresse,<br />
Fateh Agrane dit n’avoir jamais fait l’objet<br />
d’intimidation ou de m<strong>en</strong>aces : « Je v<strong>en</strong>ds<br />
toute sorte de livres, allant du Coran à Karl<br />
Marx ! ». Il déplore cep<strong>en</strong>dant que sa librairie<br />
ait été abandonnée aux flammes alors<br />
qu’elle est située « à 50 mètres d’un poste de<br />
police », d’autant plus que l’infraction « a<br />
occasionné un bruit assourdissant selon les<br />
témoignages des g<strong>en</strong>s du quartier, un bruit<br />
qui aurait dû alarmer les services de sécurité<br />
du voisinage ». Par ailleurs, un collectif de<br />
souti<strong>en</strong> a été créé pour v<strong>en</strong>ir <strong>en</strong> aide à M.<br />
Agrane pour la remise sur pied de sa librairie<br />
: « J’ai reçu plusieurs dons d’ouvrages et<br />
de sommes d’arg<strong>en</strong>t grâce à la mobilisation<br />
d’amis et de passionnés du livre. Etant<br />
donné qu’une librairie relève aujourd’hui<br />
de l’ordre de la d<strong>en</strong>rée rare, je suis plus que<br />
jamais décidé à relancer la mi<strong>en</strong>ne » Dans<br />
l’att<strong>en</strong>te de la réouverture, il est prévu égalem<strong>en</strong>t<br />
l’organisation d’une activité littéraire<br />
sur les lieux même de l’inc<strong>en</strong>die.<br />
S. H.<br />
« Barbès Café » prés<strong>en</strong>té à Tizi-Ouzou<br />
Chanter l’exil pour ne pas ne mourir !<br />
Les cafés de Barbès qui s’illuminai<strong>en</strong>t<br />
chaque nuit dans les années 1940-1960<br />
à Paris, ont rouvert leurs portes samedi<br />
dernier au théâtre régional de Tizi Ouzou.<br />
Au m<strong>en</strong>u : musiques, chants et danses de ces<br />
immigrés partis pour nourrir leurs familles,<br />
ne sachant pas qu’ils allai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>trer dans la<br />
lég<strong>en</strong>de ! On était un peu plus de 500 personnes,<br />
<strong>en</strong>tre artistes et curieux, jeunes et<br />
septuagénaires, partageant l’euphorie d’un<br />
spectacle sublimissime, racontant l’histoire<br />
de deux rives qui s’épous<strong>en</strong>t parfaitem<strong>en</strong>t,<br />
<strong>en</strong> culture et <strong>en</strong> architecture, <strong>en</strong> poésie et <strong>en</strong><br />
peinture, <strong>en</strong> musique et <strong>en</strong> amour mais dont<br />
l’histoire reste à définir ! A 15h30, la<br />
patronne, Lucette offre une tournée aux<br />
convives et nous raconte sa passion pour<br />
Mouloud. Elle est non seulem<strong>en</strong>t t<strong>en</strong>ancière<br />
de bistrot mais aussi « liseuse » des lettres<br />
v<strong>en</strong>ues du pays. Lui, est comme une missive<br />
perdue à Paris, sans adresse et sans expéditeur…<br />
On vit alors le couple dev<strong>en</strong>ir factice,<br />
devant l’arrogance des appétits des petits<br />
v<strong>en</strong>tres !<br />
Puis on voit Slimane Azem écrire sa propre<br />
Marseillaise, « Ay Ajrad » coïncida avec<br />
le 1er Novembre, pour inscrire le verbe audelà<br />
des écritures. Il n’était qu’un petit électrici<strong>en</strong><br />
dont les ardoises ne se contai<strong>en</strong>t plus,<br />
ni ne se comptai<strong>en</strong>t car le temps des cerises<br />
fut annoncé par une valse parisi<strong>en</strong>ne, un<br />
journal télévisé, que Lucette nous dépoussière<br />
pour raconter l’émoi des hommes<br />
devant l’histoire !<br />
Autour du comptoir livide et convivial, se<br />
t<strong>en</strong>ait Salah Gaoua coiffé de son béret basque.<br />
Sur ce comptoir de fortune, même l’eau<br />
fraîche fait grâce à l’ivresse des émotions. Il<br />
y eut à la fois des rires et des larmes, des<br />
confid<strong>en</strong>ces et bi<strong>en</strong> sûr des ardoises ! Mais le<br />
meilleur était là : une guitare qui rythmait<br />
les t<strong>en</strong>dances, des Tamtams et percussions<br />
qui nous font valser <strong>en</strong>tre la Bossanova et les<br />
rythmes jazz-latino… Sans oublier cette<br />
touche électrique qui rappelle les harmoniques<br />
d’un véritable G3, cette basse flottante<br />
qui n’a ri<strong>en</strong> à <strong>en</strong>vier à Roger Waters, cette<br />
flute traversière dont les airs racont<strong>en</strong>t les<br />
journées de nos chèvres broutant l’herbe<br />
fraîche de nos montagnes…<br />
Ensuite, la diva fait son <strong>en</strong>trée : Samira<br />
Brahmia qui, avec son énergie incomm<strong>en</strong>-<br />
surable, revêt le caftan de Fadila Edziria et<br />
nous montre toute la fidélité des femmes de<br />
la Casbah à l’élu de leurs cœurs. « Barbès<br />
Café », prés<strong>en</strong>té samedi au théâtre régional<br />
de Tizi Ouzou, est la fresque musicale sublimant<br />
Mouloud et ses <strong>en</strong>fants, Slimane et<br />
son ballon de vin rouge, Dahmane et El-<br />
Hasnaoui qui se partageai<strong>en</strong>t le mandole<br />
selon l’inspiration, puis Lili Boniche chantant<br />
son « Alger » bi<strong>en</strong>-aimée, et Francis<br />
Jeanson qui nous disait d’une voix mélancolique<br />
: « Les temps sont difficiles », suivie<br />
de l’Elise ou la vraie vie, et <strong>en</strong>fin la voix<br />
suave et fébrile de l’insoumis Kateb<br />
Yacine…<br />
Sur un écran, on revit les événem<strong>en</strong>ts du<br />
17 Octobre 1961, on voit les porteurs de<br />
valises lutter pour une <strong>Algérie</strong> libre.<br />
L’histoire devi<strong>en</strong>t alors l’antichambre lyrique<br />
d’un spectacle époustouflant où les<br />
chansons de l’immigration maghrébine a<br />
reçu l’hommage tant att<strong>en</strong>du. R<strong>en</strong>dez-vous<br />
donné à Alger, le 27 et le 28 novembre prochains.<br />
Correspondance spéciale de :<br />
Samir Aït-Iftène