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par Nathalie Joly<br />
1 a fait fait partie des pionniers<br />
du versant français du<br />
rock and roll avec Litt<strong>le</strong> Bob<br />
Story au milieu des 70’s ; en<br />
1989, la Story s’est arrêtée mais<br />
Litt<strong>le</strong> Bob, enragé de musique,<br />
est toujours là en 1997 avec un<br />
nouvel album “Blue Story” et<br />
une nouvel<strong>le</strong> tournée en ligne<br />
de mire.<br />
Après "Losl Territories» sorti en 1993, tu sors aujourd’hui<br />
«Blue Story», peux-tu nous en par<strong>le</strong>r ?<br />
Sur <strong>le</strong>s deux albums il y a <strong>le</strong>s mêmes musiciens,<br />
j'ai mon équipe française et mes potes<br />
am éricains. Kenny Margolis, cette fois, me<br />
produit, il a dirigé <strong>le</strong>s séances en studio et joué<br />
des claviers et il y a JJ Holiday <strong>pour</strong> <strong>le</strong> côté<br />
delta blues de chez moi, dobro, slide. Le blues<br />
est là, pas dans la forme mais dans <strong>le</strong> feeling.<br />
Je pense que c ’est une suite logique, «Lost<br />
Territories» était basé davantage sur <strong>le</strong>s grands<br />
espaces, et celui-ci est plus urbain en même<br />
temps que plus intime, au niveau de ce que je<br />
dis. Maintenant, on se connaît depuis 6 ans,<br />
je m'imprègne d'eux et ils s'imprégnent de<br />
moi. Le batteur et <strong>le</strong> contrebassiste viennent<br />
du jazz, ils ne jouent pas jazz sur l'album mais<br />
il y a des trucs un peu ternaires, des trucs un<br />
peu jung<strong>le</strong>.<br />
De quoi par<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>s titres ? des thèmes dominants ?<br />
Je par<strong>le</strong> de tout ce qui m'intéresse. Par<br />
exemp<strong>le</strong>, «Devil'n’me» par<strong>le</strong> de la tentation de<br />
faire des concessions, ce que je refuse. Après<br />
c'est un titre sur Madagascar, sur mon amour<br />
<strong>pour</strong> ce pays, ce peup<strong>le</strong> qui mérite <strong>le</strong> respect<br />
et l'amour et qui se fait pil<strong>le</strong>r de plus en plus,<br />
ils ont des arbres exotiques que <strong>le</strong>s japonais<br />
coupent <strong>pour</strong> faire des échafaudages et que <strong>le</strong>s<br />
al<strong>le</strong>mands coupent <strong>pour</strong> faire du charbon de<br />
bois ; ils vendent sans penser que <strong>le</strong>ur î<strong>le</strong> va<br />
devenir une î<strong>le</strong> pelée balayée par <strong>le</strong>s tempêtes.<br />
Après, il y a “ Dust Of The Street", une chanson<br />
d’amour triste qui vient du bouquin de<br />
John Fante "Ask The Dust" qui m'a bou<strong>le</strong>versé<br />
et que j'ai essayé de traduire dans une chanson.<br />
Dans “A Shadow Over” , je dis que dans<br />
ce monde, tout est régi par <strong>le</strong> big business,<br />
l'homme est au service de l'argent au lieu du<br />
contraire, l'ombre qui s'approche, ça <strong>pour</strong>rait<br />
être des dangers comme <strong>le</strong> racisme de plus en<br />
plus grandissant. "We Ail Have A Dream" est<br />
un peu inspire de "J’ai fait un rêve” de Martin<br />
Luther King, c'est mon côté utopique mais je<br />
pense que c'est à nous aussi, <strong>le</strong>s chanteurs,<br />
d’en par<strong>le</strong>r un peu, j'y par<strong>le</strong> de liberté, de solidarité,<br />
d’égalité ; ce titre va devenir un hymne<br />
sur scène, je <strong>le</strong> sais, je l’ai déjà joué deux fois.<br />
“Sometimes I Feel", j'y raconte ma vie, quand<br />
je suis arrivé, môme, sur <strong>le</strong>s pavés mouillés du<br />
Havre dans <strong>le</strong> quartier des usines où mon père<br />
travaillait, j ’arrivais du so<strong>le</strong>il d'Italie, c ’était un<br />
peu triste ; si j'étais resté en Italie j’aurais peut-<br />
être pas eu <strong>le</strong> même cheminement, j'aurais<br />
peut-être joué au football comme professionnel<br />
bien que je sois un peu trop petit <strong>pour</strong> ça.<br />
“ If Heaven Is Full” dit que je veux rester libre,<br />
que si <strong>le</strong> paradis est p<strong>le</strong>in, je suis trop jeune<br />
INTERVIEW<br />
<strong>pour</strong> mourir et que de toutes façons j’ai mon<br />
paradis à moi. Je suis un inadapté dans <strong>le</strong><br />
monde, je <strong>le</strong> reconnais, et je ne veux pas y<br />
perdre ma fierté alors je préfère m'éloigner du<br />
show business qui, de toutes façons, s'éloigne<br />
de moi aussi.<br />
Pourquoi as-tu choisi l’anglais ?<br />
Parce que je trouve que ça sonne mieux. Je<br />
veux dire des choses dans mes chansons et,<br />
en même temps, je suis un puriste de la<br />
musique. J ’aime quand ça swingue, quand ça<br />
glisse, je sais que la langue française est une<br />
langue extraordinaire mais je ne fais pas de la<br />
littérature, je fais des chansons. Mes textes<br />
sont simp<strong>le</strong>s, on peut toujours <strong>le</strong>s traduire.<br />
Ca lait 22 ans que tu tournes, quel est <strong>le</strong> secret qui te<br />
fait garder <strong>le</strong> cap ? J'imagine que beaucoup de gens<br />
t ’ont demandé de faire des concessions ?<br />
Je suis un passionné, un amoureux de la<br />
m usique, c'est comme ça, j'aim e cette<br />
musique là et j'ai envie de prendre du plaisir<br />
avec et d’en donner. Si je ne prends pas de<br />
plaisir, je ne peux pas en donner, voilà <strong>pour</strong>quoi<br />
je n’ai pas changé de cap. Faire quelque<br />
chose simp<strong>le</strong>ment parce que c'est un métier<br />
ne me dit rien, je préférerais faire un autre<br />
boulot et continuer la musique en tant<br />
qu’amateur. Il s'est trouvé que depuis 22 ans,<br />
dix albums studio, je tiens <strong>le</strong> cap, j’ai des fans,<br />
des am is, des potes qui achètent mon disque,<br />
<strong>pour</strong> me permettre de continuer, d'évoluer...<br />
Que penses-tu du rock français actuel, toi qui en a vu<br />
plusieurs facettes ?<br />
Je suis arrivé un an avant Téléphone avec Litt<strong>le</strong><br />
Bob Story, notre premier album est sorti en<br />
mai 1 9 7 6 , c'était après la vague des Variations,<br />
Triang<strong>le</strong>, Martin Circus et Ange. Le rock<br />
français d'aujourd'hui, je pense qu'il est en<br />
p<strong>le</strong>ine forme. C'est pas forcément un rock que<br />
j'écoute chez moi, mais des mecs comme Noir<br />
Désir, c ’est évident qu'ils ont cassé la baraque<br />
et qu'ils ont des choses à dire, <strong>le</strong>s No One Is<br />
Innocent aussi, <strong>le</strong>s Silm arils aussi et FF F ; ce<br />
sont des très bons groupes qui, en plus, sont<br />
très scéniques. On dirait que tout ça est la<br />
suite logique d'une Mano Negra, même si c'est<br />
un peu plus funk, un peu plus fusion, un peu<br />
plus rap. Ce n'est pas ma musique, je suis plutôt<br />
proche de gens qui vont de Springsteen à<br />
Southside Johnny en passant par Willy DeVil-<br />
<strong>le</strong> ou Elliott Murphy ou même Calvin Russell,<br />
dans un autre genre. En français, il y a Paul<br />
Personne ou alors <strong>le</strong>s bluesmen français, Ver-<br />
beke, Benoit Blue Boy. Les groupes français<br />
aujourd’hui sont peut-être un peu plus radicaux<br />
qu’ils ne l'ont été.<br />
D’après toi, c'était plus faci<strong>le</strong> il y a 20 ans ou c ’est<br />
plus faci<strong>le</strong> aujourd’hui de chanter du rock, ici ?<br />
Si c'est du rock comme <strong>le</strong> mien, bien qu'il ait<br />
changé, c'était plus faci<strong>le</strong> il y a 2 0 ans. Il y<br />
avait tout à faire, mais c'était très excitant à<br />
cette époque là. Je ne dis pas qu'il n'y a plus<br />
rien à faire aujourd'hui car il y a toujours des<br />
vil<strong>le</strong>s où il n'y a pas de sal<strong>le</strong>s où jouer. Juste<br />
après 7 6 -7 7 , l'explosion punk, j'étais en p<strong>le</strong>in<br />
dedans, j’étais un rocker mais en même temps<br />
on jouait à Londres et il y avait Clash qui<br />
étaient là, il y avait <strong>le</strong>s Sex Pistols et on se<br />
côtoyait. Après il y a eu des émissions comme<br />
Les Enfants du Rock et Décibel qui ont démarré<br />
et d'un seul coup il y a eu <strong>le</strong> moyen de<br />
découvrir des choses. Aujourd'hui, <strong>le</strong>s moyens<br />
de diffusion sont de plus en plus restreints.<br />
Que répondrais-tu à des gens qui diraient que <strong>le</strong> rock<br />
est mort ?<br />
Je <strong>le</strong>s laisse causer, <strong>pour</strong> moi il n’est pas mort,<br />
il est dans mon coeur. Ce n'est pas forcément<br />
<strong>le</strong> même qu’en 7 7 . Sur scène, je vois des gens<br />
qui sont comme des fous, je vois la lumière et<br />
l’amour dans <strong>le</strong>urs yeux et ça me plaît. Le rock<br />
est mort <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s gros médias en France, mis<br />
à part quand il s'agit de superstars, mais l'esprit<br />
rock, je l’ai toujours, tous <strong>le</strong>s gens que j’ai<br />
cité avant ont l'esprit rock, même si <strong>le</strong>ur<br />
musique est un peu différente, l’esprit rébellion,<br />
l’esprit de "je fais ce que je veux et j'en ai<br />
rien à battre” . Le rock n'est pas mort, on l’appel<strong>le</strong><br />
comme on veut, Hardcore, Fusion, Noisy<br />
Pop, je m'en fous.<br />
As-tu déjà produit d'autres artistes ?<br />
J ’ai produit <strong>le</strong> premier Roadrunners qui étaient<br />
du Havre et un groupe qui s’appelait <strong>le</strong>s Sentinel<strong>le</strong>s<br />
mais en studio, quand tu produis, il<br />
faut garder une attention incroyab<strong>le</strong> pendant<br />
10-12 heures par jour et je ne peux pas, au<br />
bout d'un moment j'ai besoin de sortir, d'al<strong>le</strong>r<br />
faire un flipper, boire un coup, discuter un peu.<br />
Après je reviens, j'ai la tête claire mais 12<br />
heures comme ça, c'est un métier.<br />
Hiver 97