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Erdemovic - Arrêt - Opinion individuelle et dissidente de M. le ... - TPIY

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fait référence <strong>et</strong> ii) sur la jurispru<strong>de</strong>nce à laquel<strong>le</strong> el<strong>le</strong> ne fait pas référence.<br />

21. S’agissant <strong>de</strong> la jurispru<strong>de</strong>nce sur laquel<strong>le</strong> l’Accusation s’appuie, je commencerai par é<strong>le</strong>ver une<br />

objection mineure. Il est tout simp<strong>le</strong>ment faux d’avancer que <strong>le</strong>s tribunaux militaires <strong>de</strong>s Puissances<br />

occupantes auxquels <strong>le</strong> Procureur fait référence “étaient <strong>de</strong>s juridictions d’éga<strong>le</strong> autorité”<br />

constituées en vertu <strong>de</strong> la Loi n° 10 du Conseil <strong>de</strong> contrô<strong>le</strong>, qui a acquis <strong>le</strong> statut <strong>de</strong> composante du<br />

droit international coutumier. Par conséquent, il est éga<strong>le</strong>ment faux <strong>de</strong> dire que <strong>le</strong>urs décisions<br />

avaient plus <strong>de</strong> poids que cel<strong>le</strong>s prises par <strong>le</strong>s juridictions nationa<strong>le</strong>s sur la question qui nous<br />

occupe 19 . Contrairement à ce qu’avance l’Accusation, <strong>le</strong>s trois tribunaux militaires britanniques ont<br />

été établis en vertu du Décr<strong>et</strong> royal du 14 juin 1945 <strong>et</strong> du Règ<strong>le</strong>ment pour <strong>le</strong> procès <strong>de</strong>s criminels <strong>de</strong><br />

guerre qui se trouve en annexe <strong>de</strong> ce texte 20 . Il en décou<strong>le</strong> qu’ils avaient <strong>le</strong> statut <strong>de</strong> juridiction<br />

nationa<strong>le</strong>. De même, <strong>le</strong> tribunal militaire canadien qui a jugé l’affaire Hölzer <strong>et</strong> consorts. a été établi<br />

en vertu <strong>de</strong>s War Crimes Regulations (Canada) 21 <strong>et</strong> re<strong>le</strong>vait éga<strong>le</strong>ment, par conséquent, <strong>de</strong> la<br />

juridiction nationa<strong>le</strong>. Les tribunaux britanniques <strong>et</strong> canadien ont appliqué <strong>le</strong>ur propre droit interne<br />

aux questions qui n’étaient pas abordées par <strong>le</strong> droit pénal international, tel<strong>le</strong> que cel<strong>le</strong> <strong>de</strong> la<br />

contrainte 22 . À l’inverse, <strong>le</strong> Tribunal militaire II <strong>de</strong>s États-Unis, qui siégeait à Nuremberg - qui a<br />

entendu l’affaire Einsatzgruppen - a été créé en vertu <strong>de</strong> la Loi n° 10 du Conseil <strong>de</strong> contrô<strong>le</strong> . Ainsi,<br />

parmi <strong>le</strong>s Tribunaux cités, c’est celui-là seul qui peut être considéré comme ayant un caractère<br />

international - du moins pour ce qui est <strong>de</strong> ses origines . De plus, pour ce qui est <strong>de</strong>s questions qui<br />

ne sont pas couvertes par c<strong>et</strong>te Loi , ce tribunal a appliqué <strong>le</strong> droit al<strong>le</strong>mand (<strong>le</strong> droit <strong>de</strong>s accusés) en<br />

plus <strong>de</strong> se référer au droit soviétique (<strong>le</strong> droit couvrant <strong>le</strong> territoire où la plupart <strong>de</strong>s crimes avaient<br />

été commis, ou <strong>le</strong>x loci <strong>de</strong>lici commissi).<br />

22. Cependant, mon objection principa<strong>le</strong> est qu’un examen attentif <strong>de</strong>s affaires en question (j’ai<br />

consulté <strong>le</strong>s documents originaux au British Public Record Office à Kew, Richmond) révè<strong>le</strong> qu’el<strong>le</strong>s<br />

ont été interprétées <strong>de</strong> façon erronée par l’Accusation .<br />

Pour <strong>le</strong>s affaires militaires britanniques, l’Accusation avance que la jurispru<strong>de</strong>nce établie dans<br />

l’affaire Jepsen - qui, en principe, acceptait la notion <strong>de</strong> contrainte dans <strong>le</strong>s cas <strong>de</strong> violations du droit<br />

humanitaire impliquant <strong>le</strong> meurtre - a, par la suite, été remplacée par la jurispru<strong>de</strong>nce établie dans<br />

<strong>le</strong>s affaires Stalag Luft III <strong>et</strong> Feurstein <strong>et</strong> consorts. Ainsi que je vais <strong>le</strong> démontrer , ce n’est<br />

absolument pas <strong>le</strong> cas. L’affaire Stalag Luft III perm<strong>et</strong>tait éga<strong>le</strong>ment d’invoquer la contrainte<br />

comme argument <strong>de</strong> défense dans <strong>le</strong> cas <strong>de</strong> meurtre. Pour ce qui est <strong>de</strong> Feurstein <strong>et</strong> consorts,<br />

l’opinion du Judge-Advocate sur la contrainte était une opinion inci<strong>de</strong>nte puisqu’aucun <strong>de</strong>s accusés<br />

ne l’a invoquée comme argument <strong>de</strong> défense.<br />

23. Ainsi que <strong>le</strong> Procureur l’a reconnu, l’affaire Jepsen 23 illustre l’argument selon <strong>le</strong>quel la<br />

contrainte peut être invoquée comme argument <strong>de</strong> défense même dans <strong>le</strong>s cas qui impliquent <strong>le</strong><br />

meurtre d’innocents. C<strong>et</strong>te affaire avait trait au meurtre <strong>de</strong> six prisonniers par Jepsen, un danois qui<br />

travaillait comme gar<strong>de</strong> dans un camp <strong>de</strong> concentration al<strong>le</strong>mand. En avril 1945, alors que <strong>le</strong>s<br />

troupes Alliées approchaient, <strong>le</strong>s autorités al<strong>le</strong>man<strong>de</strong>s ordonnèrent que <strong>le</strong>s prisonniers soient<br />

transférés dans un autre camp. Les prisonniers qui en avaient la force <strong>de</strong>vaient se déplacer à pied,<br />

ceux qui étaient mala<strong>de</strong>s en train. Jepsen était l’un <strong>de</strong>s gar<strong>de</strong>s qui escortaient <strong>le</strong> train. Au cours du<br />

transfert, il y eut plusieurs raids aériens <strong>et</strong> <strong>de</strong> nombreux prisonniers moururent, souvent <strong>de</strong> maladie<br />

ou <strong>de</strong> faim. À un certain moment, l’ordre fut donné d’abattre 52 prisonniers qui étaient toujours en<br />

vie pour “éviter <strong>le</strong> typhus”. Jepsen pris part à c<strong>et</strong> acte en abattant six prisonniers. En dépit du fait<br />

que, dans sa déclaration sous serment, il n’ait pas parlé <strong>de</strong> contrainte 24 , au cours du procès puis<br />

avant que la sentence ne soit rendue il déclara que l’Obermaat al<strong>le</strong>mand Engelmann , qui avait<br />

donné l’ordre <strong>de</strong> tuer tous <strong>le</strong>s prisonniers, l’avait forcé à tirer sur <strong>le</strong>s prisonniers en <strong>le</strong> menaçant <strong>de</strong><br />

son arme 25 . Son Conseil <strong>de</strong> la défense invoqua entre autres dans sa plaidoirie l’état <strong>de</strong> nécessité<br />

(Notstand) tel que prévu à la Section 54 du Co<strong>de</strong> pénal al<strong>le</strong>mand 26 . Le Judge-Advocate, dans son

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