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Erdemovic - Arrêt - Opinion individuelle et dissidente de M. le ... - TPIY

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avait été accusé par <strong>le</strong> Procureur <strong>de</strong> crime contre l'humanité pour l'homici<strong>de</strong> volontaire (Totschlag)<br />

<strong>de</strong> Salvini. Comme <strong>le</strong> Conseil <strong>de</strong> la défense avait plaidé la contrainte, la Cour décida <strong>de</strong> vérifier quel<br />

droit était applicab<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> exclut tout d'abord la possibilité d'appliquer simp<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> droit pénal<br />

al<strong>le</strong>mand. Puisque la Cour agissait en vertu <strong>de</strong> la Loi n° 10 du Conseil <strong>de</strong> contrô<strong>le</strong> <strong>et</strong> que c<strong>et</strong>te Loi<br />

constituait en substance un élément <strong>de</strong> droit international , la Cour souligna que la solution résidait<br />

dans ce texte <strong>de</strong> loi en particulier. El<strong>le</strong> élabora alors un raisonnement comp<strong>le</strong>xe <strong>et</strong> tortueux qui peut<br />

être résumé comme suit. Premièrement, <strong>le</strong> Statut <strong>et</strong> <strong>le</strong> jugement du Tribunal militaire international<br />

<strong>de</strong> Nuremberg ainsi que la Loi n° 10 du Conseil <strong>de</strong> contrô<strong>le</strong>, tout en excluant <strong>le</strong>s ordres émanant <strong>de</strong><br />

supérieurs comme moyen <strong>de</strong> défense, n'excluaient pas l'argument <strong>de</strong> l'état <strong>de</strong> nécessité.<br />

Deuxièmement, puisque, cependant, aucune rég<strong>le</strong>mentation portant sur <strong>le</strong> contrainte ne figurait dans<br />

ce droit, il fallait avoir recours aux principes généraux du droit pénal <strong>de</strong>s quatre Puissances alliées<br />

qui avaient adopté la Loi. Leur examen montra que <strong>le</strong> droit appliqué en Europe <strong>et</strong> dans <strong>le</strong>s pays<br />

anglo -saxons n'excluait pas la contrainte comme excuse pour <strong>le</strong>s subordonnés répondant à <strong>de</strong>s<br />

ordres <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs supérieurs. Cependant, <strong>le</strong> droit anglo-saxon excluait la contrainte en tant que cause<br />

exonératoire dans <strong>le</strong> cas <strong>de</strong> crimes très graves <strong>et</strong> exigeait dans <strong>de</strong> tels cas l'"auto-sacrifice".<br />

Troisièmement, néanmoins, ni la l<strong>et</strong>tre ni l'esprit <strong>de</strong> la Loi ne reprenaient <strong>le</strong>s orientations angloaméricaines.<br />

Ce point fut confirmé par <strong>le</strong>s travaux préparatoires (Entstehungsgeschichte) <strong>de</strong> la Loi.<br />

Il apparaissait clairement que "l'attitu<strong>de</strong> restrictive" (einschränken<strong>de</strong> Stellungnahme) du droit angloaméricain<br />

n'était ni reconnue, ni r<strong>et</strong>enue par <strong>le</strong> droit international . Quatrièmement, ne disposant<br />

d'aucune indication en droit international sur <strong>le</strong>s principes juridiques régissant la contrainte, à<br />

l'exception du fait que la position anglo-américaine n'était pas r<strong>et</strong>enue, un tribunal ne pouvait<br />

appliquer que <strong>le</strong>s " règ<strong>le</strong>s généra<strong>le</strong>ment reconnues <strong>de</strong> droit pénal". En partant du principe que <strong>le</strong>s<br />

limites restrictives du droit anglo-américain, n'étant généra<strong>le</strong>ment pas reconnues, <strong>de</strong>vaient être<br />

écartées, ces règ<strong>le</strong>s généra<strong>le</strong>ment reconnues prévoyaient que la contrainte était recevab<strong>le</strong> chaque<br />

fois qu'il existait une menace grave, imminente <strong>et</strong> inévitab<strong>le</strong> d'atteinte à la vie ou à l'intégrité<br />

physique d'une personne. Cinquièmement, c<strong>et</strong>te règ<strong>le</strong> était conforme aux dispositions péna<strong>le</strong>s<br />

pertinentes du droit al<strong>le</strong>mand (sections 52 <strong>et</strong> 54 du Co<strong>de</strong> pénal al<strong>le</strong>mand) 87 . La Cour appliqua alors<br />

<strong>le</strong> concept <strong>de</strong> contrainte à l'affaire dont el<strong>le</strong> était saisie <strong>et</strong> conclut que K. avait agi sous une menace<br />

<strong>de</strong> mort. Il fut donc acquitté 88 .<br />

Une autre affaire jugée en vertu <strong>de</strong> la Loi n° 10 du Conseil <strong>de</strong> contrô<strong>le</strong> portait sur <strong>de</strong>s crimes contre<br />

l'humanité ayant revêtu la forme d'euthanasie réalisée sur <strong>de</strong>s Al<strong>le</strong>mands (affaire M. <strong>et</strong> consorts). Un<br />

certain nombre <strong>de</strong> personnes avaient été accusées d'avoir participé à la mise en place du programme<br />

dit "d'euthanasie " appliqué en 1939-1940 dans certaines régions <strong>de</strong> l'Al<strong>le</strong>magne. La plupart <strong>de</strong>s<br />

accusés furent déclarés coupab<strong>le</strong>s. Cinq d'entre eux avaient plaidé la contrainte. La Cour d'assises <strong>de</strong><br />

Tübingen, saisie <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te affaire, remarqua tout d'abord dans sa décision du 5 juill<strong>et</strong> 1949 que "selon<br />

l'opinion dominante, dont il n'y a aucune raison <strong>de</strong> s'écarter, éga<strong>le</strong>ment dans <strong>le</strong> cas <strong>de</strong> crimes qui<br />

vio<strong>le</strong>nt la Loi n° 10 du Conseil <strong>de</strong> contrô<strong>le</strong>, on peut s'appuyer sur <strong>le</strong>s causes généra<strong>le</strong>s d'exclusion <strong>de</strong><br />

la culpabilité prévues aux Sections 52 <strong>et</strong> 54 du Co<strong>de</strong> pénal al<strong>le</strong>mand" 89 . La Cour acquitta alors <strong>de</strong>ux<br />

<strong>de</strong>s accusés (W. <strong>et</strong> H.) parce qu'ils avaient agi sous la coercition (Nötigung) 90 . Le jugement fut<br />

confirmé par la Cour suprême <strong>de</strong> Tübingen <strong>le</strong> 14 mars 1950 91 .<br />

38. Après que <strong>le</strong>s Puissances occupantes ont r<strong>et</strong>iré aux autorités al<strong>le</strong>man<strong>de</strong>s l'autorisation <strong>de</strong> se<br />

prononcer en vertu <strong>de</strong> la Loi n° 10 du Conseil <strong>de</strong> contrô<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s tribunaux al<strong>le</strong>mands ont eu tendance à<br />

se prononcer sur <strong>le</strong>s crimes <strong>de</strong> guerre <strong>et</strong> crimes contre l'humanité en se fondant sur <strong>le</strong> droit al<strong>le</strong>mand.<br />

Ils ont continué à r<strong>et</strong>enir la contrainte ou la coercition dans <strong>de</strong> nombreuses affaires portant sur <strong>de</strong>s<br />

crimes <strong>de</strong> guerre. Ces affaires peuvent être classées selon <strong>le</strong> type <strong>de</strong> crime <strong>de</strong> guerre perpétré.<br />

Certaines affaires concernent <strong>le</strong> meurtre en Al<strong>le</strong>magne <strong>de</strong> civils étrangers ou <strong>de</strong> prisonniers <strong>de</strong><br />

guerre par <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong>s SS ou <strong>de</strong> la Gestapo ou au moins <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> la police al<strong>le</strong>man<strong>de</strong><br />

ou d'unités militaires contrôlées par la Gestapo . En guise d'exemp<strong>le</strong>, je mentionnerai l'affaire Z. <strong>et</strong><br />

consorts. Le 31 mars 1945 à Cassel, <strong>le</strong> chef d'un groupe <strong>de</strong> policiers membres d'un

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