Erdemovic - Arrêt - Opinion individuelle et dissidente de M. le ... - TPIY
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32. La contrainte a été invoquée dès 1921 <strong>de</strong>vant la Cour suprême <strong>de</strong> Leipzig dans l'affaire<br />
Llandovery Cast<strong>le</strong>. La Cour a estimé que <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux accusés étaient coupab<strong>le</strong>s du meurtre <strong>de</strong><br />
naufragés, sur ordre <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur supérieur. La Cour, entre autres , a examiné un argument avancé par la<br />
Défense, selon <strong>le</strong>quel <strong>le</strong>s accusés "avaient sans soute estimé que Patzig (<strong>le</strong> commandant qui avait<br />
donné l'ordre <strong>de</strong> tirer) aurait fait appliquer ses ordres, l'arme au poing, s'ils ne lui avaient pas obéi".<br />
La Cour rej<strong>et</strong>a d'emblée c<strong>et</strong> argument, en déclarant :<br />
C<strong>et</strong>te possibilité est exclue. Si Patzig s'était vu opposer un refus par ses<br />
subordonnés , il aurait été obligé <strong>de</strong> renoncer à son <strong>de</strong>ssein car il lui aurait été<br />
impossib<strong>le</strong> d'atteindre son objectif, c'est-à-dire <strong>de</strong> dissimu<strong>le</strong>r <strong>le</strong> torpillage du<br />
Llandovery Cast<strong>le</strong>. Les accusés <strong>le</strong> savaient éga<strong>le</strong>ment fort bien, eux qui avaient été<br />
témoins <strong>de</strong> l'opération. Du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> la coercition (Nötigung) (Section 52 du<br />
Co<strong>de</strong> pénal), il ne peuvent donc pas prétendre à la non-application <strong>de</strong> sanctions 64 .<br />
[Traduction non officiel<strong>le</strong>]<br />
Ainsi, la Cour a considéré que la contrainte pouvait s'appliquer en principe, bien qu'el<strong>le</strong> l'ait exclue<br />
sur la base <strong>de</strong>s faits en l'espèce.<br />
33. Dans une autre affaire, la Cour n'a pas rej<strong>et</strong>é l'argument <strong>de</strong> la contrainte dans <strong>le</strong> meurtre<br />
d'innocents, même si el<strong>le</strong> a estimé que <strong>le</strong>s circonstances particulières à l'affaire en question ne<br />
justifiaient pas un tel plaidoyer. Il s'agit <strong>de</strong> l'affaire Mül<strong>le</strong>r <strong>et</strong> consorts, tout d'abord portée <strong>de</strong>vant <strong>le</strong><br />
Tribunal militaire belge <strong>de</strong> Bruxel<strong>le</strong>s 65 , puis <strong>de</strong>vant la Cour <strong>de</strong> cassation belge 66 . Les défen<strong>de</strong>urs<br />
étaient accusés, inter alia, <strong>de</strong> crimes <strong>de</strong> guerres liés à l'exécution d'otages . Ayant été condamné, un<br />
Appelant, Meh<strong>de</strong>n, s'est pourvu <strong>de</strong>vant la Cour <strong>de</strong> cassation en arguant du fait que <strong>le</strong> tribunal <strong>de</strong><br />
première instance n'avait pas tenu compte <strong>de</strong> son plaidoyer fondé sur la coercition. La Cour rej<strong>et</strong>a ce<br />
motif d'appel, estimant que "[L]a décision du Tribunal <strong>de</strong> première instance établit sans ambiguïté<br />
que tous <strong>le</strong>s accusés ont agi librement".<br />
De même, la Cour suprême d'Israël dans l'affaire Eichmann, dans <strong>le</strong> contexte du débat portant sur <strong>le</strong><br />
droit applicab<strong>le</strong> aux ordres <strong>de</strong> supérieurs, n'a pas exclu la contrainte ou l'état <strong>de</strong> nécessité en tant que<br />
moyen <strong>de</strong> défense vis-à-vis <strong>de</strong>s chefs d'accusation reprochés à Eichmann (incluant celui <strong>de</strong> crimes<br />
contre l'humanité), suite à sa participation , entre autres, au massacre <strong>de</strong> Juifs, bien que Eichmann<br />
n'ait pas expressément invoqué la contrainte comme excuse. La Cour suprême a exclu la recevabilité<br />
<strong>de</strong> la nécessité pour Eichmann car, loin d'agir sous la coercition en organisant l'extermination <strong>de</strong>s<br />
Juifs, il y avait participé avec enthousiasme. La Cour a statué comme suit :<br />
Nous disons que la recevabilité <strong>de</strong> ces moyens <strong>de</strong> défense [contrainte ou état <strong>de</strong><br />
nécessité] en tant qu'arguments exonératoires <strong>de</strong> la responsabilité vis-à-vis <strong>de</strong>s<br />
crimes traités par la loi [israélienne] <strong>de</strong> 1950 [sur <strong>le</strong>s Nazis <strong>et</strong> <strong>le</strong>urs collaborateurs<br />
(Sanctions)] a été exclue par la Section II <strong>de</strong> cel<strong>le</strong>-ci. Mais même si c<strong>et</strong>te Loi<br />
perm<strong>et</strong>tait à l'accusé d'utiliser <strong>le</strong> moyen <strong>de</strong> défense selon <strong>le</strong>quel, en obéissant à<br />
l'ordre <strong>de</strong> comm<strong>et</strong>tre un crime, il agissait dans <strong>de</strong>s circonstances <strong>de</strong> "contrainte " ou<br />
<strong>de</strong> "nécessité", il ne pourrait s'en prévaloir que si <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux faits suivants étaient<br />
prouvés: 1) que <strong>le</strong> danger pesant sur sa vie était imminent; (2) qu'il a exécuté c<strong>et</strong><br />
acte criminel pour pouvoir sauver sa propre vie <strong>et</strong> qu'il n'avait pas d'autre moyen <strong>de</strong><br />
<strong>le</strong> faire. Le Tribunal américain II A, qui a appliqué la Loi n° 10 du Conseil <strong>de</strong><br />
contrô<strong>le</strong>, a éga<strong>le</strong>ment insisté sur ces <strong>de</strong>ux conditions [dans l'affaire<br />
Einsatzgruppen]... Aucune <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux conditions n'a été remplie en l'espèce . Mais<br />
nous tenons à souligner, en particulier, <strong>le</strong> non-respect <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> parce que<br />
chacun <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux moyens <strong>de</strong> défense cités porte sur <strong>le</strong> motif qui a poussé l'accusé à