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Erdemovic - Arrêt - Opinion individuelle et dissidente de M. le ... - TPIY

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Dans ce cas l’accusé, tout en affirmant qu’il a commis un crime, nierait simultanément sa<br />

responsabilité. Le rej<strong>et</strong> d’un tel plaidoyer <strong>de</strong> culpabilité comme nul <strong>et</strong> non avenu <strong>de</strong>vient nécessaire<br />

non seu<strong>le</strong>ment au nom <strong>de</strong> la logique juridique (un tribunal ne peut recevoir un plaidoyer qui est<br />

intrinsèquement contradictoire). Il existe aussi une autre raison plus impérative encore <strong>de</strong> rej<strong>et</strong>er un<br />

plaidoyer ainsi faussé. Dès lors que <strong>le</strong>s critères susmentionnés <strong>de</strong> validation d’un plaidoyer sont<br />

respectés, un tribunal, dans <strong>le</strong> but <strong>de</strong> pouvoir alors déci<strong>de</strong>r <strong>de</strong> la sanction, peut accepter ce plaidoyer<br />

selon <strong>le</strong>quel la personne a, <strong>de</strong> fait, commis un crime. Pour <strong>de</strong>s raisons d’intérêt public, <strong>le</strong> tribunal<br />

peut déci<strong>de</strong>r que “l’auto-accusation” est recevab<strong>le</strong> <strong>et</strong> passer à la phase <strong>de</strong> la détermination <strong>de</strong> la<br />

sanction. On ne peut, cependant, sauter l’étape du procès pour ce qui est <strong>de</strong> l’existence ou <strong>de</strong><br />

l’inexistence d’un moyen <strong>de</strong> défense impliquant l’absence d’intention délictueuse ou, du moins,<br />

constituant une excuse ou une justification. C’est <strong>de</strong>vant <strong>le</strong> tribunal, au travers d’un procès , qu’il<br />

faudra déterminer si un tel moyen <strong>de</strong> défense peut être invoqué en l’espèce car si <strong>le</strong> recours au<br />

moyen <strong>de</strong> défense spécifique est justifié <strong>de</strong>vant <strong>le</strong> tribunal , il s’ensuit que l’accusé est innocent <strong>et</strong><br />

doit être acquitté.<br />

Voici mes conclusions pour ce qui est <strong>de</strong>s critères qui doivent être satisfaits pour qu’un plaidoyer <strong>de</strong><br />

culpabilité soit accepté par une Chambre <strong>de</strong> première instance . Ces critères sont atteints grâce à la<br />

prise en compte <strong>de</strong> la mission spécifique d’un tribunal pénal international <strong>et</strong> <strong>de</strong>s contraintes dont il<br />

est l’obj<strong>et</strong> <strong>et</strong> non par la référence à <strong>de</strong>s tribunaux pénaux internes <strong>et</strong> à <strong>le</strong>ur jurispru<strong>de</strong>nce. Je soutiens<br />

que la première approche peut démontrer que la secon<strong>de</strong> est inuti<strong>le</strong> <strong>et</strong> même inadaptée .<br />

II. LA CONTRAINTE (OU : LA QUESTION DE SAVOIR SI LE DROIT PENAL<br />

INTERNATIONAL RETIENT L’APPROCHE DE LA NOTION DE CONTRAINTE<br />

EXISTANT DANS LA COMMON LAW EN CAS DE MEURTRE)<br />

A. Introduction<br />

11. Je signa<strong>le</strong> aussi respectueusement que je suis en désaccord avec <strong>le</strong>s conclusions <strong>de</strong> la majorité <strong>de</strong><br />

la Chambre d’appel relatives à la contrainte, énoncées dans l’<strong>Opinion</strong> <strong>individuel<strong>le</strong></strong> présentée<br />

conjointement par Mme <strong>le</strong> Juge McDonald <strong>et</strong> M. <strong>le</strong> Juge Vohrah <strong>et</strong> ce, pour <strong>le</strong>s raisons suivantes :<br />

i) après avoir établi qu’aucune règ<strong>le</strong> internationa<strong>le</strong> spécifique n’a été élaborée quant à la question <strong>de</strong><br />

savoir si la contrainte est tota<strong>le</strong>ment exonératoire du meurtre d’êtres humains innocents, la majorité<br />

aurait dû arriver à la seu<strong>le</strong> conclusion possib<strong>le</strong> en vertu du droit <strong>et</strong> <strong>de</strong> la logique, à savoir que la<br />

règ<strong>le</strong> généra<strong>le</strong> relative à la contrainte doit être appliquée - sous réserve, bien entendu, <strong>de</strong>s conditions<br />

requises. En toute logique, dès lors que l’on ne peut établir l’existence d’une exception à la règ<strong>le</strong><br />

généra<strong>le</strong>, ladite règ<strong>le</strong> généra<strong>le</strong> prévaut. Ainsi en droit, si l’on recherche une règ<strong>le</strong> spécia<strong>le</strong> régissant<br />

un point précis d’une question <strong>et</strong> si l’on conclut à son inexistence, la seu<strong>le</strong> inférence possib<strong>le</strong> est que<br />

ce point précis est régi par la règ<strong>le</strong> gouvernant la question généra<strong>le</strong> ;<br />

ii) au lieu d’arriver à c<strong>et</strong>te conclusion simp<strong>le</strong>, la majorité <strong>de</strong> la Chambre d’appel s’est lancée dans<br />

l’examen détaillé <strong>de</strong> “considérations pratiques” <strong>et</strong> a conclu en r<strong>et</strong>enant <strong>de</strong>s “considérations<br />

pratiques” fondées dans une large mesure sur <strong>le</strong> droit anglais. Je suis d’avis que c<strong>et</strong> examen est sans<br />

aucun rapport avec la mission <strong>de</strong> notre Tribunal. Ce Tribunal international a pour mission<br />

d’appliquer <strong>le</strong> droit international <strong>et</strong> notamment notre Statut, ainsi que <strong>le</strong>s principes <strong>et</strong> <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s du<br />

droit international humanitaire <strong>et</strong> du droit pénal international. Notre Tribunal international est une<br />

Cour <strong>de</strong> justice ; il n’est tenu que par <strong>le</strong> droit international . Il <strong>de</strong>vrait, par conséquent, éviter <strong>de</strong><br />

s’engager dans <strong>de</strong>s analyses méta-léga<strong>le</strong>s . En outre, il ne <strong>de</strong>vrait pas s’appuyer exclusivement sur<br />

<strong>le</strong>s notions, <strong>le</strong>s considérations pratiques ou <strong>le</strong>s fon<strong>de</strong>ments philosophiques <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> common law,<br />

en faisant abstraction <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> droit romain ou <strong>de</strong> ceux re<strong>le</strong>vant d’autres systèmes juridiques . Ce<br />

qui est plus important encore, c’est qu’une approche fondée sur <strong>de</strong>s considérations pratiques dans <strong>le</strong>

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