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maternelles). Et puis qu'est-ce qu'ils entendent
9 Encore des «non». Encore des interdits
: «Ne touche pas ci. ne fais pas ça» -
C'est enrageant. Ils enragent.
Et nous 7 demander cetete interdiction. En dernière
instance, donc, ce serait un juge- probablement
mâle - qui trancherait.
Mais il ne faut pas être de mauvaise foi.
Nous culpabilisons.
Ce n'est pas parce que le pouvoir décisionnel
sera délégué que nous n'aurons rien à
Tergiversations féministes voir avec les décisions prises. On ne peut
En France - puissent nos déboires servir pas jouer sur tous les tableaux à la fois. Ou
de mise en garde aux Québécoises - les bien on pense qu'un certain type de repré-
deux cas exemplaires à cet égard sont l'afsentation des femmes doit disparaître, et
faire Détective en 1978 et l'actuelle «Propo- alors on intervient directement ou indirecsition
de loi antisexiste».
tement en ce sens, ou bien on se déclare
Dans le premier cas, un mensuel spécia- non-interventionniste sous prétexte que la
lisé dans les faits divers à caractère sexuel a «liberté d'expression» est sacro-sainte.
été interdit d'affichage et de vente aux
mineur-e-s ; presque tous les journaux ont Mais la censure
attribué cette interdiction aux «féministes» La censure est une question complexe, et
(alors qu'elle était le fait d'instances insti- grave. Nous sommes loin de la belle simplitutionnelles
dont les groupes de femmes cité du credo évoqué tout à l'heure. Si nous
avaient pris bien soin de se distancier) ; ils ne voulons pas être assimilées aux forces
ont hurlé à la censure, à l'atteinte à la liberté répressives avec lesquelles nous sommes
d'expression. Entendre leurs chums libé- parfois amenées à conclure des alliances
raux (progressistes) crier haro sur le fémi- (l'Église au Québec. l'État dans l'Indiana
nisme a provoqué une crise de conscience
chez bon nombre de femmes. Elles se sont
culpabilisées, pour rien, en fait, puisque
Détective est immédiatement réapparu sous
un autre titre (Qui ' Police), sans rien changer
à sa couverture ni à son contenu.
Depuis l'an dernier il a même repris son titre
d'origine. Détective est mort, vive Détective !
Dans le deuxième cas, le malentendu a
été encore plus flagrant, car à la seule
mention d'une «loi antisexiste» les journaux
de gauche, Libération en tête, se sont
mis à pleurer hypocritement sur Flaubert et
Baudelaire. Et les féministes de tergiverser :
d'une part, ont-elles répété, il s'agit non pas
d'une loi mais d'une proposition de loi ;
depuis maintenant plus de deux ans, Yvette
Roudy, ministre des Droits de la femme,
échoue même à la faire inscrire à l'agenda
de l'Assemblée nationale. D'autre part,
cette loi n'interdirait pas les publicités,
livres et films sexistes ; elle permettrait
simplement à certaines associations féminines
de se constituer partie civile pour
2 ment tenir compte de cette nuance : distinguer
entre le bien et le mal ne veut pas dire
diviser le monde en «bons» et en «méchants».
Si l'expérience loufoque de notre
groupe «Fantasmes alternatifs» nous a
appris quelque chose, c'est que l'identification
du mal au mâle est un leurre. Les
femmes ne sont pas spécialement bonnes
Même pas les féministes. «Les hommes en
général» ne sont pas les méchants. Même
les hommes pornographes-proxénètesclients-machos-violeurs
sont «méchants»
pour des raisons qu'on ne peut pas faire
l'économie d'analyser.
Des raisons qui tiennent, entre autres, à
la place assignée aux mères dans nos
arrangements familiaux. Car la haine de la
femme, c'est avant tout l'ambivalence à
l'égard de la mère et cette ambivalence,
beaucoup de femmes la partagent. Elle a
des racines profondes, et le fait de couper
quelques-unes de ses branches les plus
). hideuses n'empêchera pas l'arbre lui-même
nous devons à la fois revendiquer une de pousser de plus belle.
position de principe et savoir entrer dans Sans une transformation globale - qui ne
des considérations stratégiques. Nous de- peut être que très graduelle - de nos modes
vons parvenir à agir en faveur de nos de vie et privés et publics, les causes de
valeurs, plutôt que de continuellement notre oppression demeureront intactes, et
réagir aux valeurs qui nous sont imposées. tous nos efforts pour en enrayer les effets
À mon avis, il faut censurer le moins seront voués à l'échec. En d'autres termes.
possible, mais censurer quand même : les si nos analyses de ces problèmes sont
films snuff'(dans lesquels de vraies femmes simplistes, les remèdes que nous propose-
sont vraiment tuées), les publicités les plus rons le seront forcément aussi. Ce qui veut
avilissantes, l'affichage des magazines dire qu'ils ne marcheront pas. qu'ils tombe-
pornographiques, pas beaucoup plus. Il ront à l'eau, qu'ils s'évaporeront pour rede-
faut insister sur des distinctions que le venir une «vague odeur de moralisme»...
libéralisme tend à effacer : obliger les gens Et que notre point d'arrivée sera le même
à voir une image n'est pas la même chose que notre point de départ.
que de leur permettre de la voir ; un-e
enfant n'est pas la même «chose» qu'un-e
adulte ; un livre (fait avec des mots) n'est pas
la même chose qu'un film (fait avec des 2/ Allusion à la lutte anti-pornographique : les
corps vivants)...
évêques québécois se sont opposés à la porno
Mais la censure n'est en aucun cas une télévisée ; la ville d'Indianapolis a adopté un
panacée. Le sexisme n'est pas une chose si règlement permettant à des citoyen-ne-s, ba-
superficielle qu'il suffirait dune loi pour foué-es dans leurs «droits civiques», d'interve-
l'éliminer. Notre moralisme doit absolunir contre la porno
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UN VIDEO DE
DIANE POITRAS
AVEC
LUCE GUILBEAULT
ET
RENÉE GIRARD
Sa dernière fille la quittera
bientôt, son mari
s'achemine vers la retraite
avec amertume, et Marie
sent monter en elle une
colère diffuse.
4 fa désir... 1308 Gilford, Montréal j* 1
Que. H2J 1R5
(514) 524-3259
mars 1985 53 LA VIE EN ROSE