30 août 1905 - Bibliothèque de Toulouse

§mmne agricole
10S7
L'assimilation
j'ignore à quel personnage historique où
astronomique, il faut attribuer le mot si
vtM-iùRjue : » L'on ne vit pas de ce que L'on
làange, mais de ce une l'on digère.» Xrans-
nuiie dans le monde végétal, ce mot a sa
Entre-partie : mon aise pour en rendre compte. I e
journal d'Agriculture pratique et le Bulle-
tin du Syndicat central et du Syndicat de-
là Haute-Garonne ont donné à leurs lec-
teurs le rapport complet de ces expériences.
Voilà près de dix mille lecleurs qui ont ce
rapport fait par un spécialiste. M. le capi-
taine du génie Davasse. Je paraîtrais un
ignorant si je voulais résumer cela, car tout
y est scientifiquement décrit. Je dois donc
m'en tenir au côté purement pratique.
La maison Traboul, de la rue bavard,
toujours fournie en toutes choses, avait
bien voulu donner à la commission un dy-
namomètre enregistreur, grâce au-ju d eu
a pu tracer et numéroter tous les" eu >r; s
des attelages.
Ces tracés ne mentent pas. Toutefois, il
lut aussi voir le réglage des charrues, le
iode d'attelage, etc.
Je serais trop long si j'entrais ici dans
tous les détails des expériences auxquelles
se sont livrés MM. les concurrents et les
lembres du jury pour tout apprécier.
Il est certain que les charrues ont deux
divisions indiquées, celles des labours d'hi-
er, demi-défonceuses allant à 30 et 35 cen-
imètres dont le type sera toujours le dou-
ble Brabant et la charrue usuelle (je ne
parle pas des vigneronnes). Mais ici une se-
conde division se présentait et, dans les
deux catégories, c'était la question du ver-
soir.
L'antique araire à deux ailes (que l'on
emploie encore dans le centre de la France)
avait été remplacé par la forme à hélice
tronquée. L'on s'appuyait pour cela sur
l'hélice des vaisseaux fendant l'eau comme
la charrue doit fendre la terre. Mais il nous
arrive d'Amérique (qui l'avait prise à un
constructeur dédaigné en France) une nou-
velle forme. C'est la forme dite cylindri-
que, bien que ce ne soit pas un cylindre
proprement dit.
L'on a appliqué cette forme autant au
versoir de la grosse charrue que de la char-
rue usuelle. Grâce au dynamomètre, l'on
'est aperçu qu'avec quelques détails de ré-
glage elle demandait un tiers de moins
d'effort aux bœufs et aux chevaux. C'est là,
on en conviendra, un résultat très considé-
rable. Mieux encore, elle pulvérisait plus
finement la terre. Cette forme ne coûte pas
plus cher que notre charrue à hélice tron-
quée, seulement, ce que n'a pas prévu M.
Davasse, c'est qu'il faudra y accoutumer
nos laboureurs.
L'on sait toute la peine que l'on a eue à
faire accepter la charrue eh fer au lieu de
la charrue en bois.
En serait-il de même aujourd'hui ? Je ne
le pense pas.
D'abord, la position de la main est la mê-
me, c'est plutôt une question de réglage.
Puis, la routine du paysan a été fort ébran-
lée par les batteuses et les faucheuses. Il
croit à l'amélioration des instruments.
Ensuite, MM. les dépositaires de ces nou-
veaux instruments ne demandent pas
mieux que d'être des initiateurs. J'ai vu à
l'œuvre MM. Traboul et M. Carolis ; ils
peuvent en remontrer à tous nos labou-
reurs. Précisément, le jour des expériences
de la commission, l'un des membres s'ex-
clama en disant que M. Traboul faisait
presque trop bien valoir ses instruments.
Il y a là. une leçon à donner à nos campa-
gnes, non seulement pour les charrues qui
doivent rendre nos terres fécondes, mais
aussi pôiir toutes ces formes nouvelles de
herses et d'extirpateurs qui encombrent les
reçueils et brochures mais que la pratique
n'a pas su encore généraliser. MM. les dé-
tenteurs d'instruments agricoles ont là un
rôle vraiment patriotique d'éducateurs à
jouer: Je serais, pour ma part, très heu-
reux de les y aider.
L. de MALAFOSSE.
(Labpra).
DE PARS 3
Du 29 uoùl (dépécUe télégraphique)
i3'
AU COMPTANT DUJOUR IT,IV:KD .
FONDS D'ÉTAT
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% ninortlfîable
Dette tunisienne
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seau, 60, rue Gambetta.
Soup ce titre, M. Fontan, vétérinaire dépar-
temental des Hautes-Pyrénées, officier du Mé-
rite agricole et lauréat de la Société des Agri-
culteurs de France, vient de publier un excel-
lent petit volume destiné, croyons-nous, à ren-
dre de véritables services aux propriétaires,
et ils sont nombreux, qui se livrent à l'élevage
du porc. Cette industrie, on le sait, est l'une
des plus rémunératrices en agriculture. Mal-
heureusement, l'élevage est trop souvent fait
dans des conditions défectueuses au point de
vue de la nourriture, du logement et de l'hy-
giène en général : si l'animal est malade, il
est peu ou mal soigné.
« Lé médéci del porc es pas encaro nascut »
dit le paysan du Midi, et s'il se décide à faire
appeler un vétérinaire, c'est quand il est trop
tard ; d'où nombreux mécomptes pour l'éle-
veur et grosses pertes pour l'agriculture.
Dans l'ouvrage de M. Fontan les proprié-
taires trouveront d'utiles conseils sur l'hy-
giène, l'élevage et la reproduction, une des-
cription complète des maladies spéciales à la
race porcine, leur traitement, la préparation
.et l'administration des médicaments.
Eh signalant ce livre à nos lecteurs, nous
croyons donc leur être utiles.
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510
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100 tètes, « fr \sperges, la botte, . fr. ...
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paquet 0U-. 15. Céleri, le 100, 0 fr. .-..Chicorée,
les 100pieds, i fr. 50 Choux, la corbeille, 2 fr. 50
Choux-fleurs, le cent, .. fr. .. Cornichons,
les 100 kilos, 20 fr. ... Fpinards, le kilo, . fr, 20.
Haricots verts, la corbeille, 5 fr. ... Laitue, les
100 pieds, 3 fr. 75. Laitue- romaine, les 100 pieds,
3 îr. ... Melons, le 100. 12 fr. .. Navets, le pa-
quet, 0 fr. 15. Oignons en vrac, les 100 kilos,
.. fr. .. Oignons moyens, en paquets, 0 fr. 20;
Oignons petits, en paquets, 0 fr. 10. Persil, le
kilo, 0 îr. 25. Piments, le 100, . fr. 25. Poireaux,
0 fr. 20. Pois, les 100 kilos. . fr. .. Pommes de
terre, les 60 kilos, 4 fr. ... Radis noirs, ie 100,
0 fr. . Salsifl, la botte, 0 fr. 40. Scarole, les
100 pieds, -i fr. DO. Scorsonère, la botte, 0 fr. -40.
Tomates, la douzaine, 0 fr. 15. Violettes, le bou-
juet ce 100, . îr. ...
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Du 29 août.
Farines. — Disponible 29 25; courant 29 15;
eptembre 29 30; 4 derniers 29 55; 4 de novem-
bre 29 90. Tendance faible;
Rlés. — Courant .22 20; septembre 22 30; 4
derniers 22 45; 4 de novembre 22 80. -Tendance
faible.
Seigles. — Courant 15 50; septembre 15 50:
derniers 15 50; 4 novembre 15 50. Tendance
calme.
Avoines. — Courant 17 35; septembre 17 15;
4 derniers 17 25; 4 novembre 17 40. Tendance
ible.
Suifs. — Paris 61 ; province 61.
Colza. — Disponible en cuves à nu 48; dispo-
nible tout fût 50; courant 47 75; septembre 47;
tendance faible.
Lin. — Disponible en cuves à nu 39; dispo-
ible tout fût 40: courant 39; septembre 39, 4
entiers 39 50; 4 premiers 40 75. Tendance
calme.
Alcools. — Disponible 47; courant 47; sep-
tembre 43 75; 4 d'octobre 38 75; 4 premiers 37.
Tendance faible. Stock 3425. Circulation 50.
Sucres. — Disponible 24 50; courant 24 50;
septembre 24 625; 4 d'octobre 25 75; 4 premiers
26 625; tendance faible. Sucres roux cuits 21;
roux autres jets 21; raffinés 60 50.
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285 . .
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3 0]0, don 99 70 |
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SHo dont 10 171* .. | dont 5
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105 , t .
99
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8 0)0 nominatif ; 3 010 amortissable. -99 45.
Fonds d'Etat étrangers. — Russe 1801, 74 25: Russe
Consolidé, SO 00. Extérieure estampillée, C. î0, .97 70
Ctlnois, 9fi 60. Ottomane D, . . . . ..
Valeurs diveises (actions 1 . — Moulins du Bazacle
:Sociôtê d électricité, Mines d3 Carmaux.
L'Epargne ; Est. 96'.; Paris-Lyon- Ma-'
dilerranée, 1391..; Nord, 1810:-Midi 1*18 '.; Oriean9
1513 ..; Ouest, 945..; Saragosse, 28 3 . ; Nord-Espa-
gne 157 75.
Obligations diverses. — Moulin.du Bazaola. 317. .;
Société d'Electricité, ... ; Ville de Paris 1S35,
559 50; 1869, . 1871, 4tî 00 ; Communales 1879
494 ..; 1880, C0S 00:1892, i"0 .; Foncières 1S7J, 510 ..
1883, ... .; 1885. 490 50; Est ancienne ; nouvelle.
468 50; Midi ancienne, 1.60..; nouvelle, .. ..; Nord
ancienne, 469 . . ; nouvelle ; Orléans ancienne,
; nouvelle, 469 . Ouest ancienne, ... ; nou-
velle, 462 ..; Paris-Lyon-Méditerranee ancienne
... . nouvelle, 46E.; Nord-Espagne, 1' série, es-
tampillée, 369 ..: Saragosse ancienne P hypothè-
que": B;I 25, Lombarde ancienne, 337 .. : Change Es-
pagne les 100pesetas, . . ...
Paris, 29 août.
Bœufs. — Amenés 3,681, vendus 3,278, à 1 50,
1 32, 1 20.
Vaches. — Amenées 1,229, vendues 128, à 1 48
1 26, 1 08.
Veaux. — Amenés 327, vendus 199, à 1 20,
1 10, 1 02.
Moutons. — Amenés 1,470, 1290, à 1 60, 1 50,
1 30.
Agneaux. — Amenés 18,147, vendus 16,155, à
2 14, 1 98, 1 72.
Porcs. — Amenés 3,579, vendus 3,579, à 1 52,
1 46, 1 40.
Peaux de moutons. — 2 50, 4, 4 50.
Vente mauvaise pour le- gros bétail, très
mauvaise pour les veaux, moyenne pour les
moutons.
TARN-ET-GARONNE
Auvillar.
Marché du dimanche, cours pratiqués :
Blé 16 50, avoine 9 fr., ma/s 17 fr.
Les œufs 0 75 la douzaine.
Poulets. 2 fr. 50, poules 4 à 5 fr.
MARCHÉ AUX PRUNES
Viîleneuve-sur-Lot.
Voici les cours pratiqués le 26 août :
Apport, 350 quintaux.
50.5, de 35 à 38 fr.; 60.5, de 26 à 28 ; 70.4, à
22 ; 80.4, à 18 ; 90.4, à 15 ; 100.4, à 12 ; frelin
5 francs.
Marchandise encore de qualité inférieure.
Monflanquin.
La région de Monflanquin aura une récolte
moyenne de prunes, par conséquent nos mar-
chés seront bien approvisionnés.
Le règlement des droits de pesage est abro-
gé. Il a été établi un droit de placage.
Cours pratiqués :
80.85, de 20 à 22; 90.100, de 12 à 14; 100.110, de
8 à 10 ; fretin, de 6 à 8 francs.
MARCHÉ DE BORDEAUX
Du 29 août.
Blés. — On cote par 100 kilos et par au
moins 200 quintaux, comptant et sans es-
compte : pays, 21 25 ; en livrable, 21 50 en
disponible.
Farines. — Cylindres, marques supérieu-
res, 31 50 ; premières marques, 31 ; mar-
ques, à meules, 29.
Sons et repasses. — Calmes. On cote :
sons gros, de 15 a 15 25 ; ordinaires, 13 50
à 14 ; repasses fines, 18 ; ordinaires, 15 ;
Plata logé, 14 50.
Maïs. — Fermes. On cote : Plata roux,
disponible, de 17 à 17 50 ; petits Plata,
21 50 ; blanc disponible, 18.
Avoines. — Poitou grises, de 18 25 à 18 50;
Poitou noires, de 17 25 à 17 50.
Seigles. — Sans affaires. On cote : cen-
tre, 15 50 à 1G.
Orges. — Pays, 17 50 à 17 75.
Foins. — On cote : 7 fr. 50 les 100 kilos ou
45 fr. les 100 bottes de 6 kilos ; paille de fro-
ment, 25 fr. les 500 kilos ; paille de seigle,
5 fr. les 100 Jdlos, le tout en gare de Bor-
deaux pour un wagon minimum.
Cafés. — Rio, recettes 27.000 sacs, marché
calme, stock 276.000 sacs ; n» 7, 4.625 reis, in-
changé change 15/16 ou 531 reis par franc.
Hausse 1/16.
Santos, recettes 51.000 sacs, marché faible,
Santos Good avérage 4.300 reis, inchangé,
stock 13.337.000 sacs.
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203 Feuilleton du 30 août 1905
PAR
Huoui de Navery
TROISIEME PARTIE
sT3ESuâuKT OA2»"^:0^
— Oh ! ne prononcez point de sembla-
bles paroles, dit Nadie, le Seigneur a dû
vous accorder la force de pardonner...
— Non ! non ! dit la mère en tordant
ses bras, j'ai supplié Dieu de me donner
ce courage, mais je ne peux pas 1 je ne
peux pas ! Il est des hommes plus cruels
que les panthères de nos bois, des hom-
mes qui boiraient goutte à goutte le sang
de nos veines, et qui se délectent de nos
larmes... Vous avez perdu votre mère !
niais qu'est la séparation qui vous fait
souffrir auprès de celle qui me déses-
père... Lucie, ma Lucie, a votre âge, vo-
tre beauté, il nie semble à vous voir
si compatissante et si douce que vous lui
ressemblez... Cet ange de piété, cette
sainte, on me l'a prise, on me l'a volée,
©n l'a jetée dans une prison...
— Pourquoi ? mon Dieu 1 pourquoi ?
demanda Nadie. Que lui reproche-t-on.
La fille d'une mère telle que vous ne
peut être coupable.
— La persécution est la persécution,
dit la veuve. Le Canada est catholique et
l'Angleterre est protestante, voilà... C'est
une rarson, n'est-ce pas l
— Et vous n'avez pas demandé jus-
tice ?
— Moi ! à genoux, le front dans la
poussière... offrant ma vie, ma liberté,
en échange de sa liberté et de sa vie.
— Pauvre mère ! murmura Nadie.
— Savez-vous quel marché l'on m'a
offert.
— Une trahison sans doute ?
— Plus que cela, une apostasie.
— Et vous avez refusé ?
— J'en ai appelé à Dieu !
— C'est beau, c'est grand, dit Nadie,
et le Seigneur ne peut manquer de vous
bénir... il vous éprouve cruellement,
mais croyez-le, il vous rendra votre
fille.
— Si vous saviez avec quelle prévoyan-
ce j'ai veillé sur elle.Lucie était une fleur
sans tache, les misérables l'ont en enfer-
mée avec la lie de la société, avec les
femmes qui sont l'opprobre de notre
sexe... avec des voleuses...
i — Mon Dieu ! mon Dieu ! ce que vous
m'apprenez est affreux ! dit Nadie, et
partout, partout on vous a repoussée ?
— Un seul homme m'a promis sa pro-
tection ; celui-là est l'appui de tous ceux
qui souffrent.
— Jean Canada ? demanda vivement
Nadie.
— Oui, Jean Canada m'a dit d'atten-
dre... Mais puis-je attendre, quand Lucie
souffre et m'appelle, quand je la sais
dans ce lieu de honte et de perdition,
quand je redoule de succomber à mon
désespoir avant de l'avoir sauvée...
— Avez-vous essayé de la visiter à la
prison ?
— On m'a refusé cette consolation.
— Vous avez dit votre nom sans doute?
I — Il le fallait bien... On me l'a deman-
; dé... Les misérables espèrenl triompher
i de moi par l'excès de la doulçur. Ils pen-
sent qu'en prolongeant mon martyre, ils
arriveront à vaincre ma résistance.
— Croyez-vous que vous pourrez avoir
confiance en moi ? demanda Nadie.
— Oui, oui, répondit l'infortunée.
•— Me permettez-vous de voir votre
fille ?
— Faites cela ! oui, faites cela ! je vous
bénirai
— J'essaierai, du moins ; ce que ma ti-
midité m'interdirait de tenter pour moi,
je le risquerai pour vous... votre fille se
nomme ?
— Lucie David.
— Je retiendrai ce nom ; et vous ?...
' — Je m'appelle Amy.
— Ecoutez, dit Nadie d'une voix tou-
chante, le Seigneur ne fait rien en vain ;
il m'a placée sur votre route pour vous
venir en aide... Tout ce que je pourrai,
je le réaliserai... Dès que j'aurai, non pas
même des nouvelles,mais une espérance,
si lointaine qu'elle soit, je viendrai vous
la communiquer... Il se fait tard, mon
père va rentrer ; il pourrait être mécon-
tent ou inquiet de me savoir absente à
une heure aussi tardive... Embrassez-
moi, je porterai ce baiser à votre fille.
Amy David attira Nadie dans ses bras.
— Dieu m'a envoyé son ange ! dit-elle.
La jeune fille quitta le logis de la veu-
ve, et se mit ù courir. La plupart des
rues étaient plongées dans l'obscurité,
elle perdit plus d'une fois son chemin :
la hâte d'arriver, la crainte d'encourir
; une grave réprimande, si son Jtëre était
j rentré avant elle, tout contribuait à l'ef-
i frayer.
Comme elle approchait d'une ruelle
S noire, elle entendit sortir d'une taverne
. des chants et des rires grossiers ; pres-
' sant le pas, elle allait dépasser le caba-
I ret, quand trois buveurs, titubants, lui
i barrèrent la route. KUe poussa, un cri
d'angoisse et se recula contre la muraille
qui lui faisait face, mais ses terreurs ne
firent qu'animer et réjouir ceux qui se
faisaient un jeu de sa frayeur, et que
leur ivresse pouvait rendre redoutables.
L'appel de Nadie était parvenu aux
oreilles d'un passant dans la direction
opposée. Il comprit quelle scène se pas-
sait, arriva droit à Nadie, et, repoussant
les misérables ivrognes, il demanda
d'une voix tonnante^:
— Qui ose maltraiter ma sœur ?
L'attitude du jeune homme, la fermeté
de son accent, imposèrent aux buveurs ;
ils reculèrent en formulait de vagues ex-
cuses, et le défenseur de Nadie, prenant
le bras de la jeune fille, s'éloigna rapide-
ment avec elle.
— Où demeurez-vous, Mademoiselle ?
lui demanda-t-il ; permettez-moi de vous
reconduire jusque chez vous.
Nadie donna son adresse, puis tout en
marchant appuyée sur son protecteur
elle lui dit d'une voix émue :
— Je ne sais sans vous ce que je serais
devenue, Monsieur, mon père sera bien
heureux de vous remercier... S'il est re-
venu avant moi à la maison, il se désole
sans aucun doute... Je suis sortie pour al-
ler à l'église,' une grande douleur s'est
| révélée à moi, et je me suis attardée...
j Une telle candeur rayonnait sur le vi-
I sage de Nadie, son accent avait un tiin-
j bre si pur que son compagnon pensa
j qu'il serait doux de lui inspirer de la re-
I connaissance.
I Tous deux marchèrent silencieuse-
i ment ; le jeune homme sentait encore le
| tremblement du bras de Nadie ; la
i frayeur ressentie par cette enfant le tou-
I chait sans qu'il expliquât sa brusque
sympathie pour cette jeune fille.
| —Vous êtes Française, Mademoiselle ?
. lui dçmanda-yi.
— Ma mère était Acadienne, Mon-
sieur.
— Française et martyre, alors...
— Oui, répondit la jeune fille d'une
voix dans laquelle se confondaient le re-
gret et l'admiration.
— Et votre père ?
— Je prie pour lui, répondit Nadie.
Le jeune homme comprit la délicatesse
de cette rétieence ; en même temps il de-
vina la douleur secrète de Nadie. Il res-
pecta sa réserve et dès lors tous deux
marchèrent silencieux.
La petite maison de l'impasse était en-
core plongée dans les ténèbres ; Jeffs n'é-
tait pas rentré. La jeune fille retira len-
tement sa main posée sur le bras du
jeune homme, et lui dit en désignant son
humble demeure :
— Je vous remercie, Monsieur, que le
ciel donne du bonheur à votre mère.
— Je suis seul au monde, Mademoi-
selle, tout seul, et je trouverais la vie
bien amère si je ne combattais pour une
grande idée, si mes aspirations ne ten-
daient vers un noble but.
— Vous aussi, vous espérez de meil-
leurs jours ?
— Je me nomme Georges Malo, dit le
jeune homme avec une sorte d'orgueil.
— Alors, soyez deux fois béni ! Quoi-
que mon père me juge encore une en-
fant, je sais que les Français rêvent d'ar-
racher notre patrib à ses envahisseurs et
de déterrer l'épée de Montcalm ; je sais
que vous êtes l'ami de Jean Canada. Dé-
sormais en priant pour mon pays; je
n'oi'blierai pas votre nom.
Nadie salua son protecteur d'un der-
nier signe de tête et ouvrit la porte de la
maison.
Qi and Georges Malo vit sa protégée ëri
sûrelé il s'éloigna avec lenteur, mais no •>
sans avoir gravé dans son souvenir la to-
pogiaphie de.ee quartier désert. Il lui-
semblait entendre la voix de Dieu lu*
dire que quelque jour il reviendrait dans
cel te maison. ..;
La jeune fille reprit son travail, mai*
la distraction fit plus d'une fois tomber!
la toile sur ses genoux. Jamais pendant •
sa jeune vie tant d'événements ne s'e<
taient passés en une heure. Elle se soif,
vint d'Amy David sanglotant au pied de>
la croix, de la terreur qui s'était emparée',
d'elle au moment où les buveurs de l* s
taverne lui barrèrent le passage ; enfin'
elle songea à Georges Malo, dont le norrr
était répété par les jeunes Canadiens
avec l'accent de l'espérance, et que Yoù
associait à celui de Jean Canada.
Une heure environ après le retour da
Nadie, Jeffs rentra. Il semblait pleirf
d'entrain et de gaieté, et vint embrasseB
sa fille avec une tendresse qui la touchai
d'autant plus qu'elle se sentait l'âme pro-
fondément émue, et songeait déjà à sup-
plier son père de lui procurer le moyen
de voir Lucie David, .
— Tu te fatigues à m'attendre, nu u<
Jeffs ; va
vera demai
enfiler ton
| devienne riche, très riche, P° l
i cher de te brûler les yeux. - e • ,
riche, VCïvj^, a
mais je 1
i — Quand vous serez i - , ai davatt-f
i vaillerai autant, »'« dont
tage.
- 'le ajv ,
(A suivre.)
EÏle le vit sourire, et elle ajouta
ASTHME.CATARRHJE
I Oppressions Toux, -Rhum|
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