L'InfoSites - CHC

Services sociaux
Ne tirez pas sur le pianiste !
n Martine Tanghe, responsable du service social de St-Joseph
Quel rôle ingrat que celui du pianiste… Il est censé apporter détente et plaisir au public,
mais il sera régulièrement critiqué, lui qui n’a pourtant pas ménagé ses efforts pendant
de longues minutes. Même si sa prestation fut de bonne facture, mais que la sonorité de
la salle était perfectible, les critiques ne lui seront pas épargnées.
C’est cela être artiste…, accepter d’être critiqué, même lorsqu’on a effectué une
prestation de grande qualité. C’est aussi ce que vivent et ressentent souvent nos services
sociaux qui sont des chefs d’orchestre n’ayant pas la mainmise sur chaque membre et qui
dépendent du bon vouloir et des possibilités de chacun.
Introduction par Juan de Callataÿ
Si le service social, au sein de la clinique, est souvent
critiqué, c’est parce qu’il joue principalement un rôle
d’intermédiaire dans l’itinéraire hospitalier du patient
et que son obligation de moyens n’est pas toujours
comprise par tous ceux qui attendent un résultat que,
pourtant, seuls des tiers peuvent garantir.
La partition
Différents signaux indiquent que l’aspect social prend
une place toujours plus importante en milieu hospitalier.
La réalité économique des institutions hospitalières
modifi e l’approche sociale du patient. Celle-ci se
fait en terme de durée d’hospitalisation. Le service social
contribue à la rentabilité de l’hôpital, notamment
par la gestion optimalisée des sorties.
Les facteurs sociaux sont déterminants pour accéder
aux soins, voire être en bonne santé : âge, sexe,
logement, niveau de scolarité, statut, isolement, …
La crise économique actuelle, indépendamment du
système de sécurité sociale, risque de précariser davantage
de personnes. On assiste déjà à des reports
de soins et/ou à un endettement pour payer les soins.
Nous vivons en outre dans une société individualiste
et on assiste également à l’apparition de nouveaux
problèmes sociaux, tels que des patients sans assurance-maladie,
les SDF, les sans-papiers, …
Les interprètes
La responsabilité sociale de l’hôpital, l’affaire de
tous ? pourrait aussi se décliner d’une manière plus
percutante : quelle logique est à l’œuvre, si le succès
médical est suivi d’une mort sociale ? (Dominique
Jacquemin, Revue Ethica Clinica, n°54).
24 L’InfoSites n°73 - Juin 2010
En amont, la coordination des acteurs est devenue
une nécessité. Le travail en interdisciplinarité suppose
que le résultat global obtenu par un travail en équipe
soit une meilleure garantie pour la qualité de l’aide
apportée. En psychiatrie, en gériatrie, en oncologie, il
est déjà bien implanté.
La gamme (les moyens mis à disposition)
D’un point de vue juridique, le travailleur social a une
obligation de moyens, non de résultats. Aux moyens
mis en œuvre pour atteindre un résultat, il faut ajouter
un minimum de collaboration de la part du patient et
l’implication de tiers peut donner une tonalité différente
au résultat. Il y a donc toujours une notion de
dépendance par rapport à la réactivité des personnes
et services censés jouer aussi leur rôle auprès
du patient concerné. La gamme se joue en articulant
les services extérieurs : aides à domicile, séjours en
convalescence, en revalidation, courts séjours en
MR(S), centres de jour gériatriques, palliatifs, résidences-services,
… sont autant de solutions exploitables
pour le patient confi é au service social.
Le bémol
Les hôpitaux sont confrontés aux « hospitalisations
sociales » et le transfert pose d’importants problèmes
pour certaines populations spécifi ques. Les possibilités
d’accueil font cruellement défaut pour les 20 à
60 ans nécessitant un accueil en structure résidentielle,
les SDF, … L’échange d’informations entre les
services intra- et extrahospitaliers est encore trop
souvent incomplet voire insuffi sant. La longueur des
listes d’attente fait souvent obstacle à l’admission.
Les entretiens préliminaires en secteur psychiatrique
retardent le processus d’admission.
Plutôt que de jeter votre InfoSites, déposez-le dans une salle d’attente,
cela intéressa sans doute les patients d’en savoir plus sur le CHC. Merci.
Les travailleurs sociaux doivent trouver un équilibre
entre deux missions souvent contradictoires : favoriser
le bien-être du patient et veiller à ce que l’hôpital reste
performant, défendre les intérêts du patient et contribuer
à la réalisation des objectifs de l’hôpital.
L’interprétation de concert
Les interventions sociales se situent sur un plan socio-matériel,
socio-administratif et psychosocial. Celles-ci
recouvrent l’analyse de la situation sociale du
patient en tenant compte des perspectives médicales.
Le travailleur social agit de concert avec le patient en
visant son autonomie et sa réinsertion (Conseil national
des hôpitaux, 2001, p.2).
Le résultat global
L’essence même du métier d’assistant social est d’apporter
de l’humanité au patient et à son entourage. Il
se situe au cœur de multiples logiques ne s’accordant
pas nécessairement les unes avec les autres (d’où le
questionnement éthique). Il doit considérer et prendre
en compte la complexité des situations soumises. A titre
d’information, le programme statistique d’activités
répertorie environ 200 items révélant les thématiques
et actions du service social.
Dans le cadre de l’offre de soins, il s’agit de doper les
collaborations nécessaires, de rapprocher les disciplines
médicales et socio-administratives dans un esprit
tel que défi ni dans la charte des valeurs du CHC, évitant
ainsi une « symphonie inachevée »…