Dossier documentaire et pédagogique du service éducatif
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20 Des Baches Wiegenlied<br />
Une histoire banale de l'amour non partagé, drame minuscule, d'un pauvre meunier qui trouve <strong>du</strong> réconfort<br />
dans les eaux d'un ruisseau où il se noie. L'essence de Schubert est là: la tragédie s'avère de la plus banale, la<br />
douleur aiguë en contradiction avec l'insouciance.<br />
Le premier lied, Das Wandern (Le Voyage), est écrit en si bémol majeur; il entr<strong>et</strong>ient donc avec le dernier lied,<br />
Des Baches Wiegenlied (Berceuse <strong>du</strong> ruisseau), écrit en mi majeur, un rapport de triton, générateur de tension,<br />
refl<strong>et</strong> de la divergence de contenu des deux lieder.<br />
Le premier lied est dominé par le besoin d'agir <strong>et</strong> par une image de l'avenir pleine d'espoir <strong>et</strong> de joie, <strong>et</strong><br />
musicalement, ce caractère est ren<strong>du</strong> par le mécanisme ingénieux d'un accompagnement dont la simplicité<br />
n'est qu'apparente <strong>et</strong> qui dégage une énergie irrépressible. Ici, le cycle «se m<strong>et</strong> en marche» au sens le plus<br />
strict <strong>du</strong> terme.<br />
Dans le dernier lied en revanche, le garçon meunier est déjà mort; le ruisseau chante une berceuse pour<br />
accompagner le dernier repos de «son dormeur».<br />
Peut-être pour satisfaire à la symbolique <strong>du</strong> cercle <strong>et</strong> de l'éternel r<strong>et</strong>our, dans ces deux lieder <strong>du</strong> cycle, <strong>et</strong> dans<br />
ces deux-là seulement, Schubert a enchaîné cinq fois le même modèle musical, donnant ainsi l'impression que<br />
l'on pourrait continuer à les chanter indéfiniment.<br />
Dans son épilogue, Müller plaisante un peu <strong>et</strong> se plaint de « l’oraison funèbre larmoyante » <strong>du</strong> ruisseau qui lui<br />
ôte toute bonne conclusion. Alors, <strong>et</strong> bien qu’il renonce à nous donner sa morale de c<strong>et</strong>te histoire, le poète<br />
nous demande de nous souvenir <strong>du</strong> pauvre meunier lorsque nous serons heureux, afin « qu’en échange de sa<br />
brève peine, l’amour lui donne / une longue félicité au fond de vos âmes ». N’est-ce pas nous dire que nous<br />
devons avoir de la bienveillance <strong>et</strong> de la compassion pour le meunier qui sommeille en chacun de nous ?<br />
Service é<strong>du</strong>catif MCA /Jean Courtin / en résonance avec le Concert de Matthias GOERNE 45