Dossier documentaire et pédagogique du service éducatif

J’ai souvent chanté le cycle en concert avant de l’enregistrer. L’interprétation a peu à peu pris cette forme. A la
fin, le ruisseau berce le jeune déterminé à mourir, il veut lui enlever la peur du dernier pas. Une situation
inquiétante et tentante! On ne peut la réaliser qu’en ralentissant le rythme. On peut bien sûr me reprocher de
traiter les indications concernant le rythme moderato , qui se répète trois fois dans le cycle, de manière
différente. Mais je peux vivre avec ça, car la solution me convainc."
Chez vous, le message est plutôt transmis par le timbre que par le mot… Je dois m’exprimer, je n’ai pas besoin
de réciter, ce côté "raconter quelque chose aux gens" ne fonctionne qu’avec certains thèmes. Quel est
finalement l’objectif d’un récital de chant? On veut atteindre les gens et les confronter aux sentiments qui
deviennent de plus en plus rares, qui font de moins en moins partie de la vie quotidienne.
La musique est intemporelle
Matthias Goerne participe à l'émission Musique-Matin
"Le regard d'une clarté laser, la silhouette massive, le cheveux ras et le vêtement austère, Matthias GOERNE
impressionne la vue avant même que l'oreille ne l'entende. Matthias GOERNE, c'est l'ogre à la voix douce."
Emmanuelle Giulani
Elève du baryton allemand Dietrich Fisher Dieskau, puis d'Elisabeth Schwarzkopf, Matthias GOERNE revient sur
ses débuts et sur l'apprentissage du chant : "le prochain point important dans mon évolution, c'était la chance
d'avoir un très bon premier professeur de chant lors de mes études, qui m'a expliqué de façon très claire et
simple, les bases du chant pour l'apprentissage d'une technique vocale. Je pense que l'aspect le plus important
pour ce type d'enseignement, c'est que c'était extrêmement concret, avec des concepts et des idées, et des
émotions très concrètes et cela a finalement donné un résultat grâce à une technique très fiable, et toutes ces
choses qui ont à voir avec les parents, l'enfance, la nature, le bonheur, il m'a été possible de chanter les
musiques de Mendelssohn, Schubert et d'autres compositeurs, avec une grande ouverture et beaucoup de don
personnel.
D'apprendre et de chanter ce répertoire-là, résulte cette forte affinité, ou fusion, entre le son, la musique et le
texte qui me permettent de le représenter de façon très personnelle, qui donne l'impression que le texte ou le
morceau naît à ce moment-là. Je pense que c'est un des aspects les plus importants que l'auditeur gagne
l'impression qu'un morceau n'est pas seulement correctement appris mais que l'interprétation commence
exactement là où ce qui est appris est relié à tout un vécu personnel similaire et que les textes et les musiques
vieilles de plusieurs siècles trouvent un rapport très actuel et personnel.
"Il faut que l'aspect littéraire de ce que je chante soit très important et il faut aussi que le sujet me parle. Je suis
de ce point de vue-là, intransigeant."
"Les musiques anciennes —deux cents, deux-cent cinquante ans, on peut prendre Mozart, Beethoven,
Schubert, Schumann— ont toutes un dénominateur commun qui touchent les hommes au plus profond d'euxmêmes,
au même endroit, dans le cœur , dans l'âme... La musique est intemporelle, elle est faite pour l'homme
et quelque chose est reconnue de l'homme, qui dépasse toute dimension temporelle et la frontière des langues
et des cultures propres, sinon le phénomène resterait inexplicable...Pourquoi au Japon, en Australie, en
Amérique ou en Corée, peut-on recevoir de la même manière cette musique qu'à Paris, Berlin ou Londres?
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