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Voyage en Orient2 - gerard de nerval

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SÉJOUR AU LIBAN. 19<br />

se réunir à ses <strong>de</strong>ux compagnons <strong>de</strong> perchoir. L’un <strong>de</strong>s<br />

hérons, débarrassé <strong>de</strong> son <strong>en</strong>nemi, disparut dans l’épaisseur<br />

<strong>de</strong>s arbres, tandis que l’autre s’élevait <strong>en</strong><br />

droite ligne vers le ciel. Alors comm<strong>en</strong>ça l’intérêt réel<br />

<strong>de</strong> la chasse. En vain le héron poursuivi s’était-il perdu<br />

dans l’espace, où nos yeux ne pouvai<strong>en</strong>t plus le voir, les<br />

faucons le voyai<strong>en</strong>t pour nous, et, ne pouvant le suivre<br />

si haut, att<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t qu’il re<strong>de</strong>sc<strong>en</strong>dît. C’était un spectacle<br />

plein d’émotions que <strong>de</strong> voir planer ces trois combattants<br />

à peine visibles eux-mêmes, et dont la blancheur<br />

se fondait dans l’azur du ciel.<br />

Au bout <strong>de</strong> dix minutes, le héron, fatigué ou peut-être<br />

ne pouvant plus respirer l’air trop raréfié <strong>de</strong> la zone<br />

qu’il parcourait, reparut à peu <strong>de</strong> distance <strong>de</strong>s faucons,<br />

qui fondir<strong>en</strong>t sur lui. Ce fut une lutte d’un instant, qui,<br />

se rapprochant <strong>de</strong> la terre, nous permit d’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre les<br />

cris et <strong>de</strong> voir un mélange furieux d’ailes, <strong>de</strong> cols et <strong>de</strong><br />

pattes <strong>en</strong>lacés. Tout à coup les quatre oiseaux tombèr<strong>en</strong>t<br />

comme une masse dans l’herbe, et les piqueurs fur<strong>en</strong>t<br />

obligés <strong>de</strong> les chercher quelques mom<strong>en</strong>ts. Enfin ils ramassèr<strong>en</strong>t<br />

le héron, qui vivait <strong>en</strong>core, et dont ils coupèr<strong>en</strong>t<br />

la gorge, afin qu’il ne souffrît pas plus longtemps.<br />

Ils jetèr<strong>en</strong>t alors aux faucons un morceau <strong>de</strong> chair coupé<br />

dans l’estomac <strong>de</strong> la proie, et rapportèr<strong>en</strong>t <strong>en</strong> triomphe<br />

les dépouilles sanglantes du vaincu. Le prince me parla<br />

<strong>de</strong> chasses qu’il faisait quelquefois dans la vallée <strong>de</strong><br />

Becquà*, où l’on employait le faucon pour pr<strong>en</strong>dre <strong>de</strong>s<br />

gazelles. Malheureusem<strong>en</strong>t il y a quelque chose <strong>de</strong> plus<br />

cruel dans cette chasse que l’emploi même <strong>de</strong>s armes,<br />

car les faucons sont dressés à s’aller poser sur la tête<br />

<strong>de</strong>s pauvres gazelles, dont ils crèv<strong>en</strong>t les yeux. Je n’étais<br />

nullem<strong>en</strong>t curieux d’assister à d’aussi tristes amusem<strong>en</strong>ts.<br />

Il y eut ce soir-là un banquet spl<strong>en</strong>di<strong>de</strong> auquel beaucoup<br />

<strong>de</strong> voisins avai<strong>en</strong>t été conviés. On avait placé dans<br />

la cour beaucoup <strong>de</strong> petites tables à la turque, multi-<br />

Becquà* ⇔ Bekka<br />

(II - 19)

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