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Voyage en Orient2 - gerard de nerval

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SÉJOUR AU LIBAN. 43<br />

pas reconnaître les pouvoirs actuels, c’est pourquoi le<br />

séquestre a été mis sur ses bi<strong>en</strong>s. Se voyant ainsi captif<br />

et abandonné <strong>de</strong> tous, il a fait v<strong>en</strong>ir sa fille, qui ne peut<br />

l’aller voir qu’une fois par jour ; le reste du temps elle<br />

<strong>de</strong>meure ici. Je lui appr<strong>en</strong>ds l’itali<strong>en</strong>, et elle <strong>en</strong>seigne<br />

aux petites filles l’arabe littéral... car c’est une savante.<br />

Dans sa nation, les femmes d’une certaine naissance<br />

peuv<strong>en</strong>t s’instruire et même s’occuper <strong>de</strong>s arts, ce qui,<br />

chez les musulmanes, est regardé comme la marque<br />

d’une condition inférieure.<br />

— Mais quelle est donc sa nation? dis-je.<br />

— Elle apparti<strong>en</strong>t à la race <strong>de</strong>s Druses, »* répondit<br />

madame* Carlès.<br />

Je la regardai dès lors avec plus d’att<strong>en</strong>tion. Elle vit<br />

bi<strong>en</strong> que nous parlions d’elle, et cela parut l’embarrasser<br />

un peu. L’esclave s’était à <strong>de</strong>mi couchée à ses côtés sur<br />

le divan et jouait avec les longues tresses <strong>de</strong> sa chevelure.<br />

Madame* Carlès me dit :<br />

« Elles sont bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>semble ; c’est comme le jour et la<br />

nuit. Cela les amuse <strong>de</strong> causer toutes <strong>de</strong>ux, parce que<br />

les autres sont trop petites. Je dis quelquefois à la<br />

vôtre : *Si au moins tu pr<strong>en</strong>ais modèle sur ton amie, tu<br />

appr<strong>en</strong>drais quelque chose...* Mais elle n’est bonne que<br />

pour jouer et pour chanter <strong>de</strong>s chansons toute la journée.<br />

Que voulez-vous ? quand on les pr<strong>en</strong>d si tard, on<br />

ne peut plus ri<strong>en</strong> <strong>en</strong> faire. »<br />

Je donnais peu d’att<strong>en</strong>tion à ces plaintes <strong>de</strong> la bonne<br />

madame* Carlès, acc<strong>en</strong>tuées toujours par sa prononciation<br />

prov<strong>en</strong>çale. Toute au soin <strong>de</strong> me montrer qu’elle<br />

ne <strong>de</strong>vait pas être accusée du peu <strong>de</strong> progrès <strong>de</strong> l’esclave,<br />

elle ne voyait pas que j’eusse t<strong>en</strong>u surtout dans ce mom<strong>en</strong>t-là<br />

à être informé <strong>de</strong> ce qui concernait son autre<br />

p<strong>en</strong>sionnaire. Néanmoins je n’osais marquer trop clairem<strong>en</strong>t<br />

ma curiosité ; je s<strong>en</strong>tais qu’il ne fallait pas abuser<br />

<strong>de</strong> la simplicité d’une bonne femme habituée à recevoir<br />

<strong>de</strong>s pères <strong>de</strong> famille, <strong>de</strong>s ecclésiastiques et autres per-<br />

, »* ⇔ »,<br />

madame* ⇔ Mme<br />

Madame* ⇔ Mme<br />

*Si ⇔ « Si || chose…* ⇔ chose… »<br />

(II - 43)

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