Rapport mission dogon 2002 - Alain Gallay
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Montage en anneau<br />
Cette technique très particulière est observée pour<br />
la première fois en Plaine. Nous l’avons retrouvée à<br />
plusieurs reprises chez les potières du Plateau (fi g. 16<br />
et 17). Le montage observé à Soula Kanda le 9.12.98<br />
concerne F. Konaté (Djo) (PO14/48521). La potière<br />
travaille sous un abri construit devant sa case dans<br />
la cour de la concession. La poterie réalisée est un<br />
bol sphérique à bord éversé pour cuire la sauce. La<br />
présentation de la séquence a été légèrement modifi ée<br />
dans sa forme par rapport au document de la <strong>mission</strong><br />
décembre 2000.<br />
Phase 1 (préforme) : la potière modèle un colombin<br />
massif et court, qu’elle aplatit entre les mains de façon<br />
à obtenir une plaque rectangulaire. Cette dernière est<br />
placée sur sa tranche dans la coupelle taillée dans un<br />
tesson de poterie de façon à former un cylindre. La<br />
jonction des deux extrémités de la plaque est effacée<br />
par modelage.<br />
Phase 2 (panse) : deux colombins successifs sont<br />
placés sur le bord supérieur du cylindre à partir de la<br />
face interne et les parois lissées à la main.<br />
Phase 3 (fond). Un troisième colombin est placé en<br />
couronne à l’intérieur du cylindre, au contact de la<br />
coupelle. Ce dernier est modelé et lissé à la main<br />
de façon à obturer le fond du cylindre et former un<br />
fond.<br />
Phase 4 (panse). Des raclages internes successifs à<br />
la main et avec un fragment concave de calebasse<br />
transforme progressivement le cylindre formant un<br />
tronc de cône renversé en une forme régulièrement<br />
sphérique.<br />
Phase 5 (bord) : un dernier colombin est placé de<br />
l’intérieur sur la tranche du bord et lissé à la main.<br />
L’intérieur est raclé avec un fragment de calebasse.<br />
Le bord est lissé avec un morceau de cuir. L’extérieur<br />
de la panse est raclé avec une tige de mil fendue en<br />
deux. Le bord est redressé et éversé par lissage avec<br />
un morceau de cuir, la coupelle étant entraînée dans<br />
un mouvement rotatif lent et irrégulier. Le haut de la<br />
TRADITION C : LA POTERIE<br />
panse est décoré à l’aide d’un épi de Blepharis sp.<br />
roulé. Un nouveau lissage au cuir du bord achève de<br />
donner au bord son profi l éversé.<br />
Phase 6 (fond) : après une période de séchage, le bol<br />
est séparé de son support et placé, ouverture en bas,<br />
sur une natte reposant sur le sol. Le fond irrégulier est<br />
raclé au couteau afi n de faire disparaître l’excédent<br />
d’argile, puis mouillé et lissé avec la demi-tige de<br />
mil. Quelques petites boulettes d’argile permettent de<br />
faire disparaître les dépressions.<br />
Les observations effectuées à Enndé Wo auprès de N.<br />
Arama (Seiba) (C1-PO1, 5213, 22.2.00), à Bagourou<br />
auprès de R. Dara (Karambé) (5227, 23.2.00) et à<br />
Néné auprès de H. Arama (Arama) (5509, 9.2.<strong>2002</strong>)<br />
confi rment ces observations. On notera néanmoins<br />
que le façonnage de la préforme peut reposer sur<br />
un simple gros colombin disposé en anneau et non<br />
sur une plaque d’argile ajustée en cylindre. Nous<br />
préférons donc le terme de montage en anneau à celui<br />
de montage en cylindre. Les colombins de la panse et<br />
du bord sont toujours placés à partir de la face interne<br />
de la panse (tableau 16).<br />
Modelage<br />
La technique du modelage propre à la tradition C<br />
s’apparente à celle du creusage de la motte observée<br />
dans les traditions bobo et <strong>dogon</strong> D (Niongono). Il<br />
nous semble néanmoins utile de la distinguer car :<br />
1. La préparation de la masse initiale d’argile aboutit<br />
à une sphère et non à un cylindre garni d’un téton qui<br />
est enlevé avant le début du creusage.<br />
2. la dépression creusée dans la préforme n’est<br />
pas obtenue par percussion des doigts serrés, mais<br />
requiert un simple modelage par pincement entre le<br />
pouce et les autres doigts de la main (fi g. 18 et 19).<br />
Ce que nous appelons modelage a été observé aussi<br />
bien pour le façonnage des préformes de grands<br />
récipients (Dongolé) que de petits (Tienbara).<br />
Le montage observé à Tienbara le 13.12.98, qui<br />
ETUDE ETHNOARCHEOLOGIQUE DES TRADITIONS CERAMIQUES DU PAYS DOGON