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Les mots de la Société (Eric Cobast) - INSEEC Business School

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État :<br />

Du verbe stare, se tenir fermement <strong>de</strong>bout. L’État, c’est ce qui dure, ce qui<br />

résiste. Il est <strong>la</strong> forme organisée <strong>de</strong>s sociétés mo<strong>de</strong>rnes. Le philosophe Hegel<br />

voit dans l’Etat <strong>la</strong> forme d’organisation <strong>la</strong> plus é<strong>la</strong>borée. Pour lui, l’Etat met<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> raison dans <strong>la</strong> vie civile, il oblige à transcen<strong>de</strong>r les intérêts particuliers<br />

qui s’affrontent dans <strong>la</strong> société civile, il donne son sens au « vouloir-vivreensemble<br />

». Mais l’Etat est-il vraiment cet aboutissement, cet achèvement <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> construction sociale ?<br />

Pierre C<strong>la</strong>stres, en 1974, publie La société contre l’Etat, texte qui affi rme que<br />

les sociétés dites primitives, ces « sociétés sans Etat », auraient délibérément<br />

choisi un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> développement leur permettant d’éviter l’Etat. De fait, il<br />

serait naïf <strong>de</strong> croire que l’absence d’Etat est un manque, c’est au contraire<br />

une volonté :<br />

L’histoire <strong>de</strong>s peuples sans histoire, c’est [...] l’histoire <strong>de</strong> leur lutte contre l’État.<br />

C’est que l’Etat se révèle peut-être surtout un moyen d’opprimer <strong>la</strong> société.<br />

D’ailleurs les régimes statolâtres sont le plus souvent <strong>de</strong>s régimes totalitaires,<br />

c’est-à-dire qui visent à contrôler <strong>la</strong> totalité <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie sociale.<br />

On connaît bien sûr l’analyse que partagent libéraux et socialistes : l’Etat<br />

n’est pas une fi n mais un moyen <strong>de</strong> domination (le plus souvent par l’usage et<br />

le développement d’une bureaucratie), ne serait-ce que parce qu’il dispose du<br />

monopole <strong>de</strong> <strong>la</strong> violence légale. Alors pourquoi les sociétés libérales acceptentelles<br />

<strong>de</strong> fi nancer <strong>de</strong>s états ? Pour être protégées. L’historien Marc Bloch voyait<br />

dans <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion société civile/état une survivance du pacte vassalique. Que<br />

se passe-t-il lorsque, par incompétence, l’Etat ne protège plus et se contente<br />

d’arbitrer ? La société lui échappe et se trouve exposée.<br />

Ou bien l’Etat est fort et il nous écrase, écrit Paul Valéry, ou bien il est faible et<br />

nous périssons.<br />

Fracture sociale :<br />

L’expression apparaît pour <strong>la</strong> première fois dans une note <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fondation<br />

Saint-Simon en 1994, Aux origines du ma<strong>la</strong>ise politique français, signée d’Emmanuel<br />

Todd. Elle est reprise ensuite en 1995 par Jacques Chirac en campagne.<br />

La métaphore <strong>de</strong> <strong>la</strong> fracture est intéressante dans <strong>la</strong> mesure où elle<br />

suggère un choc brutal et une société brisée, rompue. Elle permet toutefois <strong>de</strong><br />

préserver l’avenir et <strong>de</strong> ne pas limiter le constat à l’échec défi nitif : une fracture,<br />

ce<strong>la</strong> fi nit par se « réduire ».<br />

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