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Washington renouvelle sa campagne contre aristide! - Haiti Liberte

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La réémergence de La chine en<br />

Par James PETRAS *<br />

L<br />

’histoire du pouvoir dans le monde<br />

a été déformée par des historiens<br />

eurocentrés qui ont ignoré le rôle dominant<br />

de la Chine dans l’économie mondiale<br />

de 1100 à 1800. La brillante rétrospective<br />

historique que John Hobson<br />

fait de l’économie mondiale de cette<br />

période fournit des quantités de données<br />

empiriques qui prouvent la supériorité<br />

économique et technologique de<br />

la Chine sur la civili<strong>sa</strong>tion occidentale<br />

pendant la plus grande partie du millénaire<br />

précédent avant qu’elle se soit<br />

assujettie et ne commence à décliner au<br />

19ième siècle.<br />

La réémergence de la Chine en<br />

tant que puis<strong>sa</strong>nce économique nous<br />

conduit à nous interroger sur son ascension<br />

et <strong>sa</strong> chute précédentes et sur<br />

les menaces intérieures et extérieures<br />

qui pèsent dans le futur immédiat sur<br />

cette superpuis<strong>sa</strong>nce économique renais<strong>sa</strong>nte.<br />

D’abord nous soulignerons les<br />

principaux aspects de l’ascension historique<br />

de la Chine et de <strong>sa</strong> supériorité<br />

économique sur l’Occident avant<br />

le 19ième siècle à partir du livre de<br />

John Hobson, « Les origines orientales<br />

de la civili<strong>sa</strong>tion occidentale ». Etant<br />

donné que la majorité des historiens<br />

économiques occidentaux (libéraux,<br />

conservateurs ou marxistes) ont<br />

représenté la société chinoise comme<br />

stagnante, arriérée et bornée, un «despotisme<br />

oriental» selon leur expression,<br />

il est néces<strong>sa</strong>ire de montrer qu’il n’en<br />

était rien. Il faut aussi particulièrement<br />

montrer comment la Chine, la<br />

puis<strong>sa</strong>nce mondiale technologique de<br />

1100 à 1800, a permis l’ascension de<br />

l’Occident. C’est seulement en empruntant<br />

et en assimilant les innovations<br />

chinoises que l’Occident a pu opérer la<br />

transition vers l’économie capitaliste et<br />

impérialiste moderne.<br />

Dans la seconde partie nous analyserons<br />

les facteurs et les circonstances<br />

qui ont amené le déclin de la Chine<br />

au 19ième siècle et la domination,<br />

l’exploitation et le pillage subséquents<br />

de ce pays par les puis<strong>sa</strong>nces impériales<br />

occidentales, d’abord l’Angleterre<br />

puis le reste de l’Europe, le Japon et les<br />

Etats-Unis.<br />

Dans la troisième partie, nous<br />

soulignerons brièvement les facteurs<br />

qui ont mené à l’émancipation de la<br />

Chine de la règle coloniale et néocoloniale<br />

et nous analyserons <strong>sa</strong> récente<br />

percée comme deuxième plus grande<br />

économie mondiale.<br />

Enfin nous étudierons les menaces<br />

passées et présentes qui pèsent sur<br />

l’avènement de la Chine comme puis<strong>sa</strong>nce<br />

économique mondiale en mettant<br />

en lumière les similitudes entre le colonialisme<br />

anglais des 18e et 19ièmes<br />

siècles et les stratégies impériales étasuniennes<br />

actuelles et en montrant les<br />

forces et les faiblesses des réactions chinoises<br />

passées et présentes.<br />

LA cHINE : L’ascension et la<br />

consolidation de <strong>sa</strong> puis<strong>sa</strong>nce<br />

mondiale de 1100 à 1800<br />

A l’aide de comparatifs systématiques,<br />

John Hobson fournit énormément de<br />

données concrètes qui démontrent<br />

de façon indiscutable la supériorité<br />

mondiale économique de la Chine<br />

sur l’Occident et en particulier sur<br />

l’Angleterre. En voilà quelques unes :<br />

Dès 1078 la Chine était le<br />

plus grand producteur au monde<br />

d’acier (125 000 tonnes) tandis que<br />

l’Angleterre n’en produi<strong>sa</strong>it encore que<br />

76 000 tonnes en 1788.<br />

La Chine était le leader mondial<br />

de l’innovation dans la production textile,<br />

sept siècles avant la «révolution<br />

textile» anglaise du 18ième siècle.<br />

La Chine était la première puis<strong>sa</strong>nce<br />

commerciale et fai<strong>sa</strong>it du commerce<br />

avec la plus grande partie de<br />

l’Asie de l’ouest, de l’Afrique, du Moyen-Orient<br />

et de l’Europe.<br />

La «révolution agricole» chinoise<br />

et <strong>sa</strong> productivité dépas<strong>sa</strong>ient<br />

l’Occident au 18ème siècle.<br />

Ses innovations dans la production<br />

de papier, de livres imprimés,<br />

d’armes à feu et d’outils, en ont fait une<br />

superpuis<strong>sa</strong>nce dont la production était<br />

exportée dans le monde entier grâce<br />

10<br />

<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

La réémergence de la chine en tant que puis<strong>sa</strong>nce économique nous<br />

conduit à nous interroger sur son ascension et <strong>sa</strong> chute précédentes et sur<br />

les menaces intérieures et extérieures qui pèsent dans le futur immédiat<br />

sur cette superpuis<strong>sa</strong>nce économique renais<strong>sa</strong>nte<br />

à un système de navigation des plus<br />

avancés.<br />

La Chine possédait les bateaux<br />

de commerce les plus grands. En 1588<br />

les plus grands bateaux anglais pouvaient<br />

transporter 400 tonnes de fret,<br />

les navires chinois 3000 tonnes. Même<br />

à la fin du 18ième siècle, les marchands<br />

chinois dispo<strong>sa</strong>ient encore de 130 000<br />

navires de commerce privés, infiniment<br />

plus que les Anglais. Le Chine a gardé<br />

ce rôle dominant dans l’économie mondiale<br />

jusqu’au début du 19ième siècle.<br />

Les fabricants Anglais et Européens<br />

qui ont suivi l’exemple de<br />

la Chine, en copiant et assimilant ses<br />

plus grandes avancées technologiques,<br />

étaient pressés d’entrer sur le marché<br />

chinois moderne et lucratif.<br />

Jusqu’en 1750, le revenu per<br />

capita des Chinois égalait celui des Anglais<br />

grâce à leur système bancaire, leur<br />

économie basée sur du papier monnaie<br />

stable, leur production manufacturée et<br />

de bons rendements agricoles.<br />

La position dominante de la<br />

Chine a été remise en question par<br />

la montée de l’impérialisme britannique<br />

qui a adopté les avancées technologiques,<br />

maritimes et commerciales<br />

de la Chine et d’autres pays d’Asie pour<br />

devenir une puis<strong>sa</strong>nce mondiale en<br />

brûlant les étapes.<br />

L’ImPERIALISmE occidental et le<br />

déclin de la chine<br />

Les piliers de la conquête britannique<br />

et occidentale de l’Orient sont la militari<strong>sa</strong>tion<br />

des états impériaux, le manque<br />

de réciprocité dans leurs relations<br />

économiques avec les pays étrangers<br />

et la nature de l’idéologie occidentale<br />

impériale qui permettait et justifiait la<br />

conquête de pays étrangers.<br />

A la différence de la Chine, la<br />

révolution industrielle britannique et<br />

son expansion au delà des mers sont<br />

les fruits d’une politique guerrière.<br />

Selon Hobson, entre 1688 et 1815,<br />

l’Angleterre était en guerre à 52% du<br />

temps. Tandis que la prospérité chinoise<br />

repo<strong>sa</strong>it sur le libre échange,<br />

la production de biens et les innovations<br />

commerciales et bancaires, les<br />

Britanniques préféraient les barrières<br />

douanières, les conquêtes militaires et<br />

la destruction systématique des entreprises<br />

étrangères compétitives ainsi<br />

que le vol et le pillage des ressources<br />

locales. La suprématie chinoise était<br />

basée sur «les bénéfices réciproques»<br />

des partenaires, tandis que les Britanniques<br />

avaient recours à des armées de<br />

mercenaires, la répression <strong>sa</strong>uvage et<br />

la méthode «diviser pour régner» pour<br />

attiser les rivalités locales. En cas de<br />

résistance des autochtones, les Anglais<br />

(comme d’autres puis<strong>sa</strong>nces impérialistes)<br />

n’hésitaient pas à exterminer des<br />

communautés entières.<br />

Incapables de rentrer en compétition<br />

avec le marché chinois,<br />

l’Angleterre a eu recours à la puis<strong>sa</strong>nce<br />

militaire brute. Elle a armé et formé des<br />

mercenaires recrutés dans ses colonies<br />

en Inde et ailleurs pour forcer la Chine<br />

à importer ses produits et pour lui imposer<br />

des traités inégaux à des tarifs<br />

préférentiels. La Chine a été inondée<br />

d’opium britannique produit dans ses<br />

plantations d’Inde au mépris des lois<br />

chinoises qui interdi<strong>sa</strong>ient ou régulaient<br />

l’importation et la vente de narcotiques.<br />

Les dirigeants chinois habitués<br />

depuis longtemps à la supériorité de<br />

leur commerce et de leur fabrication<br />

n’étaient pas préparés aux «nouvelles<br />

règles impériales» du pouvoir international.<br />

La propension occidentale à coloniser<br />

des pays par les armes, à piller<br />

leurs ressources et à recruter d’énormes<br />

armées de mercenaires commandés par<br />

des officiers européens a mis fin à la<br />

puis<strong>sa</strong>nce internationale de la Chine.<br />

La base de la suprématie<br />

économique de la Chine était la «non<br />

ingérence dans les affaires internes<br />

de ses partenaires commerciaux». A<br />

l’opposé les impérialistes britanniques<br />

sont intervenus brutalement en Asie<br />

pour adapter les économies locales aux<br />

besoins de l’empire (en éliminant les<br />

concurrents économiques, y compris<br />

les fabricants de coton indiens plus efficaces)<br />

et ont pris le contrôle des appareils<br />

politiques, économiques et administratifs<br />

locaux pour mettre en place la<br />

coloni<strong>sa</strong>tion.<br />

L’empire britannique s’est construit<br />

en s’appropriant les ressources<br />

de ses colonies et en militari<strong>sa</strong>nt massivement<br />

son économie. Sa puis<strong>sa</strong>nce<br />

militaire a bientôt supplanté celle de<br />

la Chine. La politique étrangère de la<br />

Chine a été handicapée par la confiance<br />

exagérée des élites dirigeantes<br />

dans les relations commerciales. Les<br />

officiels chinois et les grands march-<br />

L’armée "rouge", l’armée populaire de libération, a vaincu d’abord l’armée<br />

impériale japonaise et ensuite l’armée impérialiste étasunienne soutenue<br />

par le Kuomintang, l’armée "nationaliste" menée par les "compradores"<br />

ands qui cherchaient à se concilier les<br />

Britanniques, ont convaincu l’empereur<br />

de leur accorder des concessions extraterritoriales<br />

dévastatrices et de leur ouvrir<br />

leur marché au détriment des fab-<br />

ricants chinois tout en renonçant à leur<br />

souveraineté locale. Comme toujours<br />

les Britanniques ont attisé les querelles<br />

internes et fomenté des révoltes pour<br />

déstabiliser davantage le pays.<br />

La pénétration occidentale et britannique<br />

du marché chinois et la coloni<strong>sa</strong>tion<br />

de la Chine ont créé une nouvelle<br />

classe : les riches «compradores»<br />

chinois qui importaient les marchandises<br />

anglaises et facilitaient la conquête<br />

des ressources et des marchés locaux.<br />

Le pillage impérialiste a engendré une<br />

plus grande exploitation de la grande<br />

masse des pay<strong>sa</strong>ns et d’ouvriers chinois<br />

écrasés par de lourds impôts. Les<br />

dirigeants de la Chine pressuraient la<br />

pay<strong>sa</strong>nnerie pour payer les dettes de<br />

guerre et les déficits commerciaux imposés<br />

par les puis<strong>sa</strong>nces impériales occidentales.<br />

Cela a conduit les pay<strong>sa</strong>ns à<br />

la famine et à la révolte.<br />

Au début du 20ième siècle<br />

(moins d’un siècle après les Guerres<br />

de l’Opium), la Chine avait perdu son<br />

statut de puis<strong>sa</strong>nce économique mondiale<br />

; elle était devenue un pays brisé,<br />

à demi colonisé et dont l’immense population<br />

était réduite à la pauvreté. Les<br />

principaux ports étaient contrôlés par<br />

les officiels de l’impérialisme occidental<br />

et l’intérieur du pays était régi par des<br />

seigneurs corrompus et brutaux. Des<br />

millions de personnes étaient devenus<br />

esclaves de L’opium anglais.<br />

Sous mao Zedong, la chine <strong>contre</strong>carrait activement l’agression impériale.<br />

Elle soutenait des mouvements révolutionnaires et des gouvernements<br />

indépendants du Tiers monde<br />

LES uNIVERSITAIRES<br />

britanniques : Eloquents<br />

défenseurs des conquêtes<br />

impériales<br />

Toute la classe académique occidentale<br />

-et à <strong>sa</strong> tête les historiens impérialistes<br />

anglais- ont attribué la domination impérialiste<br />

anglaise sur l’Asie à «la supériorité<br />

technologique» de l’Angleterre<br />

et la pauvreté et de la Chine et <strong>sa</strong><br />

coloni<strong>sa</strong>tion au «retard oriental» <strong>sa</strong>ns<br />

mentionner la supériorité millénaire du<br />

commerce et des avancées techniques<br />

de la Chine qui ont duré jusqu’au début<br />

du 19ième siècle. A la fin des années<br />

1920, avec l’invasion impériale japonaise,<br />

la Chine a perdu son unité. Sous<br />

la loi impériale, des centaines de millions<br />

de Chinois sont morts de faim ou<br />

ont été dépossédés ou as<strong>sa</strong>ssinés pendant<br />

que les puis<strong>sa</strong>nces impériales occidentales<br />

et le Japon pillaient son économie.<br />

Cela a complètement discrédité<br />

toute l’élite chinoise collaboratrice des<br />

«Compradores» aux yeux des Chinois.<br />

Le souvenir du pays prospère,<br />

dynamique et puis<strong>sa</strong>nt qu’a été autrefois<br />

la Chine est resté dans la mémoire<br />

collective du peuple chinois mais a été<br />

complètement occulté par les prestigieux<br />

intellectuels étasuniens et an-<br />

Vol. 5, No. 36 • Du 21 au 27 Mars 2012

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