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1 LA PRIÈRE DU CŒUR de Jean Lafrance, prêtre (1931 ... - Kerit

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<strong>Jean</strong> <strong>Lafrance</strong><br />

le Christ, Dieu <strong>de</strong>vient visage, et l'homme à son tour découvre son propre<br />

visage. »<br />

Dieu, exproprié <strong>de</strong> sa création par le péché <strong>de</strong> l'homme, la reprend par le<br />

<strong>de</strong>dans. A travers le Fiat <strong>de</strong> la Mère <strong>de</strong> Dieu et l’obéissance du Fils, l’abîme<br />

inaccessible revient à nous comme un rafraîchissement, pour employer le terme<br />

biblique. Il revient à nous dans le pain et vin <strong>de</strong> l’Eucharistie. Et alors, quand nous<br />

invoquons le nom <strong>de</strong> Jésus Sauveur, nous faisons mémoire <strong>de</strong> Jésus au sens très<br />

fort <strong>de</strong> mémorial, <strong>de</strong> souvenir vivant et actuel <strong>de</strong> cette présence.<br />

Les Juifs n’osaient plus prononcer le nom <strong>de</strong> Yahvé, tout au plus le grand<strong>prêtre</strong><br />

le prononçait-il une fois par an le jour <strong>de</strong> Yom-Kippour, du grand pardon.<br />

On l’avait remplacé par un vocable plus anodin : Adonaï, Seigneur. En Jésus, le<br />

nom propre <strong>de</strong> Dieu va nous être en quelque sorte révélé. C'est un nom propre<br />

que l’on pourrait dire exproprié. C'est dans la mesure où Dieu sort <strong>de</strong> sa<br />

transcendance, où il se révèle à nous dans la kénose <strong>de</strong> la Croix, dans cette<br />

expropriation totale, qu’il nous révèle son nom propre : Jésus. Jésus signifie :<br />

« Dieu sauve, Dieu met au large, Dieu libère ».<br />

Alors on comprend pourquoi les Apôtres guérissent et opèrent <strong>de</strong>s miracles par<br />

le nom <strong>de</strong> Jésus. Ils font pénétrer la vigueur <strong>de</strong> sa gloire au cœur du mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />

ténèbres du péché et <strong>de</strong> la maladie, pour évacuer le germe <strong>de</strong> mort semé par<br />

Satan. Comme dit Xavier-Léon Dufour : « Les miracles sont <strong>de</strong>s irruptions <strong>de</strong> la<br />

gloire <strong>de</strong> Dieu dans le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la misère. »<br />

Invoquer le Nom <strong>de</strong> Jésus, c'est donc faire mémoire <strong>de</strong> Jésus, au sens<br />

eucharistique <strong>de</strong> l’anamnèse. Chaque fois que nous disons Jésus dans la prière,<br />

nous actualisons sa présence et nous entrons dans son eucharistie. Et en même<br />

temps nous invoquons la Parousie. Toute eucharistie est parousiaque, car en<br />

Jésus tout est récapitulé. Il est l’Alpha et l’Oméga, et quand nous faisons<br />

l’anamnèse du Seigneur Jésus, nous célébrons l’anamnèse <strong>de</strong> l’origine et <strong>de</strong> la<br />

fin <strong>de</strong> l’humanité et du cosmos tout entier. Comme dit Maxime le Confesseur :<br />

« Il est le commencement, il est le milieu et il est la fin <strong>de</strong> toutes choses, et<br />

d’abord <strong>de</strong> notre existence humaine. »<br />

Ainsi dans l’Eucharistie notre vie quotidienne et historique retrouve sa vocation<br />

originelle, qui est d’être une louange <strong>de</strong> gloire à la Trinité. Dans l’épiclèse <strong>de</strong><br />

communion, nous supplions l’Esprit pour tous ceux qui vont partager ce pain et<br />

boire à cette coupe :<br />

« Accor<strong>de</strong> à tous ceux qui vont partager ce pain<br />

et boire à cette coupe<br />

d’être rassemblés par l’Esprit Saint en un seul corps,<br />

pour qu’ils soient eux-mêmes dans le Christ<br />

une vivante offran<strong>de</strong><br />

à la louange <strong>de</strong> ta gloire « (Prière eucharistique IV).<br />

Par l’Eucharistie, nous entrons dans la divino-humanité ou, pour reprendre une<br />

expression qui ouvre et ferme l’Évangile <strong>de</strong> saint Luc, dans la « gran<strong>de</strong> joie ».<br />

L’Eucharistie est le lieu d’une Pentecôte perpétuée, car le corps du Christ est un<br />

corps embrasé <strong>de</strong>s énergies <strong>de</strong> l’Esprit. Quand le <strong>prêtre</strong> dit la gran<strong>de</strong> épiclèse<br />

eucharistique <strong>de</strong> la consécration : « Envoie ton Esprit sur nous et sur les dons que<br />

voilà », nous entrons dans le corps du Christ en communiant à ces dons,<br />

24<br />

La prière du coeur

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