dossier - La Ligue de l'Enseignement
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éducation<br />
Alors que notre habitat est particulièrement<br />
<strong>de</strong>nse et les moyens <strong>de</strong> transports accessibles, toute<br />
une série <strong>de</strong> mécanismes, liés à l’organisation même<br />
<strong>de</strong> la scolarité, facilitent la concentration <strong>de</strong> publics<br />
homogènes, au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> ce que la ségrégation<br />
rési<strong>de</strong>ntielle pourrait laisser prévoir.<br />
<strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong> la Communauté française<br />
ou d’une zone géographique plus limitée. En<br />
procédant <strong>de</strong> cette manière et en comparant<br />
les résultats obtenus dans différents contextes,<br />
par exemple dans différents pays, on parvient<br />
ainsi à estimer la manière dont chaque système<br />
éducatif limite ou, au contraire, amplifie<br />
la concentration <strong>de</strong> certains groupes d’élèves<br />
dans une partie seulement <strong>de</strong> ses écoles. Les<br />
données fournies par les étu<strong>de</strong>s internationales<br />
du type <strong>de</strong> PISA 4 permettent <strong>de</strong> telles<br />
comparaisons.<br />
Malheureusement pour la Communauté<br />
française (mais aussi la Communauté flaman<strong>de</strong>,<br />
à vrai dire), ce type d’analyses<br />
conduit à mettre en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s effets <strong>de</strong>ux<br />
fois plus importants chez nous (<strong>de</strong> l’ordre<br />
<strong>de</strong> 60% d’élèves du groupe cible à affecter<br />
à d’autres écoles pour obtenir une répartition<br />
équivalente dans toutes les écoles) que<br />
dans les pays nordiques. Ainsi, si on considère<br />
les élèves les plus faibles (à travers un<br />
test comme ceux proposés par PISA, aussi<br />
bien en lecture qu’en mathématique ou en<br />
sciences), ces élèves <strong>de</strong> 15 ans sont davantage<br />
concentrés dans un nombre plus limité<br />
d’établissement scolaires chez nous que dans<br />
d’autres systèmes. Si on ajoute à ce constat<br />
que nous connaissons aussi un taux d’élèves<br />
particulièrement faibles bien plus important<br />
que les systèmes d’enseignement du nord <strong>de</strong><br />
l’Europe, on comprend pourquoi on peut véritablement<br />
parler d’effet <strong>de</strong> ségrégation dont<br />
on peut observer la genèse à travers tout le<br />
système éducatif.<br />
Alors que notre habitat est particulièrement<br />
<strong>de</strong>nse et les moyens <strong>de</strong> transports accessibles,<br />
ce qui permet en théorie <strong>de</strong> se déplacer vers<br />
un large choix d’établissements scolaires et<br />
d’accroître la mixité sociale à l’école, dans<br />
un système <strong>de</strong> libre choix, toute une série <strong>de</strong><br />
mécanismes, liés à l’organisation même <strong>de</strong> la<br />
scolarité, facilitent la concentration <strong>de</strong> publics<br />
homogènes, au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> ce que la ségrégation<br />
rési<strong>de</strong>ntielle pourrait laisser prévoir.<br />
On peut ainsi mettre en évi<strong>de</strong>nce, outre<br />
le libre choix lui-même, qui favorise la<br />
concurrence entre écoles et entre familles<br />
plutôt que l’amélioration globale <strong>de</strong> la<br />
qualité, l’organisation <strong>de</strong> filières d’inégales<br />
valeurs et regroupant <strong>de</strong>s élèves d’origine<br />
sociale et académique différentes 5 , l’organisation<br />
<strong>de</strong> certaines filières valorisées et pas<br />
d’autres dans les établissements réputés,<br />
l’orientation par restrictions successives,<br />
<strong>de</strong>s filières générales vers les filières professionnelles,<br />
la culture <strong>de</strong> l’échec qui se marque<br />
notamment par un recours massif au<br />
redoublement plutôt qu’à la remédiation, le<br />
recours à l’enseignement spécialisé dans le<br />
cas d’élèves présentant <strong>de</strong>s difficultés d’apprentissage<br />
gérées par d’autres systèmes<br />
éducatifs au sein <strong>de</strong> l’enseignement ordinaire…<br />
sans parler <strong>de</strong> certaines pratiques<br />
peu avouables, comme la dissuasion informelle<br />
à travers <strong>de</strong>s informations données<br />
lors <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s d’inscription (du type,<br />
« ici, ce sera assez difficile pour votre fils,<br />
compte tenu <strong>de</strong> ses résultats antérieurs »)<br />
ou à travers le coût prohibitif <strong>de</strong>s activités<br />
parascolaires, comme les voyages <strong>de</strong> fin<br />
d’étu<strong>de</strong>s.<br />
Comment limiter les phénomènes <strong>de</strong><br />
ségrégation scolaire ?<br />
Pour van Zanten, « il s’agit-là d’une tâche<br />
difficile car ils [les phénomènes <strong>de</strong> ségrégation]<br />
s’ancrent non seulement dans <strong>de</strong>s choix<br />
<strong>de</strong> politique éducative, comme le libre choix<br />
<strong>de</strong> l’école ou l’autonomie <strong>de</strong>s établissements,<br />
mais dans <strong>de</strong>s processus sociaux et culturels<br />
qu’il est difficile <strong>de</strong> modifier. On songe notamment<br />
au souci d’un nombre croissant <strong>de</strong><br />
familles <strong>de</strong> doter leurs enfants d’un environnement<br />
scolaire leur permettant d’obtenir <strong>de</strong>s<br />
avantages compétitifs en matière <strong>de</strong> scolarisation,<br />
auquel s’ajoute la volonté <strong>de</strong> certains<br />
établissements <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r leurs privilèges dans<br />
<strong>de</strong>s systèmes d’enseignement plus ouverts<br />
qu’autrefois ».<br />
bref<br />
Pauvreté<br />
En Belgique, 14,6% <strong>de</strong> la population vit<br />
sous le seuil <strong>de</strong> pauvreté. C’est ce qui<br />
ressort du premier annuaire fédéral sur<br />
la pauvreté.<br />
Les enfants et les personnes âgées sont<br />
les groupes les plus à risque <strong>de</strong> pauvreté.<br />
Ainsi, 18,5% <strong>de</strong>s enfants âgés <strong>de</strong> 0 à 18<br />
ans vivent sous le seuil <strong>de</strong> pauvreté (soit<br />
près d’un enfant sur 5).<br />
<strong>La</strong> Libre Belgique, 13/01/2012<br />
n° 87 | février 2012 éduquer 13