dossier - La Ligue de l'Enseignement
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scolarité et environnement<br />
documentaires comme « Super<br />
size me » 2 , « Le pain et le vin <strong>de</strong><br />
l’an 2000 » 3 , ou mise à l’honneur<br />
par « Un dîner presque parfait »<br />
et « Masterchef », la nourriture<br />
est plus que jamais à l’affiche<br />
et au programme, bien qu’elle<br />
soit et ait été consommée <strong>de</strong><br />
manière très différente au cours<br />
du temps et à travers le mon<strong>de</strong>.<br />
C’est ce que le visiteur est invité<br />
à découvrir en sillonnant<br />
la troisième partie <strong>de</strong> l’exposition<br />
: « Manger ». Cette section,<br />
plus interactive et ludique que<br />
les autres, permet notamment<br />
d’imaginer un menu <strong>de</strong> fête<br />
en tenant compte d’impératifs<br />
culturels, mais aussi <strong>de</strong> découvrir<br />
les investissements divers et<br />
le marketing <strong>de</strong>s aliments.<br />
Le topinambour (Helianthus<br />
tuberosus) reflète parfaitement<br />
l’investissement culturel, social,<br />
économique ou environnemental,<br />
et ce au travers <strong>de</strong>s<br />
époques. Appelé également<br />
artichaut <strong>de</strong> Jérusalem, truffe<br />
du Canada, poire <strong>de</strong> terre ou<br />
soleil vivace, sa polynomie illustre<br />
à merveille son investissement<br />
sociolinguistique.<br />
Cette plante, cultivée comme<br />
légume pour ses tubercules,<br />
est riche en inuline et peut se<br />
consommer comme la pomme<br />
<strong>de</strong> terre. Originaire d’Amérique<br />
du Nord, le topinambour fut<br />
observé pour la première fois<br />
par Champlain au Canada. Il<br />
fut ensuite introduit en Europe<br />
au début du 17 e siècle et s’est<br />
répandu par la culture dans les<br />
zones tempérées.<br />
Le mot « topinambour »<br />
résulte <strong>de</strong> la francisation du<br />
nom d’une tribu du Brésil, les<br />
Topinamboux (Tupinambas),<br />
dont plusieurs membres furent<br />
amenés comme curiosité à<br />
Paris en 1613 à Henri IV. Jadis<br />
très consommé, car peu cher et<br />
se cultivant très bien dans nos<br />
régions, mais également largement<br />
utilisé comme fourrage<br />
pour les animaux d’élevage, le<br />
topinambour fut l’un <strong>de</strong>s composés<br />
alimentaires <strong>de</strong> base aux<br />
17 e et 18 e siècles. Cependant,<br />
du fait <strong>de</strong> ses effets aérophagiques,<br />
il fut délaissé par le peuple<br />
sous la pression <strong>de</strong>s nobles<br />
et bourgeois. Durant les <strong>de</strong>ux<br />
Guerres mondiales, l’occupant<br />
ayant monopolisé la pomme<br />
<strong>de</strong> terre, ce légume, alors exclusivement<br />
réservé au fourrage,<br />
revient sur le <strong>de</strong>vant <strong>de</strong><br />
la scène ! Après la Libération,<br />
le topinambour fut renié et jeté<br />
aux oubliettes, car il était synonyme<br />
tout simplement <strong>de</strong> mauvais<br />
souvenirs. Aujourd’hui, cet<br />
aliment refait peu à peu surface<br />
en Europe en tant que « légume<br />
oublié », notamment au<br />
vu <strong>de</strong> ses caractéristiques alimentaires<br />
excellentes pour la<br />
santé. Cependant, il reste environ<br />
trois fois plus cher que la<br />
pomme <strong>de</strong> terre...<br />
Imaginer <strong>de</strong>s solutions<br />
Les défis posés, il revient<br />
maintenant au visiteur, jeune<br />
comme moins jeune, à se poser<br />
<strong>de</strong>s questions et à prendre<br />
<strong>de</strong>s décisions afin <strong>de</strong> relever les<br />
défis à venir. C’est ce qui lui est<br />
proposé dans l’avant <strong>de</strong>rnière<br />
partie <strong>de</strong> l’exposition intitulée<br />
« Imaginer ».<br />
De plus en plus d’habitants<br />
en ville et <strong>de</strong> moins en moins<br />
<strong>de</strong> terres disponibles, tout ça<br />
sur fond d’explosion démographique<br />
et <strong>de</strong> changements<br />
climatiques : voilà le problème<br />
posé. Certaines populations<br />
d’Asie, comme en Thaïlan<strong>de</strong> ou<br />
au Bangla<strong>de</strong>sh, sont déjà victimes<br />
<strong>de</strong> notre inaction ! Cette<br />
partie <strong>de</strong> l’exposition envisage<br />
donc <strong>de</strong>s pistes <strong>de</strong> réflexion<br />
afin <strong>de</strong> nourrir 9 milliards<br />
d’êtres humains en 2050, tout<br />
en conciliant les trois impératifs<br />
suivants : santé, durabilité et<br />
saveur. <strong>La</strong> solution ? Mieux utiliser<br />
les ressources existantes ;<br />
produire et se nourrir différemment.<br />
Ainsi, manger <strong>de</strong>s algues,<br />
<strong>de</strong>s insectes (entomophagie),<br />
ou le freeganisme (glanage alimentaire)<br />
visent un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
vie alternatif dont le but est <strong>de</strong><br />
diminuer son empreinte dans la<br />
société <strong>de</strong> consommation, afin<br />
que chacun puisse manger à<br />
sa faim, sans que personne ne<br />
manque <strong>de</strong> l’essentiel.<br />
Enfin, la <strong>de</strong>rnière partie<br />
<strong>de</strong> l’exposition intitulée<br />
« Gastronomie » présente le travail<br />
<strong>de</strong> plusieurs grands chefs<br />
étoilés, ainsi que leurs efforts<br />
pour préserver notre planète<br />
et la diversité <strong>de</strong>s saveurs <strong>de</strong><br />
nos assiettes. Une bonne occasion<br />
<strong>de</strong> faire comprendre aux<br />
élèves que leur futur est dans<br />
leurs assiettes !<br />
Parsemée <strong>de</strong> stands invitant<br />
au jeu et à la découverte<br />
d’éléments fondamentaux<br />
constituant notre alimentation<br />
aujourd’hui, l’exposition se veut<br />
didactique et interactive. Idéale<br />
pour les écoles, fondamentales<br />
comme secondaires, l’exposition<br />
met à disposition tout le<br />
matériel pédagogique nécessaire<br />
et invite les enseignants à la<br />
visiter. Attention, la réservation<br />
est obligatoire pour les écoles<br />
et <strong>de</strong>s visites guidées sont organisées.<br />
Afin <strong>de</strong> continuer en<br />
classe la réflexion, un <strong>dossier</strong><br />
pédagogique est téléchargeable<br />
à l’adresse suivante : www.<br />
expo-atable.be/fr/ecoles. ■<br />
1. Pour plus d’informations :<br />
Rastoin, 2005, Un système alimentaire<br />
socialement responsable<br />
est-il un oxymore ?, in Le Roy F.,<br />
Marchesnay M., <strong>La</strong> responsabilité<br />
sociale <strong>de</strong> l’entreprise, Editions<br />
EMS, Management et Société,<br />
chapitre 12, pp. 157-1168 ;<br />
Rastoin J.L., 2005, Agriculture,<br />
alimentation, développement<br />
rural : quelle politique publique ?,<br />
in Économies et Sociétés, Cahiers<br />
<strong>de</strong> l’ISMEA, Tome XXXIX, n°5, mai<br />
2005, série « Systèmes agroalimentaires<br />
», AG, n° 27, Paris, pp.<br />
827-834.<br />
2. Film documentaire <strong>de</strong> Morgan<br />
Spurlock (2004).<br />
3. Film documentaire <strong>de</strong> Jean<br />
<strong>La</strong>llier (1964).<br />
On voit se <strong>de</strong>ssiner, <strong>de</strong>puis la fin du siècle <strong>de</strong>rnier, un<br />
quatrième âge <strong>de</strong> l’alimentaire que nous qualifions<br />
d’agro-tertiaire car les aliments ten<strong>de</strong>nt à <strong>de</strong>venir - du point<br />
<strong>de</strong> vue <strong>de</strong> leur contenu économique - non plus <strong>de</strong>s biens<br />
matériels mais <strong>de</strong>s services. Jean-Louis Rastin<br />
n° 87 | février 2012 éduquer 55