dossier - La Ligue de l'Enseignement

Petite Histoire de la
photographie...
Initialement envisagée comme un outil de représentation par les scientifi ques,
la photographie éveille ensuite la curiosité des artistes, puis gagne lentement
sa légitimité en tant que médium artistique. Récit d’une aventure qui la conduit,
depuis une trentaine d’années, à se fondre dans le paysage de l’art contemporain.
Bien qu’elle soit un long processus,
on peut attribuer l’invention
de la photographie à
Nicéphore Niepce, en 1826.
Considérée comme la première
image fixée, son « Point de vue
pris d’une fenêtre du Gras » est
obtenue en négatif sur un papier
enduit de chlorure d’argent. Le
cliché incite plusieurs scientifiques
à s’engager dans la voie
de l’expérimentation. En 1829,
Niepce s’associe avec l’inventeur
français Louis Jacques
Mandé Daguerre, qui met au
point le daguerréotype, le premier
procédé photographique
commercialisé. L’image est
alors formée sur une plaque de
cuivre plaquée d’argent, facilement
abîmée par les marques
de doigts et les variations hygrométriques,
et devait donc être
encadrée sous verre.
Ce n’est qu’en 1839 que le
physicien britannique William
Fox Talbot aboutit, suite à une
série d’expériences, à la présentation
d’une technique permettant
d’obtenir une image sur
papier par action de la lumière.
Il met également au point la
photographie avec négatif et
sur papier et, en 1851, imagine
un procédé de photographie
instantané.
Les débuts de la
photographie
En 1855, lors de l’Exposition
universelle de Paris, la photographie
est toujours considérée
comme une découverte
technique et non comme une
pratique artistique. En 1858,
Nadar est le premier à prendre
une vue aérienne en ballon au
dessus de Paris. Il est aussi l’un
des premiers utilisateurs de la
lumière artificielle, en 1861,
dans les catacombes. Par ces clichés
des conduits et des tuyaux
des égouts, Nadar démontre
ainsi que la photographie est
en mesure de dévoiler une information
visuelle comportant
un grand nombre de données
physiques.
A côté des professionnels de
l’époque, de nombreux amateurs
s’organisent en clubs, discutent
des problèmes techniques
et lancent de grands débats
philosophiques sur les capacités
de la photographie. La première
génération de photographes
d’art, parmi lesquels on compte
Julia Margaret Cameron et
Lewis Carroll, n’émerge qu’entre
1860 et 1880. Encore sous
l’influence de la peinture, la
photographie tend alors à imiter
les canons picturaux.
A partir des années 1880,
quelques scientifiques, dont
Eadweard Muybridge, s’intéressent
au mouvement et parviennent,
de manière séquentielle,
à saisir l’instantanéité de la vie.
Leurs découpages visuels des
modes de déplacement, du galop
du cheval au vol des oiseaux,
circulent dans les revues et sont
très vite vulgarisés.
L’essor de la photographie
En 1888, George Eastman
simplifie à l’extrême la photographie
en lançant le célèbre
« clic-clac Kodak ». Son slogan :
« Vous appuyez sur le bouton,
nous faisons le reste ». La bourgeoisie
produit alors ses propres
clichés et les professionnels, qui
détenaient jusqu’alors un savoir
difficilement transmissible,
tentent de trouver de nouvelles
représentations.
Le pictorialisme apparaît com-
n° 87 | février 2012 éduquer 21