Ce que l'on voit sur la scène, c'est l'atelier musique. Les associations comme Mexem, Bwanjep ne font pas que de la musique. Jis font partie intégrante de la tribu et ils ne sont pas seulement des joueurs d'instruments. Il y a aussi des grandmères, des enfants, des femmes .. . Le Kaneka n'est pas la seule activité de 1' association JEMAA ou VAMALEY, par exemple. On regarde trop ce phénomène social par le petit bout de la lorgnette artistique. Les gens ne jouent pas que de la guitare dans la vie de tous les jours. La population d'acteurs, c'est la jeunesse et tout le monde est d'accord pour dire que c'est la tra<strong>nc</strong>he de population à risque. Quand on brûle le magasin Barreau, c'est cette tra<strong>nc</strong>he-là qui est visée. La plupart de la population active, dans le Kaneka, est en dehors du marché de l'emploi et a été rejetée du système éducatif académique. Ils arrivent dans leur cadre de vie qui est la tribu. Les gens se retrouvent en dehors du marché de l'emploi mais ce qui est sûr, c'est que la vie continue, do<strong>nc</strong> il faut continuer à se "démerder" avec sa situation !. Eux, essaient et ils sont porteurs du Kaneka. Ils se sont pris des repères à eux. C' est une démarche d' insertion avec une prise en charge des gens par eux-mêmes, avec les aides des institutions comme la Provi<strong>nc</strong>e ou les communes. MV - Le Kaneka a un tel succès qu'il y a une récupération marchande. JK - Comme tout mouvement, d'abord c'est un art mineur que 1' on regarde de haut. Ici, malgré que 1' on vive sur une île éloignée des grands centres où les choses se passent: New York, Paris, on écoute quand même du jazz, du reggae, de la musique africaine, du flame<strong>nc</strong>o ... On est entouré de l'expression artistique de différents peuples du monde. Quand le Kaneka a comme<strong>nc</strong>é à chercher sa propre voie, il était considéré comme un art mineur, puis après, le mouvement a pris de 1' ampleur et il y a des co<strong>nc</strong>erts qui se sont donnés. A un moment, en Provi<strong>nc</strong>e Nord, il n'y avait presque pas de week-end sans co<strong>nc</strong>ert, même si cela n' était pas anno<strong>nc</strong>é à la télévision. Cette chose que l'on regardait en tant qu'art mineur devient une valeur marchande. Au début, pour le reggae, quand Bob MARLEY a comme<strong>nc</strong>é, personne ne s' occupait de ça. Ici, on n'échappe pas à cette relation entre 1' artiste et l'industrie médiatique. Le "Kromatik d'or", organisé par RFO, avec le Kaneka , c'est nouveau. C'est un phénomène normal, mais comment l'industrie et l'artistique peuvent-ils continuer à collaborer, sans que l'un n'écrase pas l'autre? Il n'y avait pas tant de studios d'enregistrement avant. Ils ont poussé comme des champignons après une première pluie, ces cinq dernières années. Ca a poussé parce qu'il y a beaucoup de groupes et la plupart sont des groupes kanak. La démarche de récupération de l'industrie est "normale" mais la question est de savoir comment ces deux sources peuvent se marier, comment l'une peut donner la main à (lIEN JENAA : JACQUES KARE o 4' 1' autre. Les studios sont des boîtes privées; je ne crache pas sur l'industrie musicale; c'est la nôtre, c'est celle qui existe. Tout pays a une industrie musicale qui se met en place, tôt ou tard. Nous, ce n'est pas QUELLE EST LA CONTRIBUTION DE L'INDUSTRIE MUSICALE EN TERME D'APPROCHE DE DÉVELOPPEMENT? <strong>©</strong> <strong>Mwà</strong> <strong>Véé</strong>/<strong>ADCK</strong>-<strong>CCT</strong> | <strong>www</strong>.<strong>adck</strong>.<strong>nc</strong> parce que l'on s'appellera Kanaky que ce sera différent des autres. La question que je me pose, par rapport à cette récupération, c'est quelle est la contribution de l'industrie musicale en terme d' approche de développement ? En tant que média, comme RFO par exemple, quelle est sa contribution en terme de développement, à part faire la pub d'une cassette qui sort? Dans la mesure où les studios gagnent de l'argent, comment peuvent-ils participer à la mise en place d' ateliers de recherche par exemple, et, par conséquent, tenter d'aller audelà de la simple vente d' un produit de consommation? Toute démarche pour porter le Kaneka vers les autres, est intéressante, mais c'est une démarche individuelle, alors que le Kaneka est une dynamique collective. Il n'y a pas de protection des auteurs, les chansons ne sont pas protégées; un morceau d' une cassette peut partir: rien ne le protège. L'artiste a ses propres problèmes et en plus, il faut qu'il contribue ailleurs. De plus, quand on discute avec des structures comme 1' <strong>ADCK</strong>, il y a des notions de qualité qui interviennent. Si la notion de qualité est primordiale quels en sont les critères d' appréciation ? Celui qui est demandeur de qualité doit bien comprendre que, quand il demande de la qualité à un groupe comme Bwanjep, qu'il ne s'adresse pas aux Rolling Stones qui sont, eux. un groupe professionnel avec une trésorerie qui tourne sur le marché. Bwanjep est une association de gens qui habitent Bas-Couina, Ce sont toujours les mêmes qui doivent réagir. La création d'un Centre culturel comme le Centre Culturel Jean-Marie Tjibaou émane des politiques et les artistes doivent réagir et eux, on les interpelle maintenant. On vient de planter 1' arbre avec Dominique PERBEN, mais lui, il passe; ce n'est pas lui qui va mettre la vie dedans. Le Centre Yeiwéné à COMMENT DONNER UNE ÂME NATIONALE? Maré est construit. Il faut y mettre la vie: c'est une réalité. Le Centre de Hienghène a été construit, il y a une dizaine d' années mais on a du mal à trouver une vitesse de croisière. Les structures sont en place, il reste à savoir comment donner une âme nationale. Comment ses structures peuvent être le tremplin d'une âme nationale? C'est un travail qui reste à faire au niveau d'une cohésion avec les programmes culturels des îles, du Nord, du Sud. La dynamique artistique est faite par les associations qui sont actives, là où elles vivent. De temps en temps, elles se retrouvent à "Pwolu Jenaa" ou pour l'année des Peuples indigènes, en 93. Mais comment donner une cohésion nationale ? Les associations sont éparses: dans quelle mesure doivent-elles se fédérer?
Les institutions, à mon goût, sont e<strong>nc</strong>ore trop partie pre- nante des problèmes artistiques, alors que ce ne sont pas eux qui dansent. Ce n'est pas 1'<strong>ADCK</strong> qui danse, ce ne sont pas les journa- listes de MWA VEE qui dansent ni les élus de la Provi<strong>nc</strong>e Nord qui jouent de la guitare. Do<strong>nc</strong>, il faut qu'il y ait une dynamique associative qui se consolide, et il faut réfléchir à une fédération nationale ou provi<strong>nc</strong>iale. Il faut que la dynamique associative se structure et ait son propre programme, avec de temps en temps, un projet po<strong>nc</strong>- tuel qui se retrouve avec une institution, pour que tout le monde tire ensemble, que la dynamique associative soit une force de proposition. Le débat est plus riche si les gens sont structurés. Ce sont des chantiers en route. Il faut continuer. La partie artistique est un des aspects de la culture kanak. C'est un des aspects contemporains comme le Kaneka; quelque chose se met en place: comment l'accompagner? C'est difficile de l'accompagner, il faut identifier le phéno- mène et voir comment, avec nos possibilités, on peut 1' accompagner. m Beaucoup de gens font beaucoup de choses dans le pays. Il faut e<strong>nc</strong>ourager les re<strong>nc</strong>ontres entre les différents acteurs, pour faire le point et voir comment coordonner et avoir une cohésion suffisante pour que tout le monde aille dans le même sens. Nouméa - 8février 1995 Propos recueillis par JPV (Voir aussi MWA i 02 "La naissa<strong>nc</strong>e du Kaneka") Jacques "Kiki" KARE Né le i i octobre 1953 - Santo (Vanuatu) Etudes secondaires 1982 - 84 1985 - 87 1987 - 88 1990 - 94 1994 - 95 Animateur radio FR3 I RFO Animateur Radio - Radio Australie Melbourne Att. de Cabinet de J.M. Tjibaou - Région Nord Chargé de Mission Provi<strong>nc</strong>e Nord Conseiller Provi<strong>nc</strong>ial (_(),1l(l(.I MOHS1CLJI' ElllflhIflhIeI B1()tN1)E - l'e) : 45 44 79 Adresse. Centre Culturel Yeiwéné Yeiwéné Tribu de HNAENEDRE La Roche - Mare ert. le ier rn ice de lectu LiI()Lt Ct 3h3O- 17h30 I 00 - I 1h (X) I 13h oU - 17h 3() 08h () - I I h 00 CIIEN JENAA : JACQUES KARE <strong>©</strong> <strong>Mwà</strong> <strong>Véé</strong>/<strong>ADCK</strong>-<strong>CCT</strong> | <strong>www</strong>.<strong>adck</strong>.<strong>nc</strong>
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