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Je souhaite que d'autres artistes du Territoire aillent en
Nouvelle-Zélande voir les sculptures des Maoris. Chez nous,
dans les sculptures, il y a des fois la langue dehors. Chez les
Maoris, il y a aussi la langue dehors. Cela veut dire que l'on
est lié malgré l'océan qui nous sépare. On retrouve des
mêmes façons de faire. Ce n'est pas la même langue mais on
retrouve des mêmes bases.
MV - Toi, où puises-tu ton inspiration?
IW - En moi déjà. Je suis le fruit d'un moulage, le moulage
de ma culture. Je vis dans le milieu. Il y a les gens qui
m'apportent ... Ca mûrit ... Tous les jours de notre vie, on a
des semences qui sont apportées pour notre mémoire. A nous
de faire le tri. Je le fais, ce tri, par rapport à ce que je suis et
par rapport à ceux qui viennent derrière moi.
MV - Que représente pour toi le Musée?
COMME LES LEGENDES, GEST 1W - C'est important. On a nos
PRESENT EN MOI. CA VIENT DU traditions. On a une vie moderne.
MEMOU RE On marche et on avance sur une
QUIFAITVIVRE
route. C'est un des premiers
lieux où j ' ai été faire mes recherches quand j ' ai choisi cette
voie. Pour moi, tout cela est présent. Je n'ai pas vu mais,
comme les légendes, c'est présent en moi; ça vient du passé.
Pour moi, ce n'est pas une création, je puise en moi, c'est un
prolongement, c'est une façon de préserver pour ceux qui
viennent derrière moi, pour les enfants. C'est quelque chose
de vivant, c'est la mémoire qui fait vivre.
Entre moi et les anciens, il n'y a pas de rupture. Je suis un
peu le support de la continuité. C'est ma façon d'écrire ce
que l'on n'a pas écrit. C'est une façon de poser un repère
pour passer le relais. Tout va dans le sens de la création. J'ai
eu la chance d'aller en Nouvelle-Zélande. Il ne faut pas
s'arrêter à ce que l'on fait. Il faut avoir le courage d'aller de
1' avant, d' être un créateur.
MV - N'y-a-t-il pas danger à être devant, par rapport au
groupe?
IW - Non, le groupe vient après. C'est toi qui rentre
d'abord dans le champ. Le groupe vient après. Tu es un peu
la personne test. C'est ma façon de montrer à nos frères qu'il
faut aller de l'avant. Il faut pas dire que l'on veut aller de
1' avant, juste en parlant ! On peut aller de l'avant en parlant,
on peut aller très loin en parlant, même là où l'homme n'a
jamais été. Le lutin, c'est quelqu'un qui voyage, qui est là,
mais qui voyage. Il prend d'autres formes, le tiki, par
exemple. Il change de nom . . . mais il est partout. II faut être
en accord avec sa tradition, savoir ce que l'on veut, le but
que l'on se fixe, savoir que l'on ne vit qu'une fois et qu'à
partir du moment où tu nais, tu nais avec la mort . . . A partir
de là, tu peux aller de l'avant.
MV Tu es responsable d'une Association Culturelle?
IW - Il s'agit de l'Association AYE BAA qui réunit des
personnes de Moindou, Poya, Houaulou et Bourail, des gens
de la région Asie. J'en suis le Président.
ARTISTES KANAK : ITO WAIA
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Photo : Ito Wala