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Les feuilles qui serviront à la confection de la jupe sont laissées quelques heures au soleil et ensuite trempées dans l'eau bouillante afin de les blanchir et les assouplir. Les bordures épineuses de la feuille sont alors enlevées avec un outil tranchant et à nouveau, elles sont exposées, trois, quatre jours au soleil pour accentuer leur blancheur. La construction de la jupe se réalise en pliant la feuille par sa moitié sur une corde fine, elle retombe ainsi en double épaisseur autour de la corde. Serrées les unes contre les autres, chaque feuille est nouée à la moitié de sa longueur. Ces noeuds séparent la jupe en deux parties: la supérieure, plus rigide est consolidée en son milieu par une couture et couvre les hanches, la partie inférieure est plus souple car les feuilles sont effilochées et froissées pour simuler le volume. L'ALOÈS Les fibres d' aloès (Foucroya ou Furoraea. Amaryllidacées) sont à l'origine de filets de pêche, de cordes et danses de panier. Le filet à crevette nommé deang en Yuaanga est une spécialité des tribus de la chaîne, tandis que la fabrication des cordes est une tradition de Maré. Les cordes obtenues à partir de cette fibre sont solides et peuvent être très longues, elles servent à attacher les chevaux, les ânes et les vaches. Les feuilles, coupées à la base, sont choisies assez grandes dans le bouquet d'aloès, les femmes préfèrent celles qui sont d'un vert plus clair car plus faciles à travailler. MATIERES, FORMES ET COULEURS © Mwà Véé/ADCK-CCT | www.adck.nc Etapes de la fabrication desfibres d'aloës: pilonnage, trempage, essorage et séchage
Les feuilles peuvent être passées au feu afin de faciliter le décollement de la peau. Elles sont ensuite tapées à l'aide d'un bâton afin d'en extraire le jus et de les dégager le plus possible de la peau verte qui les recouvre. La feuille, déposée sur un tronc, est battue au fur et à mesure qu'on la tourne elle-même. Une fois extrait le jus et séparé les fibres, des fragments de peau adhèrent encore sur les fibres et c'est l'eau qui accompura le reste du travail en détériorant la peau qui se détachera alors facilement par simples frottements. Il suffit pour cela de faire un paquet noué de chaque feuille et de les laisser tremper dans l'eau de rivière ou de mer durant une semaine. La peau, ramollie par son séjour dans l'eau ne résiste plus aux frottements que l'on inflige à la fibre pour finir de la nettoyer. Séchée au soleil, elle apparaît alors, très fine et bianche, prêtre à l'emploi. © Mwà Véé/ADCK-CCT | www.adck.nc FABRICATION 1'E LACOWE EYALOÈS Pour la fabrication de la corde, les fibres groupées doivent être de longueur égale. On prépare trois écheveaux de fibres qui seront attachés à un poteau afin de commencer le façonnage de la corde. Chaque groupe de fibres est tourné sur lui-même jusqu'à donner l'aspect d'un cordon rigide. Pour rallonger les écheveaux, d' autres groupes de fibres sont insérés parmi les premiers et assemblés entre eux toujours en tournant. L' autre extrémité de 1' écheveau est attaché au soi sur un piquet et nous avons ainsi trois cordes tendues entre ie poteau et les piquets. Les trois brins sont ensuite enrouiés, torsadés entre eux et les extrémités sont terminées par un noeud et une tresse pour l'esthétique. Cette opération demande la participation de piusieurs personnes pour tenir ies brins bien tendus et serrés, tout en soutenant le rythme d'enroulement. 1-4VE6ETAUX ETTRES5A'E $ITUATION cÉOcRAPHIQUE, HI$TORIQUE ET CULTURELLE DE LA VANNERIE La production et i'utiiisation de la vannerie est toujours vivace même si les mouvements migratoires des deux derfières décennies vers la ville lui a fait connaître une baisse sensible au profit des nattes chinoises. Art méconnu des chercheurs, peu de publications lui ont été consacrées de façon approfondie. Depuis 1991, le Musée Territorial de Nouveiie-Caiédonie, en collaboration étroite avec l'A.D.C.K et le M.N.A.A.O. dont R. Boulay à Paris, a commencé un travail approfondi de collecte d'informations concernant les techniques anciennes et contemporaines de tissage. Tout d'abord avec le "projet kada" à Maré, en 1991 et ensuite, avec Batefo en 1993, fédération de 74 associations de femmes de la province Nord. L'objectif est de perpétuer des gestes et des valeurs culturelles propres à la société kanak, Si aujourd'hui certains savoir techniques sont oubliés, l'essentiel reste profondément ancré chez les anciens. Dans la société traditionnelle, la vannerie est une pratique qui accompagne l'enfant de sa naissance jusqu'à sa mort. Elle y est avant tout symbole de vie. Dès la naissance une natte est offerte par 1' oncle maternel au nouveau-né en signe de reconnaissance parentale. A sa mort, son corps sera enroulé dans une natte pour être rendu au clan maternel. Parmi tous les objets traditionnels de vannerie, c'est en effet, la natte qui représente la charge culturelle la plus intense. De forte valeur symbolique, c'est l'objet noble présenté dans les coutumes. "Si juu xam", la vrai natte en langue hmwaeke, est l'objet roi de l'artisanat féminin. Réservé aux femmes, la jeune fille n'apprend le tissage de la natte que lorsqu'elle est en âge de se marier. Cette pratique féminine est nourrie du savoir qui 1' accompagne: les mythes, récits et légendes racontés par les hommes. TECHNIQUES ETRESSA6E Il existe presque autant de façon de faire la natte qu'il existe de régions sur le territoire, il en est de même pour les paniers, nous renverrons donc le lecteur à la bibliographie de la vannerie en fin de chapitre. Selon les régions, on peut trouver jusqu'à six techniques différentes de tressage. Il existe à Maré trois techniques de tressage; le kadaba qui consiste en un tressage diagonal des nattes; le kadaguhebout, vannerie à tressage horizontal; le kadaecessair, technique la plus difficile à tressage vertical. Trois techniques sont également utilisées dans la région de Koné: le xaalhim, dit à nappe inversée; le damajit, dit à nappe horizontale; et le damatrut, dit à nappe verticale. (voir annexes) Les femmes ont introduit d'autres techniques comme le tressage spiralé ou encore, le tressage à nappe parallèle. Elles ont également introduit de nouveaux matériaux plastiques et des procédés modernes de teinture. LES TEINTURES Autrefois, les teintures utilisées étaient végétales et réalisées à partir de graines, de racines et d'écorces. (voir chapitre des couleurs) La réalisation des motifs se faisait, soit avec des fibres différemment teintées, soit en jouant avec les diverses pigmentations naturelles des matériaux. L' écorce noir-violacé du bananier soleil, par exemple était utilisé à cet effet. Aujourd'hui les teintures traditionnelles se sont perdues au profit de moyens plus modernes. Les feuilles de carbone à encre bleu ou rouge sont, depuis la deuxième guerre mondiale, utilisées pour teindre les végétaux qui serviront à la construction des motifs. Les feuilles de pandanus sont mises à bouillir avec les feuilles de carbone et ressortent de cette épreuve rose ou mauve, selon le carbone choisi. D' autres teintures vendues dans le commerce sont utilisées pour les autres couleurs. 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