© Mwà Véé/ADCK-CCT | www.adck.nc

t
Avec
Jipé
LE
BARS,
ça
a
été
un
ressourcement.
J'ai
regar-
dé
des
livres
sur
la
culture.
Avant,
je
peignais
des
paysages.
A
Yaté,
il
n'y
avait
que
ça,
la
nature.
Le
premier
tableau,
c'était
une
commande:
je
l'ai
vendu
10.000
F.
C'était
le
bar-
rage
de
Yaté.
Après,
j
'
ai
eu
envie
de
montrer
que
je
savais
dessiner.
A
18
ans,
je
n'ai
plus
aimé,
j'ai
voulu
travailler
autrement
et
peindre
pour
moi.
Même
maintenant,
pour
faire
une
expo,
je
n'
ai
pas
envie
de
me
montrer.
Je
peux
parler
de
moi,
mais
c'est
difficile
de
me
faire
connaître.
Déjà,
des
livres
comme
Ko
I
Neya,
c'est
beaucoup
L'EXPOSITION
Je
vais
exposer
sur
le
thème
du
Sapin.
Mais
ce
n'est
pas
fini.
C'est
une
tête:
le
sapin
est
une
tête.
Peut-être,
après,
il
y
aura
une
autre
expo,
sur
un
autre
thème,
avec
un
nouveau
logo.
Ce
que
j'expose
là,
c'est
le
travail
de
cette
année.
L'INSPI
RATION
Je
commence
toujours
par
le
fond.
J'utilise
des
repères,
j'ouvre
un
livre,
je
regarde.
Si
ça
me
plaît,
alors
je
délire
par
rapport
à
ce
que
je
vois:
ça
peut
être
une
épaule,
une
porte,
une
entrée
de
maison,
je
vois
plein
de
choses
.
.
.
Là,
je
ferme
le
livre
pour
ne
pas
perdre
le
fil,
sinon
le
modèle
va
me
gêner.
Après,
ça
défile,
ça
ne
s'arrête
plus,
je
ne
sais
plus
où
je
suis;
il
faut
que
je
choppe
l'idée.
J'essaie
d'en
chopper
une,
deux
ou
trois,
parce
que
j'ai
remarqué
que
quand
ça
défile,
ça
défile
et
quand
ça
se
termine,
ça
se
termine.
Je
n'arrive
pas
à
retourner
en
anière,
je
ne
vois
plus
rien.
COMMUNIQUER
Un
jour,
quelqu'un
m'a
dit:
-
"Je
ne
veux
pas
voler
ton
rêve,
mais
je
vois
sur
ton
dessin
plein
de
guerriers
qui
dansent,
deux
nains
qui
passent,
se
faufilent
et
il
y
a
un
géant
qui
sort
parmi
les
danseurs
..."
Il
avait
rêvé
la
même
chose.
Il
a
dit:
-
"Il
y
a
ceux
qui
sont
sous
terre
et
ceux
qui
sont
au-dessus
du
sol".
Alors,
j'ai
dit:
-
"Je
sais
ce
que
je
vais
faire.
Je
vais
faire
une
boule
de
lumière
entre
eux:
ce
sera
la
vie
après
la
mort".
L'inspiration,
elle
vient
comme
ça.
Parfois,
c'est
quelqu'un
qui
parle
de
ce
qu'il
a
fait
en
tribu.
Je
vais
mimer
une
scène;
je
délire
par
rapport
à
ce
qu'il
m'a
raconté,
je
fais
à
ma
façon,
j'interprète.
En
1992,
on
avait
exposé
à
Aquatinte.
J'avais
fait
des
grottes.
Des
hommes
entraient
dans
une
grotte,
ils
dansaient;
après
le
vide,
il
y
avait
de
l'eau
en
bas.
Quelqu'un
m'a
dit:
-
"Où
as-tu
regardé
le
dessin
?"
-
"Je
ne
sais
pas.
Je
l'ai
fait
comme
ça
...
J'ai
pensé
à
Yaté,
où
il
y
a
une
grotte;
quand
tu
rentres,
il
faut
donner
des
pièces,
parce
que
quand
tu
passes,
tu
ne
peux
plus
retourner.
Il
faut
toujours
donner
parce
qu'il
y
a
les
vieux
qui
marchent
ici.
ARTISTE$
KANAK
:
U'ENI5E
TIAVOUANE
'o
Dans
la
peinture,
j'ai
fait
de
l'eau
pour
montrer
qu'on
ne
retrouve
plus
les
personnes
qui
passent
dans
la
mer.
Ils
ont
disparu
mais
ils
sont
vivants.
C'est
pour
ça
que
l'on
me
dit
que
les
guérisseurs
doivent
être
là.
Il
faut
qu'ils
soient
là.
Ils
les
guérissent,
ils
les
font
revenir,
il
les
tirent
mais
il
ne
faut
pas
attendre
plus
de
deux
ou
trois
jours
parce
qu'après,
ils
crèvent.
Ils
nous
voient,
mais
nous,
on
ne
les
voit
pas.
Ils
ne
sont
pas
morts,
ils
ont
disparu
dans
l'eau.
La
personne
-
c'est
quelqu'un
de
Poindimié
-
m'a
dit:
-
"En
ce
moment,
je
travaille
sur
un
thème
comme
ça,
je
suis
en
train
de
faire
mon
livre".
Je
vais
lui
donner
une
photo
du
tableau
pour
l'illustrer.
Il
y
a
eu
communication
parce
que
moi,
j'étais
en
train
de
faire
une
peinture
mais,
lui,
il
était
en
train
de
faire
un
livre;
on
était
peut-être
en
train
de
communiquer.
-
"Toi,
tu
vas
raconter
la
suite,
la
tribu
en
dessous,
dans
ton
livre.
Moi,
ça
s'arrête
là
mais
le
tableau
va
voyager".
Il
y
a
un
autre
vieux
qui
m'a
dit:
-
"Cette
histoire
de
la
tribu
dans
la
grotte,
elle
existe".
Il
dit
que
c'est
la
Roche
Percée
de
Bourail:
-
"En
dessous
de
l'eau,
il
y
a
une
tribu.
C'est
le
passage
des
morts".
Moi,
je
ne
savais
pas.
Quand
je
ressens
quelque
chose,
je
dessine,
je
fais
sortir,
je
fais
parler
ce
qui
est
en
moi,
comme
des
contes
et
légendes.
Une
autre
fois,
j'étais
en
plein
dans
les
grottes.
Un
sculp-
teur
m'a
dit:
-
"Moi
aussi,
j'ai
fait
le
même
thème,
j'ai
fait
une
grotte
;
c'est
là
que
les
esprits
des
vieux
restent".
Je
me
disais
que
c'étaient
peut-être
les
vieux
qui
me
par-
laient.
Je
dis
toujours
qu'il
y
a
peut-être
une
communication.
J'ai
discuté
avec
un
sculpteur.
Il
dit
qu'il
faut
faire
atten-
tion
quand
on
parle,
parce
que
les
vieux,
ils
vont
nous
prendre.
C'est
pour
ça
que
j'ai
des
barrières,
que
je
me
bloque.
-
"Quand
tu
marches,
les
vieux,
ils
sont
là
à
te
sur-
veiller,
il
ne
faut
pas
trop
les
trahir".
Il
me
parle
souvent
comme
ça,
parce
que
lui
aussi,
il
sculp-
te.
Il
fait
beaucoup
de
lézards,
de
transformations
d'hommes
dans
les
arbres,
des
nains,
des
choses
comme
ça
...
C'est
comme
Dick
BONE,
il
est
dans
les
délires,
lui
aussi.
Il
est
plus
loin
que
moi.
C'est
un
artiste
qui
fait
de
belles
choses.
C'est
vrai,
il
fait
de
belles
choses,
il
travaille
toujours
bien,
il
fait
toujours
attention.
Moi
aussi,
quelquefois,
j'arrive
à
communiquer,
comme
Paula.
J'arrive
à
dire
quelque
chose
à
quelqu'un
par
le
des-
sin.
Une
fois,
j'ai
vu
passer
un
copain
devant
le
café
de
Paris
etje
l'ai
dessiné.
Je
ne
voulais
pas
parler,
seulement
dessiner.
Plus
tard,
je
lui
ai
dit:
-
"Tiens,
regarde
ça
!"
-
"Où
m'avais-tu
vu
?".
Il
faut
essayer,
voir
comment
se
fait
la
communication
quand
tu
parles
sans
utiliser
ton
corps.
J'ai
déjà
fait
plusieurs
fois
l'expérience,
j'essaie
de
faire
comme
dans
le
temps:
au
1
© Mwà Véé/ADCK-CCT | www.adck.nc