Francine Arroyo VARIABILITÉS VOCALIQUES EN FRANÇAIS ...

1. Méthodologie
La méthodologie mise au point par Harmegnies et Poch a pour
objectif de démontrer que la situation de communication influe sur le
système vocalique. Il est donc nécessaire d’analyser les voyelles dans
le même contexte afin de ne tenir compte que des variations dues au
style de parole. Etant donné qu’il est impossible de contrôler le corpus
en parole spontanée (une conversation), puisqu’il dépend de l’intention
de communication du locuteur, le corpus en parole de laboratoire doit
être élaboré à partir de celui en parole spontanée. Le sujet doit donc
reproduire, dans des conditions de laboratoire, des mots extraits du
corpus spontané. Dans les deux versions, le son analysé se trouve ainsi
dans un environnement constant et les différences observées ne
peuvent pas être attribuées au contexte. Dans tous les cas, les voyelles
analysées sont en position CVC.
Les analyses sont basées sur les valeurs fréquentielles des deux
premiers formants qui témoignent des phénomènes caractérisant les
voyelles. Le traitement statistique de ces valeurs va permettre des
approches qualitatives et quantitatives, et l’analyse de chaque paire de
voyelles observées (en parole spontanée et en parole de laboratoire) de
constater si le timbre et les nuages formés par les fréquences
formantiques varient selon le style de parole. D’autre part, cette
analyse permettra aussi de vérifier si le changement de style de parole
agit comme une source de variabilité à l’intérieur d’un même nuage.
Avec les informations ainsi obtenues nous pourrons mieux comprendre
si la structure globale du système vocalique change sous l’effet du
style de parole.
2. Recueil des données
Pour obtenir le corpus en parole spontanée, nous avons enregistré
une conversation d’une quarantaine de minutes avec un étudiant de
Didactique du Français de la Faculté des Lettres de l’Université de
Lisbonne, dans une salle insonorisée du laboratoire de langues de cette
faculté. Après transcription orthographique de l’interview, nous avons
repéré des mots où les voyelles étudiées se trouvaient en position
CVC, afin de les lui faire lire, un à un, dans un ordre aléatoire, pour
constituer le corpus en parole de laboratoire. Cette procédure de
lecture permet d’éliminer au maximum les effets de liste.
Nous avons tenté de sélectionner, pour chaque voyelle, trente
réalisations différentes. Cela n’a pas été possible pour tous les sons: [e
] n’apparaît que 25 fois en position CVC, [u], 20 fois, [o], 12 fois, [œ],
11 fois et [∅], 4 fois. Nous avons ainsi obtenu, pour l’ensemble des dix
voyelles orales du français analysées, 222 paires, chaque paire étant