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Format PDF - Analyses littéraires des romans de Jules Verne

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être utilisées dans ce texte, et qui font souvent référence à la mer, à l’eau. L’un <strong><strong>de</strong>s</strong> corollaires<br />

directs <strong>de</strong> ces références faites à la mer concerne évi<strong>de</strong>mment les dimensions fantastique et<br />

mythique : « Le volcan rugissait comme un monstre énorme, semblable aux Léviathans <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

jours apocalyptiques, et vomissait d’ar<strong>de</strong>ntes fumées mêlées à <strong><strong>de</strong>s</strong> torrents d’une flamme<br />

fuligineuse. » (page 135). Cette métaphore fantastique (et mythique), qui renvoie au<br />

Léviathan, se retrouve d’ailleurs par la suite dans un autre grand roman <strong>de</strong> <strong>Jules</strong> <strong>Verne</strong>, à<br />

savoir Vingt mille lieues sous les mers (1869) : « Il y croyait comme certaines bonnes femmes<br />

croient au Léviathan - par foi, non par raison. » (pages 26-28, concernant le commandant<br />

Farragut et sa croyance au monstre <strong><strong>de</strong>s</strong> mers). Or le Léviathan, qui est un monstre aquatique<br />

<strong>de</strong> la mythologie phénicienne, est mentionné dans la Bible, où il <strong>de</strong>vient le symbole du<br />

paganisme. Cette référence indirecte au paganisme (=> païen) renvoie ainsi à Paganel (ils sont<br />

formés tous les <strong>de</strong>ux à partir <strong>de</strong> la même structure étymologique : Paganel paganisme) qui<br />

certes croit en la Provi<strong>de</strong>nce, mais surtout en la science géographique, autre élément <strong>de</strong> culte<br />

et d’adoration <strong>de</strong> la part du géographe.<br />

Il est amusant cependant <strong>de</strong> remarquer comment, en filigrane, <strong>Jules</strong> <strong>Verne</strong> renvoie aussi à<br />

certains passages <strong>de</strong> son propre roman, comment ce <strong>de</strong>rnier pratique ce que l’on appelle<br />

aujourd’hui l’intratextualité : « Mais c’est la confusion <strong><strong>de</strong>s</strong> langues, comme à Babel ! » (page<br />

162). Cette métaphore mythique très connue, fait référence à la célèbre Tour <strong>de</strong> Babel où<br />

Dieu, d’après la Bible, aurait anéanti tous les efforts <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes (les fils <strong>de</strong> Noé) par la<br />

confusion <strong><strong>de</strong>s</strong> langues (Babel est le nom hébreu <strong>de</strong> Babylone). Or, et comme nous l’avons vu<br />

précé<strong>de</strong>mment, <strong>Jules</strong> <strong>Verne</strong> parle directement <strong>de</strong> Noé à la page 283, notamment lors <strong>de</strong> la<br />

discussion entre Paganel et Mac Nabbs. Cette première métaphore, qui parle indirectement <strong>de</strong><br />

Noé, par l’intermédiaire <strong>de</strong> ses fils, préfigure incontestablement ce passage où il est<br />

directement discuté du célèbre passage <strong>de</strong> la Bible relatant l’histoire <strong>de</strong> l’arche <strong>de</strong> Noé… Or<br />

tout cela ne fait-il pas référence à un homme (Noé / capitaine Grant) et à ses enfants (les fils<br />

<strong>de</strong> Noé / les enfants du capitaine Grant) ?<br />

D’ailleurs <strong>Jules</strong> <strong>Verne</strong> nous dit bien, là-aussi <strong>de</strong> manière indirecte, à quel point pour lui les<br />

métaphores sont importantes, bien plus que les comparaisons. Dans la métaphore, la<br />

comparaison est sous-entendue, mais il faut bien reconnaître que le passage <strong>de</strong> l’une à l’autre<br />

est parfois très subtile, les nuances ne sont pas toujours aussi évi<strong>de</strong>ntes. Paganel, quant-à-lui,<br />

abhorre les comparaisons : « Ah ! Robert, la comparaison, vois-tu bien, c’est la plus<br />

dangereuse figure <strong>de</strong> rhétorique que je connaisse. Défie-t’en toute la vie, et ne l’emploie qu’à<br />

la <strong>de</strong>rnière extrémité. » (page 229). Car comparaison n’est pas raison, et force est <strong>de</strong> constater<br />

que cette métho<strong>de</strong> qui consiste à comparer (à rapprocher ce qui se ressemble, suivant le dicton<br />

« qui se ressemble s’assemble ») peut engendrer <strong>de</strong> fâcheuses erreurs, telles que celles<br />

commises lors <strong>de</strong> l’interprétation du message à l’origine <strong>de</strong> ce voyage. Il s’agit (une fois <strong>de</strong><br />

plus) d’un raisonnement purement analogique. Or Paganel, bien que décriant ce raisonnement,<br />

l’utilise pourtant très souvent ! Ce <strong>de</strong>rnier n’est <strong>de</strong> toutes façons pas à une contradiction près !<br />

Ou est-ce alors l’auteur qui se moque <strong>de</strong> son personnage ? Pourtant, <strong>Jules</strong> <strong>Verne</strong> utilise luimême<br />

très souvent <strong><strong>de</strong>s</strong> comparaisons dans ses <strong>romans</strong> : les métaphores que nous venons <strong>de</strong><br />

décrire sont toutes <strong><strong>de</strong>s</strong> comparaisons déguisées, tout dépend <strong>de</strong> l’interprétation et <strong>de</strong><br />

l’application stricte <strong><strong>de</strong>s</strong> définitions…<br />

Les références à la mer, et indirectement à Vingt mille lieues sous les mers (qui sera publié<br />

juste après Les Enfants du capitaine Grant) sont nombreuses et certains passages ne sont pas<br />

sans rappeler cet autre chef d’œuvre vernien : « Ah ! la mer ! la mer ! répétait Paganel, c’est<br />

le champ par excellence où s’exercent les forces humaines, et le vaisseau est le véritable<br />

véhicule <strong>de</strong> la civilisation. […] Vingt milles <strong>de</strong> désert séparent plus les hommes que cinq<br />

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