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Format PDF - Analyses littéraires des romans de Jules Verne

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géographie, celui qui sait la véritable géographie. Certes, sa vision est plus complète, mais<br />

force est <strong>de</strong> constater que sa géographie est aussi très encyclopédique et parfois incertaine. La<br />

suite du roman nous montre d’ailleurs que Paganel peut lui aussi, à son tour, commettre <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

erreurs, parfois très regrettables. Le passage avec ce petit aborigène préfigure<br />

incontestablement celui où Paganel va se tromper à propos <strong>de</strong> l’île Tabor (chapitre XXI, 3°<br />

partie). Nul est à l’abris <strong>de</strong> l’erreur, le plus important étant <strong>de</strong> s’en servir pour progresser.<br />

Dans cette aventure, Robert Grant est finalement le grand bénéficiaire <strong><strong>de</strong>s</strong> enseignements<br />

dispensés par le géographe. Ce <strong>de</strong>rnier reconnaît d’ailleurs qu’il s’enrichit aussi beaucoup au<br />

contact du jeune garçon. Car Paganel n’a pas dû côtoyer beaucoup d’enfants dans sa carrière<br />

(a-t-il d’ailleurs <strong><strong>de</strong>s</strong> enfants ?), et cette relation constitue pour lui une expérience nouvelle,<br />

aussi enrichissante que l’expérience concrète <strong>de</strong> la géographie. Quand géographique rime<br />

avec pédagogique : « Cependant Paganel et Robert, <strong>de</strong>vançant leurs compagnons, suivaient<br />

entre les tumuli <strong>de</strong> petites allées ombreuses. Ils causaient et s’instruisaient l’un l’autre, car le<br />

géographe prétendait qu’il gagnait beaucoup à la conversation du jeune Grant. » (page 481).<br />

Peut-être Robert trouve-t-il en Paganel un père <strong>de</strong> substitution, en attendant <strong>de</strong> retrouver son<br />

véritable père biologique… (?)<br />

C) A la recherche du père et du temps perdus.<br />

Le cœur même <strong>de</strong> ce roman est donc la recherche du père disparu. Cette recherche<br />

s’accompagne <strong>de</strong> nombreuses références, directes ou indirectes, qui renvoient toutes à cette<br />

quête initiatique, quasi-mythique. A l’origine <strong>de</strong> l’énigme, figure donc ce manuscrit, ou trois<br />

parties n’en forment qu’une seule, ce qui n’est pas sans rappeler la Trinité, une référence<br />

directe à Dieu, donc au père, lui aussi disparu <strong>de</strong>puis longtemps et que l’on continue pour<br />

autant <strong>de</strong> chercher aujourd’hui encore.<br />

<strong>Jules</strong> <strong>Verne</strong> n’hésite pas non plus à faire une référence directe à son père (biologique ici), et à<br />

ce que son <strong><strong>de</strong>s</strong>tin aurait pu être, sans l’intervention provi<strong>de</strong>ntielle d’un Hetzel, père spirituel<br />

<strong>de</strong> l’auteur. Lors <strong>de</strong> la traversée du Chili, Paganel explique que l’un « <strong>de</strong> ses compatriotes<br />

occupait naguère le trône d’Araucanie. Le major le pria <strong>de</strong> vouloir bien faire connaître le<br />

nom <strong>de</strong> ce souverain. Jacques Paganel nomma fièrement le brave M. <strong>de</strong> Tonneins, un<br />

excellent homme, ancien avoué <strong>de</strong> Périgueux, un peu trop barbu, et qui avait subi ce que les<br />

rois détrônés appellent volontiers « l’ingratitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> leurs sujets ». Le major ayant légèrement<br />

souri à l’idée d’un ancien avoué chassé du trône, Paganel répondit fort sérieusement qu’il<br />

était peut-être plus facile à un avoué <strong>de</strong> faire un bon roi, qu’à un roi <strong>de</strong> faire un bon avoué. »<br />

(page 116). Cette remarque, qui prête à sourire, rappellent cependant que le métier du père <strong>de</strong><br />

<strong>Jules</strong> <strong>Verne</strong> était avoué et que ce <strong>de</strong>rnier avait incité son fils à prendre sa succession, à tel<br />

point que <strong>Jules</strong> <strong>Verne</strong> soutient une thèse en droit (1851) pour reprendre l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> son père<br />

qu’il refusera finalement par la suite… Ce petit clin d’œil, à la fois à son père et à lui-même<br />

(<strong>Jules</strong> <strong>Verne</strong> est à la fois un homme <strong>de</strong> droit et <strong>de</strong> lettres), permet d’introduire dans le récit<br />

une référence personnelle qui montre que l’auteur ne dénigre pas pour autant ce métier qui<br />

peut offrir ainsi tant d’opportunités ! C’est un élément <strong>de</strong> reconnaissance du fils vers son père<br />

tout comme se qui se passe dans l’ensemble du roman. Mais la référence renvoie aussi à<br />

Hetzel, son père spirituel, celui grâce à qui il peut désormais vivre <strong>de</strong> sa passion. Hetzel est en<br />

quelque sorte le second père <strong>de</strong> <strong>Jules</strong> <strong>Verne</strong> à l’image <strong>de</strong> Lord Glenarvan avec Robert : « Ce<br />

<strong>de</strong>rnier, quand il apprit la disparition <strong>de</strong> Robert, fut désespéré. Il se représentait le pauvre<br />

enfant englouti dans quelque abîme, et appelant d’une voix inutile celui qu’il nommait son<br />

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