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Format PDF - Analyses littéraires des romans de Jules Verne

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Pour donner à son discours une forte dimension scientifique, <strong>Jules</strong> <strong>Verne</strong> (toujours par<br />

l’intermédiaire <strong>de</strong> Paganel) cite <strong>de</strong> nombreux savant ayant réellement existé. C’est ainsi qu’à<br />

la page 238 il cite Alci<strong>de</strong> d’Orbigny (1802-1857), un naturaliste français, auteur d’une<br />

Paléontologie française et disciple <strong>de</strong> Cuvier (1769-1832). Cuvier pense que <strong>de</strong> nombreuses<br />

espèces apparues il y a très longtemps ont été détruites par une série <strong>de</strong> catastrophes dont le<br />

Déluge en serait le nom donné par la Bible. Cette théorie « catastrophiste » va à l’encontre <strong>de</strong><br />

celle développée par Charles Lyell (1797-1875), partisan d’une théorie « continuiste »<br />

(Principes <strong>de</strong> géologie, 1832-1833) qui suppose ainsi <strong><strong>de</strong>s</strong> échelles <strong>de</strong> temps plus longues.<br />

Alci<strong>de</strong> d’Orbigny développera par la suite (1849) certains épiso<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> ces temps géologiques<br />

en recensant 27 étages du jurassique au crétacé (ère secondaire). Or, c’est Arago (cité page<br />

296, à propos du déchaînement <strong><strong>de</strong>s</strong> éléments auxquels doivent faire face nos aventuriers) qui<br />

traduit en français en 1840 l’ouvrage <strong>de</strong> Lyell, et permet ainsi aux français (donc à <strong>Jules</strong><br />

<strong>Verne</strong>, qui ne parlait pas anglais) <strong>de</strong> découvrir cette théorie <strong>de</strong> l’évolution lente <strong>de</strong> la Terre.<br />

La double référence, à d’Orbigny, puis à Arago ensuite, n’est pas innocente <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> <strong>Jules</strong><br />

<strong>Verne</strong>. Elle permet <strong>de</strong> montrer dans quel système <strong>de</strong> pensée l’auteur inscrit son roman… Pour<br />

autant, tout cela n’est pas si simple, <strong>Jules</strong> <strong>Verne</strong> étant tenté parfois <strong>de</strong> revenir, voire <strong>de</strong> rester à<br />

un conservatisme plus conventionnel, émettant <strong><strong>de</strong>s</strong> doutes (ses doutes ?) face aux théories<br />

développées par Darwin. La <strong>de</strong>uxième moitié du XIX° siècle est un siècle <strong>de</strong> nombreuses<br />

interrogations, et <strong>Jules</strong> <strong>Verne</strong> s’en fait une fois <strong>de</strong> plus l’écho dans ses <strong>romans</strong>.<br />

II - L’homme et son évolution.<br />

A) De la forme… et du fond.<br />

Au XIX° siècle, une pratique courante consiste à décrire les hommes à partir <strong>de</strong> leur<br />

apparence physique, et plus particulièrement en analysant les traits <strong>de</strong> leur visage. Issue <strong>de</strong> la<br />

phrénologie (étu<strong>de</strong> du caractère et <strong><strong>de</strong>s</strong> fonctions intellectuelles <strong>de</strong> l’homme d’après la<br />

conformation externe du crâne ; cf. supra.) et <strong>de</strong> la physiognomonie (science qui se proposait<br />

<strong>de</strong> connaître les hommes par l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> leur physionomie), cette discipline qui a évolué <strong>de</strong>puis<br />

se nomme actuellement la morphopsychologie (elle a été inventée par Louis Corman en<br />

1937). <strong>Jules</strong> <strong>Verne</strong>, dans ses récits, use et abuse <strong>de</strong> ce genre <strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>criptions. A propos <strong>de</strong><br />

Paganel il déclare ainsi : « Sa physionomie annonçait un homme intelligent et gai ; il n’avait<br />

pas l’air rébarbatif <strong>de</strong> ces graves personnages qui ne rient jamais, par principe, et dont la<br />

nullité se couvre d’un masque sérieux. Loin <strong>de</strong> là. Le laisser-aller, le sans-façon aimable <strong>de</strong><br />

cet inconnu démontraient clairement qu’il savait prendre les hommes et les choses par leur<br />

bon côté. Mais sans qu’il eût encore parlé, on le sentait parleur, et distrait surtout, à la façon<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> gens qui ne voient pas ce qu’ils regar<strong>de</strong>nt, et qui n’enten<strong>de</strong>nt pas ce qu’ils écoutent. »<br />

(page 62). La morphopsychologie se propose ainsi <strong>de</strong> décrire et connaître les traits<br />

psychologiques d’un homme uniquement à partir <strong>de</strong> sa morphologie. Cette <strong>de</strong>rnière établi une<br />

corrélation entre la morphologie d’une personne et les traits psychologiques constitutifs <strong>de</strong> sa<br />

personnalité. Ce raisonnement, purement analogique, est très en vogue au XIX° siècle.<br />

En effet, il existe une autre discipline, chère à <strong>Jules</strong> <strong>Verne</strong>, qui à ses débuts procédait <strong>de</strong> la<br />

même logique : la géomorphologie (science qui étudie les formes du relief terrestre). Par<br />

opposition à la topographie, qui se contente simplement <strong>de</strong> décrire les formes du relief, la<br />

géomorphologie entend expliquer la nature du sol et du sous-sol à partir aussi <strong><strong>de</strong>s</strong> formes du<br />

relief observées à la surface. Certes il y a bien une corrélation entre le fond et la forme, le<br />

processus et la forme, mais elle ne peut être uniquement <strong>de</strong> cause à effet. Pour autant <strong>Jules</strong><br />

<strong>Verne</strong> utilise abondamment ce genre d’interprétations. Ces raisonnements analogiques (fond-<br />

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