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Format PDF - Analyses littéraires des romans de Jules Verne

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cents milles d’océan ! » (page 343). Nemo, un peu plus tard, déclare, toujours à propos <strong>de</strong> la<br />

mer : « La mer est tout ! Elle couvre les sept dixièmes du globe terrestre. » (page 103).<br />

Comment ne pas rapprocher ces <strong>de</strong>ux éloges <strong>de</strong> la mer (/mère…) ? Car rappelons d’autre par<br />

que Les Enfants du capitaine Grant constitue en quelque sorte le premier volume d’une<br />

trilogie composée par la suite par Vingt mille lieues sous les mers (1869-70) et L’Île<br />

Mystérieuse (1874-75), <strong>de</strong>ux autres <strong>romans</strong> où géographique rime aussi avec pédagogique.<br />

B) Quand géographique rime avec pédagogique.<br />

« Nous n’allons pas, on nous mène. Nous ne cherchons pas, on nous conduit » (page 58,<br />

propos <strong>de</strong> Lord Glenarvan). Cette expédition à la recherche du capitaine Grant s’assimile à<br />

ces gran<strong><strong>de</strong>s</strong> expéditions <strong><strong>de</strong>s</strong> XV° et XVI° siècle où les navigateurs partaient toujours avec<br />

l’idée qu’ils étaient couverts par la Provi<strong>de</strong>nce, seul force à-même <strong>de</strong> leur permettre <strong>de</strong> réussir<br />

dans leur entreprise. Les héros <strong><strong>de</strong>s</strong> Enfants du capitaine Grant sont tous croyants et<br />

pratiquants (cf. chapitre V <strong>de</strong> la première partie avec l’imploration <strong><strong>de</strong>s</strong> bénédictions du Ciel<br />

par le révérant Morton). Seule l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> Dieu est capable <strong>de</strong> mener nos héros à bon port…<br />

C’est aussi un moyen comme un autre <strong>de</strong> se rassurer face à une situation inattendue,<br />

imprévisible, et d’exorciser par conséquent l’angoisse liée à cette mort qui ro<strong>de</strong> au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong><br />

nos héros.<br />

La <strong>de</strong>vise qui accompagne les protagonistes <strong>de</strong> cette aventure autour du mon<strong>de</strong> peut se<br />

résumer ainsi : « Ai<strong>de</strong>-toi et le ciel t’ai<strong>de</strong>ra ! ». En effet : « Lady Helena, du haut <strong>de</strong> la<br />

dunette, s’écria une <strong>de</strong>rnière fois : - Mes amis, Dieu vous ai<strong>de</strong> ! - Et il nous ai<strong>de</strong>ra, madame,<br />

répondit Jacques Paganel, car je vous prie <strong>de</strong> le croire, nous nous ai<strong>de</strong>rons nous-mêmes ! »<br />

(page 110). Cet état d’esprit ambiant dans l’expédition témoigne incontestablement du<br />

sentiment d’accomplir une mission quasi-divine (la recherche du père, autrement dit, et<br />

symboliquement parlant, celle <strong>de</strong> Dieu le père), et que le hasard n’existe pas dans ce genre<br />

d’entreprise. Tel est le sentiment <strong>de</strong> Lord Glenarvan : « Profondément religieux, il ne voulait<br />

pas désespérer <strong>de</strong> la justice <strong>de</strong> Dieu en face <strong>de</strong> la sainteté <strong>de</strong> son entreprise […] » (page 748).<br />

En géographie, le hasard n’existe pas non plus, seules les interprétations peuvent être<br />

hasar<strong>de</strong>uses. A ce titre, les maladresses <strong>de</strong> Paganel vont parfois conduire nos héros sur <strong>de</strong><br />

mauvaises pistes, sans pour autant l’avoir fait volontairement. L’erreur est humaine,<br />

persévérer est diabolique : « - Nous nous sommes trompés, répéta Paganel. Mais pour se<br />

tromper, Mac Nabbs, il ne faut qu’être homme, tandis qu’il est fou celui qui persiste dans son<br />

erreur. » (page 325). L’erreur est aussi source d’apprentissage, d’instruction, et il ne faut pas<br />

non plus oublier la part <strong>de</strong> hasard dans l’aventure : « Croyez-moi. Laissez faire le hasard, ou<br />

plutôt la Provi<strong>de</strong>nce. Imitez-nous. Elle nous a envoyé ce document, nous sommes partis. Elle<br />

vous jette à bord du Duncan, ne le quittez plus. » (page 84, propos <strong>de</strong> Lady Helena à<br />

Paganel). Le hasard serait-il en réalité une Provi<strong>de</strong>nce déguisée, et qu’il ne faut surtout pas<br />

oublier <strong>de</strong> remercier le moment venu (?) : « Voilà un gîte suffisant, dit Glenarvan, s’il n’est<br />

pas confortable. La Provi<strong>de</strong>nce nous y a conduits, et nous ne pouvons faire moins que <strong>de</strong> l’en<br />

remercier. » (page 133). Hasard, Provi<strong>de</strong>nce, géographie, initiation, pédagogie, tels sont<br />

autant d’éléments que nous retrouvons dans ce roman <strong><strong>de</strong>s</strong>tiné d’abord à un public jeune, d’où<br />

la présence bien sûr du jeune Robert et <strong>de</strong> sa gran<strong>de</strong> sœur, mi-femme, mi enfant, à savoir<br />

Mary Grant.<br />

Or, dans Les Enfants du capitaine Grant, l’initiation et l’apprentissage qui découlent <strong>de</strong> ce<br />

voyage autour du mon<strong>de</strong> ne sont pas uniquement ceux du jeune Robert. Certes, ce <strong>de</strong>rnier va<br />

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