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Format PDF - Analyses littéraires des romans de Jules Verne

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connaître <strong><strong>de</strong>s</strong> étapes typiques <strong>de</strong> l’initiation, avec notamment l’allégorie mythique, mais certes<br />

réelle dans le roman, d’un condor qui va enlever le jeune enfant pour le conduire encore plus<br />

haut avant <strong>de</strong> re<strong><strong>de</strong>s</strong>cendre sur terre à la faveur d’un coup <strong>de</strong> fusil bien concret <strong>de</strong> Thalcave (le<br />

titre du chapitre s’intitule d’ailleurs « Un coup <strong>de</strong> fusil <strong>de</strong> la Provi<strong>de</strong>nce »). Mais il ne faut pas<br />

non plus oublier Paganel, un enfant lui aussi du capitaine Grant (d’un point <strong>de</strong> vue<br />

symbolique bien sûr), qui partant sur les traces <strong>de</strong> ce courageux capitaine va connaître un<br />

véritable virage dans sa vie. Lorsque <strong>Jules</strong> <strong>Verne</strong> parle <strong><strong>de</strong>s</strong> enfants du capitaine Grant, ils ne<br />

parlent pas que <strong><strong>de</strong>s</strong> enfants biologiques !<br />

Comme dans Le tour du mon<strong>de</strong> en 80 jours (1872-73), l’aspect symbolique et mythique <strong>de</strong><br />

cette aventure est aussi souligné par la direction prise par les héros qui voyagent d’ouest en<br />

est, c’est-à-dire vers le soleil, comme les héros antiques : « Et c’est votre Dieu, dit le Patagon,<br />

qui a confié aux flots <strong>de</strong> la vaste mer les secrets du prisonnier ? - Dieu lui-même. - Que sa<br />

volonté s’accomplisse alors, répondit Thalcave avec une certaine solennité, nous marcherons<br />

dans l’est, et s’il le faut, jusqu’au soleil ! » (page 176). Pour autant, tout cela ne doit pas<br />

s’éloigner aussi du principe qui caractérise les Voyages Extraordinaires (instruire et divertir).<br />

Ainsi, « Il fallait être un Paganel, un <strong>de</strong> ces enthousiastes savants qui voient là où il n’y a<br />

rien à voir, pour prendre intérêt aux détails <strong>de</strong> la route. […] Cela lui suffisait pour exciter sa<br />

facon<strong>de</strong> inépuisable, et instruire Robert, qui se plaisait à l’écouter. » (page 184). Paganel<br />

applique ici la <strong>de</strong>vise retenue par Hetzel à propos <strong><strong>de</strong>s</strong> Voyages Extraordinaires : instruire tout<br />

en divertissant ! En l’occurrence, Paganel (s’)instruit tout en se divertissant (peut-être divertitil<br />

aussi le jeune Robert… ?) ! Force est <strong>de</strong> constater que l’on se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> parfois qui est le<br />

plus enfants <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux, entre Paganel et le jeune Robert : « Le soprano <strong>de</strong> Robert jetait <strong>de</strong> fines<br />

roula<strong><strong>de</strong>s</strong> sur la basse <strong>de</strong> Paganel. C’était à qui serait le plus enfant. » (page 280). Moralité, il<br />

n’y a pas d’âge pour apprendre ! Et heureusement d’ailleurs…<br />

Paganel est donc le scientifique <strong>de</strong> service, mais aussi un enseignant, un pédagogue, celui qui<br />

dispense son savoir à qui veut l’entendre : « - Mais c’est mon métier, madame, <strong>de</strong> savoir ces<br />

choses-là et <strong>de</strong> vous les apprendre au besoin. » (page 435). Paganel est par excellence<br />

l’encyclopédiste du siècle <strong><strong>de</strong>s</strong> Lumières : il sait, il transmet, libre à son auditoire <strong>de</strong> faire la<br />

part <strong><strong>de</strong>s</strong> choses… Car Paganel parfois commet <strong><strong>de</strong>s</strong> erreurs (cf. l’île Tabor, ou encore les<br />

différentes interprétations erronées du manuscrit), ce qu’il se reproche d’ailleurs, mais il lui<br />

arrive d’être aussi incomplet (voire restrictif) dans certaines <strong>de</strong> ses explications. Dans le<br />

chapitre X <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> partie, Paganel donne à Robert un cours d’astronomie générale<br />

(« Robert reçu <strong>de</strong> bonne grâce sa petite leçon <strong>de</strong> cosmographie […] » ; page 448) où il<br />

explique au jeune enfant pourquoi « la chaleur est plus forte en moyenne dans l’hémisphère<br />

austral que dans l’hémisphère boréal » (page 449). Certes, la position <strong>de</strong> la terre par rapport<br />

au soleil a son inci<strong>de</strong>nce sur le problème, mais l’essentiel <strong>de</strong> la différence vient plus d’une<br />

répartition inégale <strong><strong>de</strong>s</strong> continents et <strong><strong>de</strong>s</strong> océans entre les <strong>de</strong>ux hémisphères que d’une simple<br />

position astronomique à un moment précis. Force est constater néanmoins que vu la taille du<br />

roman, si Paganel <strong>de</strong>vait donner l’intégralité <strong><strong>de</strong>s</strong> explications à tous les phénomènes qu’il<br />

décrit, la taille du récit augmenterait <strong>de</strong> manière très significative. Et vu qu’il s’agit là du plus<br />

long roman <strong>de</strong> l’auteur, il est évi<strong>de</strong>nt que <strong>Jules</strong> <strong>Verne</strong> a volontairement limité l’explication à<br />

la partie la plus surprenante du phénomène.<br />

Lors <strong>de</strong> la traversée <strong>de</strong> l’Australie, <strong>Jules</strong> <strong>Verne</strong>, ironique sur la géographie enseignée à un<br />

pauvre aborigène pour qui tout dans le mon<strong>de</strong> dépend <strong>de</strong> la Couronne Britannique (cf. à ce<br />

titre notre analyse sur Le tour du mon<strong>de</strong> en 80 jours), nous montre aussi, et indirectement, que<br />

la géographie <strong>de</strong> Paganel est elle aussi incomplète. Car ce <strong>de</strong>rnier se moque du pauvre enfant<br />

qui ne fait que répéter bêtement ce qu’il appris. Paganel se pose alors en spécialiste <strong>de</strong> la<br />

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