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Format PDF - Analyses littéraires des romans de Jules Verne

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faites par Glenarvan et ses amis). Car c’est bien homme qu’il va falloir trouver. Le seul<br />

problème, c’est où ? La réponse est donc toute trouvée, mais nos héros ne savent pas où<br />

l’appliquer… : « Ils venaient <strong>de</strong> ressaisir le fil <strong>de</strong> ce labyrinthe dans lequel ils se croyaient à<br />

jamais égarés. Une nouvelle espérance s’élevait sur les ruines <strong>de</strong> leurs projets écroulés. Ils<br />

pouvaient sans crainte laisser <strong>de</strong>rrière eux ce continent américain, et toutes leurs pensées<br />

s’envolaient déjà vers la terre australienne. » (page 279). Véritable énigme (posée par le<br />

Sphinx), ce mystérieux message est aussi un authentique fil d’Ariane, évoluant à la faveur<br />

d’une nouvelle interprétation, d’une nouvelle exégèse, à savoir maintenant celle <strong>de</strong> Paganel,<br />

celui qui sait la géographie (du moins qui est censé la savoir…). Cependant, ce Paganel, aussi<br />

doué soit-il, est un homme parfois bien distrait. Sa vision <strong>de</strong> la géographie est idéale et<br />

idéalisée…<br />

B) Une géographie idéale et idéalisée : Paganel.<br />

La dimension géographique <strong>de</strong> ce roman est donc fortement marquée par la présence <strong>de</strong><br />

Paganel, le scientifique <strong>de</strong> service : « […] Jacques-Eliacin-François-Marie Paganel,<br />

secrétaire <strong>de</strong> la Société <strong>de</strong> Géographie <strong>de</strong> Paris, […], qui, après avoir passé vingt ans <strong>de</strong> sa<br />

vie à faire <strong>de</strong> la géographie <strong>de</strong> cabinet, a voulu entrer dans la science militante, et se dirige<br />

vers l’In<strong>de</strong> pour y relier entre eux les travaux <strong><strong>de</strong>s</strong> grands voyageurs. » (page 66) ; « En ce qui<br />

concerne Lady Helena, quand il apprit qu’elle était la fille <strong>de</strong> William Tuffnel, ce fut une<br />

explosion d’interjections admiratives. Il avait connu son père. Quel savant audacieux ! Que<br />

<strong>de</strong> lettres ils échangèrent, quand William Tuffnel fut membre correspondant <strong>de</strong> la Société !<br />

C’était lui, lui-même, qui l’avait présenté avec M. Malte-Brun ! Quelle rencontre, et quel<br />

plaisir <strong>de</strong> voyager avec la fille <strong>de</strong> William Tuffnel ! » (page 75).<br />

Le géographe <strong>de</strong> l’aventure s’appelle ainsi Paganel : comment ne pas voir dans son nom une<br />

référence directe à l’étymologie latine <strong>de</strong> « paysan » (paganus, qui donne par la suite<br />

« païen » ; <strong>Jules</strong> <strong>Verne</strong> fait d’ailleurs référence directement à la « mythologie païenne » à la<br />

page 676 ), cette même étymologie qui signifie littéralement « celui qui vit du travail <strong>de</strong> la<br />

terre, celui qui travaille la terre » ? Or notre homme est géographe, c’est-à-dire que c’est un<br />

spécialiste <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la terre, dans toutes ses déclinaisons. Il est donc un spécialiste <strong>de</strong> la<br />

terre, mais d’une terre théorique, n’ayant jamais voyagé jusqu’à présent ! Or la pratique n’est<br />

pas toujours aussi évi<strong>de</strong>nte que la théorie. Paganel va en faire l’expérience lui-aussi, car il<br />

n’est pas un homme <strong>de</strong> terrain : « Vous avez donc traversé ce pays ? dit-il. - Parbleu !<br />

répondit sérieusement Paganel. - Sur un mulet ? - Non, dans un fauteuil. » (page 120). Cette<br />

célèbre remarque <strong>de</strong> Paganel en dit long sur sa connaissance <strong>de</strong> la géographie, et dénote<br />

indirectement d’une critique faite par <strong>Jules</strong> <strong>Verne</strong> à l’encontre <strong>de</strong> ces géographes <strong>de</strong> cabinet,<br />

peut-être lui-même frustré <strong>de</strong> ne pas pouvoir voyager plus que cela !<br />

Paganel est une véritable encyclopédie, un manuel d’histoire et <strong>de</strong> géographie qui ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

qu’à être feuilleté : « Vous parlez comme un livre, Paganel, répondit Glenarvan. - Et j’en suis<br />

un, répliqua Paganel. Libre à vous <strong>de</strong> me feuilleter tant qu’il vous plaira. » (page 171).<br />

Quelques pages plus loin, <strong>Jules</strong> <strong>Verne</strong> nous confirme cet état <strong>de</strong> fait : « Et bien, Thalcave s’est<br />

trompé cette fois, riposta Paganel avec une certaine aigreur. Les Gauchos sont <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

agriculteurs, <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs, pas une autre chose, et moi-même, je l’ai écrit dans une brochure<br />

assez remarquée sur les indigènes <strong><strong>de</strong>s</strong> Pampas. » (page 193). Certes, Paganel l’a bien écrit,<br />

mais pour autant est-il allé sur le terrain pour vérifier si tout est juste ? Pour Paganel, la force<br />

<strong>de</strong> l’écriture, du texte, est supérieure aux réalités du terrain. La présence d’un manuscrit<br />

incomplet, à l’origine <strong>de</strong> cette aventure, traduit l’idée selon laquelle ce qui est écrit est<br />

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