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Format PDF - Analyses littéraires des romans de Jules Verne

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second père. » (page 147). Peut-être cette recherche du capitaine Grant est-elle l’allégorie<br />

d’un <strong>Jules</strong> <strong>Verne</strong> qui navigue lui-aussi entre <strong>de</strong>ux pères… ?<br />

Au terme <strong>de</strong> cette périlleuse aventure, Robert va <strong>de</strong>venir un homme, et sa sœur une véritable<br />

femme : « Au moment où Robert montait à bord, l’Indien le prit dans ses bras et le regarda<br />

avec tendresse. - « Et maintenant va, dit-il, tu es un homme ! » » (page 312). A l’image<br />

d’Axel dans Voyage au centre <strong>de</strong> la terre, Robert <strong>de</strong>vient progressivement un véritable petit<br />

homme à mesure que le temps passe. Paganel est celui qui traite d’ailleurs ce <strong>de</strong>rnier<br />

véritablement en homme, notamment lors <strong>de</strong> ses propos concernant le cannibalisme <strong>de</strong><br />

certaines peupla<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> Nouvelle-Zélan<strong>de</strong> : « Je n’exagère rien, reprit Paganel. Robert à<br />

montré qu’il était un homme, et je le traite en homme, en ne lui cachant pas la vérité. » (page<br />

697).<br />

Cette dimension initiatique, inhérente à tous voyages, ne touche pas seulement que ce<br />

personnage. En effet, la recherche du capitaine Grant est aussi importante pour ses enfants<br />

que pour certains membres <strong>de</strong> l’équipage <strong>de</strong> Lord Glenarvan. Car il n’a pas échappé à ce<br />

<strong>de</strong>rnier, lors <strong>de</strong> la traversée du continent sud-américain, qu’un rapprochement certain s’est<br />

effectué entre John Mangles et Mary Grant. A ce titre, la recherche du capitaine Grant revêt<br />

une autre dimension : pour <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r la main <strong>de</strong> Mary Grant, il faut absolument que John<br />

Mangles puisse la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r directement à son père : « - C’est entendu, John, répondit<br />

Glenarvan, vous nous accompagnerez ; car il sera bon, ajouta-t-il en souriant, que vous<br />

soyez-là quand nous retrouverons le père <strong>de</strong> Mary Grant. - Oh ! Votre honneur !… mumura<br />

John Mangles. Ce fut tout ce qu’il put dire. Il pâlit un instant et saisit la main que lui tendait<br />

Lord Glenarvan. » (page 418). Tout le mon<strong>de</strong> a finalement intérêt <strong>de</strong> retrouver le capitaine<br />

Grant, et en premier lieu John Mangles. C’est d’ailleurs lui qui s’engagera, après les différents<br />

échecs, et notamment celui <strong>de</strong> la perte du Duncan due à la perfidie d’Ayrton, à retrouver le<br />

capitaine Grant, tôt ou tard. L’engagement que prend ce <strong>de</strong>rnier et auquel répond<br />

favorablement Mary Grant préfigure incontestablement leur engagement final, à savoir leur<br />

mariage…<br />

Lors <strong>de</strong> cette recherche, <strong>Jules</strong> <strong>Verne</strong> n’hésite pas à rappeler à quel point Dieu veille sur cette<br />

petite troupe, car ce <strong>de</strong>rnier n’abandonne jamais ses enfants. En effet, c’est par l’intermédiaire<br />

d’un petit aborigène (habillé trop convenablement au goût <strong>de</strong> Paganel qui souhaiterait bien<br />

plus d’exotisme dans la tenue vestimentaire d’un indigène !) qu’il est rappelé au lecteur « […]<br />

que Dieu veille sur les enfants et ne les abandonne jamais ! » (page 485). Cet enfant, lui aussi<br />

à la recherche <strong>de</strong> ses sources, <strong>de</strong> ses origines, et qui se bat aussi contre le temps perdu, désire<br />

revoir sa famille avant <strong>de</strong> reprendre le fil <strong>de</strong> son éducation. Les Grant ne sont pas les seuls<br />

dans le mon<strong>de</strong> à rechercher leurs parents : cette démarche est universelle, et c’est ce qui fait la<br />

richesse <strong>de</strong> ce roman où l’auteur, dans sa propre vie, possè<strong>de</strong> lui aussi <strong>de</strong>ux pères : son père<br />

biologique et son père spirituel, Hetzel. <strong>Jules</strong> <strong>Verne</strong>, au travers <strong>de</strong> ce roman, rend hommage à<br />

ces <strong>de</strong>ux hommes sans qui tout ce qu’il vit actuellement ne pourrait arriver.<br />

Au travers <strong>de</strong> ce magnifique roman, où géographique rime avec pédagogique et initiatique,<br />

<strong>Jules</strong> <strong>Verne</strong> met en scène parfaitement une <strong><strong>de</strong>s</strong> allégories les plus célèbres <strong>de</strong> notre littérature,<br />

celle <strong>de</strong> la Caverne (<strong>de</strong> Platon). En effet, force est <strong>de</strong> constater qu’au travers <strong>de</strong> Paganel,<br />

éminent géographe… <strong>de</strong> cabinet, l’auteur nous montre à quel point notre connaissance du<br />

mon<strong>de</strong> est partielle, incomplète, souvent biaisée. Une connaissance encyclopédique ne suffit<br />

pas à connaître le mon<strong>de</strong> dans sa réalité objective, si elle n’est pas accompagnée d’une<br />

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