15 Août 1908 - Bibliothèque de Toulouse
15 Août 1908 - Bibliothèque de Toulouse
15 Août 1908 - Bibliothèque de Toulouse
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izi:' : r abCENTfMEs<br />
Organe quotidien cle I>éffeiase Soeiale et Religieuse<br />
RÉDACTION ET ADMINISTRATION : <strong>Toulouse</strong>, Rue Roquelaine, 25<br />
LE 1UMÉR0 5 CEKTlfiES<br />
Trois mois<br />
'«ÀOTE-QABONNK ET DÉPARTEMENTS LIMITROPHES .... 6''<br />
DÉPARTEMENTS NON LIMITROPHES 7 -<br />
ÉTRANGER (Union postale) 10 -<br />
AboDJDementR partent <strong>de</strong>s i" et 18 <strong>de</strong> chaque mois et sont<br />
•«me <strong>de</strong>man<strong>de</strong> dp altangeinent tendresse doit être accoSi^unnée<br />
Six mots<br />
AA tr.<br />
A3 -<br />
Un u<br />
20 fr-<br />
24 -<br />
«O -<br />
d'avance<br />
limes.<br />
ÉDITIONS RÉGIONALES<br />
Lof, Aveyron, Corrèze, Cantal<br />
Gers, HtM-Pyrénées, Basses-Pyrénées, Lan<strong>de</strong>s<br />
Tarn-et-Garonne, Lot-et-Garonne<br />
Tarn, Au<strong>de</strong>, Hérault, Pyrénées-Orientales<br />
Haute-Garonne, Ariège<br />
Edition du matin spéciale a <strong>Toulouse</strong><br />
ANNONCES (i. ps.^ 5 • si b BgSM n fr M<br />
RÉCLAMES — — 4-50<br />
RÉCLAMES (3. page) , . , _ 2 - »<br />
LOCALES _ «-i<br />
Ï.OS Annonces et It-5clames sont reçues dans<br />
nos Bureaux, rua Hoqueiauis, 25, à <strong>Toulouse</strong>, et chéi tous nos Oorreapondaat*»<br />
TELEËR Samedi <strong>15</strong> <strong>Août</strong> <strong>1908</strong>. - I8« An iée - N° 5,753<br />
RUE FEYDEfttt<br />
»-es raits<br />
Le sous-préfet <strong>de</strong> Gortc a été condamné à<br />
1.000 francs d'amen<strong>de</strong> pour tentative <strong>de</strong> cor-<br />
ruption électorale. —<br />
La grève <strong>de</strong>s mineurs U'Ostricourt est ter-<br />
minée.<br />
—<br />
M. Cruppi a présenté au prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la<br />
République aon rapport sur la transformation<br />
<strong>de</strong>s cnamijres <strong>de</strong> commerce et <strong>de</strong>s chambres<br />
consultatives <strong>de</strong>s arts et manufactures et le<br />
mo<strong>de</strong> d'élection <strong>de</strong> ces assam^Cées.<br />
—<br />
Le décès d'un nouveau blessé <strong>de</strong> la « Cou-<br />
ronne » porta à huit le nombre <strong>de</strong>s morts.<br />
—<br />
La reine d'Espagne, arrivée à Paris à huit<br />
heures tin matin, est repartie à midi pour<br />
Londres via Calais.<br />
Jtux Combalets, entre Albi et Valence, le<br />
Craîn départemental a tamponné une femme<br />
qui gardait <strong>de</strong>s oies et qui a succombé à la<br />
suite <strong>de</strong> lésions interne».<br />
ia palmeraie <strong>de</strong> Tidjikdja, à Fort-Coppo-<br />
lani, a été envahie par <strong>de</strong>s Maures dissi<strong>de</strong>nts.<br />
.-.>—<br />
A l'Exposition franco-britannique, tandis<br />
qu'on procédait au gonflement d'un bai-ion,<br />
oeiui-ci s'est enflammé ; <strong>de</strong>ux personnes om<br />
été brûlées et six blessées.<br />
On vient <strong>de</strong> faire à Boston <strong>de</strong>s essais d'une<br />
nouvelle torpille qui ont donné <strong>de</strong>s résultats<br />
très satisiaisants.<br />
BurgeSs a tenté encore une fols la traversée<br />
<strong>de</strong> la Manche à ia nage, mais il a échoué<br />
dans sa tentative.<br />
Lire la <strong>de</strong>rnière heure à la S" page.<br />
caserne. On la leur refusa. C'est alors qu ils<br />
se mirant à chanter l'internationale.<br />
» Plusieurs officiers, ayant à leur tête 1©<br />
colonel, réussirent à faire entendre raison<br />
aux mutins, qui allèrent se coucher.<br />
» L'inci<strong>de</strong>nt n'avait duré que dix minutas.<br />
n Le colonel donna, après enquête, une<br />
sanction à ces f aits. Les meneurs, au nombre<br />
<strong>de</strong> douze, furent punis <strong>de</strong> prison, trois souS-<br />
offleiers furent cassés ; les autres réservistes<br />
ont été libérés.<br />
Le 217' <strong>de</strong> réserve est composé en partie<br />
<strong>de</strong>s cadres du 17' d'infanterie.<br />
» Quatre compagnies étaient à la caserne.<br />
Deux seulement prirent part à cette tentative<br />
<strong>de</strong> mutinerie, à l'exclusion <strong>de</strong> tout soldat <strong>de</strong><br />
l'active ».<br />
-©— Il y a une canne qui est célèbre au<br />
Parlement anglais, célèbre et respectée, crain-<br />
tivement respectée. C'est celle <strong>de</strong> M. Haldane,<br />
le ministre <strong>de</strong> la. guerre.<br />
Sa gloire date d'une intetnpellation qui eut<br />
lieu à la Chambre <strong>de</strong>s communes à propos<br />
<strong>de</strong> la cordite, le nouvel explosif. Répondant<br />
à um député qui avait exposé les dangers <strong>de</strong><br />
cette poudre, M. Haldane proclama qu'elle<br />
était, lorsque sa fabrication était soignée,<br />
parfaitement inoffensive. « Elle l'est à un tel<br />
point, déclara-t-il, que ma canne, qui est en<br />
l'ignorance aui --règne PX\ maîtresse dans I ce moment au vestiaire die la Chambre, est<br />
l en cordite ». Et il ajouta : « Il n'y a en appa-<br />
rence rien qui puisse causer <strong>de</strong> l'apipréhen-<br />
sion, mais elle a besoin d'être surveillée <strong>de</strong><br />
près ». L'homme d'Etat parlait évi<strong>de</strong>mment<br />
<strong>de</strong> la cordite, non <strong>de</strong> la canne. Sa déclaration<br />
n'en fit pas moins une profon<strong>de</strong> sensation<br />
dans l'auditoire.<br />
Et voilà comment une canne servit d'argu-<br />
ment, et même d'argument frappant, dans<br />
un Parlement où les scènes <strong>de</strong> pugilat sottt<br />
absolument inconnues !<br />
Dans tous les cas, personne ne s'avisa <strong>de</strong><br />
dérober à son propriétaire cette canne, aua.<br />
avait si grand besoin d'être surveillée <strong>de</strong><br />
près.<br />
et colle <strong>de</strong>s enfants. Ils la violent d'une<br />
façon si flagrante et si répétée que la<br />
Cour d'appel <strong>de</strong> Dijon et le tribunal <strong>de</strong>s<br />
conflits n'ont pas hésité à encourager les<br />
parents à poursuivre en justice les ins-<br />
tituteurs, genre Morizot, qui outragent<br />
aux croyances <strong>de</strong> leurs élèves par <strong>de</strong>s<br />
propos ignoblement orduriers.<br />
Le sieur Aulard parle <strong>de</strong> faits. En<br />
voilà un qu'il ne pourra pas contester.<br />
Et un autre fait également incontestable<br />
est que renseignement laïque, fondé sur<br />
la guerre à Dieu, s'effondre en ce mo-<br />
ment, selon le témoignage autorisé du<br />
P.:. Buisson, grand ami d'Aulard, dans<br />
une lamentable faillite.<br />
Cela n'a rien d'étonnant. Quand on<br />
voit la manière dont le sieur Aulard,<br />
professeur en Sorbonne, écrit le fran-<br />
çais, on n'a. pas <strong>de</strong> peine à s'imaginer<br />
Il y a toujours quelque perle à ré-<br />
colter dans les rapsodies du sieur Au-<br />
lard. Ce Pataud <strong>de</strong> Sorbonne abon<strong>de</strong> en<br />
aphorismes nen iTredns stnpi<strong>de</strong>s que <strong>de</strong>s-<br />
tructeurs. En voici quelques-uns, ramas-<br />
sés dans un infâme rabâchage ayant<br />
pour but <strong>de</strong> glorifier l'antipatriotisme<br />
obligatoire et laïque :<br />
« Nos instituteurs, comme ions les<br />
français qui pensent librement, ne<br />
Broient généralement à aucun Dieu.<br />
» Ils ne pratiquent généralement pas<br />
lucune (sic) <strong>de</strong>s religions actuellement<br />
existantes, tout en respectant la liberté<br />
<strong>de</strong> ceux qui les pratiquent.<br />
» C'est un fait que la morale <strong>de</strong> la ma<br />
jorité <strong>de</strong>s Français éclairés n'est plus<br />
fondée sur la croyance en Dieu.<br />
» Le langage patriotique ne peut pas<br />
être le même en temps <strong>de</strong> paix et en<br />
temps <strong>de</strong> guerre. »<br />
Et caetera.<br />
Vous comprenez qu'ayant lu ces âne<br />
ries dans la Dépêche, les lecteurs <strong>de</strong> ce<br />
journal, animés du vif désir <strong>de</strong> passer<br />
pour <strong>de</strong>s esprits éclairés, s'empresseront<br />
d'affirmer qu'ils ne croient pas en Dieu.<br />
Ils y croiront tout <strong>de</strong> même, bien en<br />
tendu. Ils y croiront pour <strong>de</strong> multiples<br />
raisons dont la première est qu'il est<br />
IMPOSSIBLE à tout homme pourvu d'un<br />
cerveau simplement moyen <strong>de</strong> ne pas<br />
croire en Dieu.<br />
On ne peut pas regar<strong>de</strong>r le ciel, on ne<br />
peut pas voir germer et fleurir une plan-<br />
te, on ne peut pas assister aux métamor-<br />
phoses d'un insecte sans admettre im-<br />
médiatement l'existence d'un Dieu créa-<br />
teur et tout-puissant. ,<br />
Quand je vois une montre, il faut<br />
bien, disait Voltaire, que j'admette l'hor-<br />
loger.<br />
Aussi Voltaire croyait-il en Dieu. Vic-<br />
tor Hugo, le plus grand poète <strong>de</strong> notre<br />
époque, croyait en Dieu. Pasteur, le plus<br />
grand savant du mon<strong>de</strong> au xix" siècle,<br />
croyait en Dieu. A <strong>de</strong> rares exceptions<br />
près, tous ceux qui ont vraiment mar-<br />
qué dans les lettres, dans les arts, dans<br />
les sciences, croyaient en Dieu. Et<br />
croient en Dieu les trois quarts <strong>de</strong>s hom-<br />
mes vivants qui portent un nom popu-<br />
laire et connu.<br />
Il n'y a qu'Aulard et quelques autres<br />
penseurs <strong>de</strong> la même envergure à ne pas<br />
croire en Dieu. Cela ne change rien à la<br />
marche du mon<strong>de</strong>. Les taupes et les clo-<br />
portes peuvent indifféremment croire ou<br />
ne pas croire en Dieu sans qu'il en ré-<br />
sulte lo moindre inconvénient.<br />
Tout le mon<strong>de</strong>, hormis les individus<br />
mal conformés ou déformés, croit donc<br />
ù Celui que Robespierre lui-même appe-<br />
lait l'Etre suprême. Les instituteurs<br />
comme les autres. Ils y croient tellement<br />
que tous ceux <strong>de</strong> leurs efforts qui ne sont<br />
pas consacrés h détruire le patriotisme<br />
chez nos enfants ont pour objet la lutte<br />
contre Dieu.<br />
Et c'est là où les lecteurs do la Dépê-<br />
che, pour si naïfs et nigauds qu'ils<br />
noient, seront obligés <strong>de</strong> perdre toute<br />
confiance dans la véracité du sieur Au-<br />
lard.<br />
Car celui-ci ment, et ils le savent par-<br />
faitement, lorsqu'il nous donne les maî-<br />
tres d'école comme respectueux <strong>de</strong> la li-<br />
berté religieuse d'autrui.<br />
Les rîiaitres d'école <strong>de</strong> la République<br />
violent la liberté religieuse <strong>de</strong>s familles<br />
les écoles primaires du l'Etat.<br />
Mais il ne s'ensuit pas le moins du<br />
mon<strong>de</strong> que la morale <strong>de</strong> la majorité <strong>de</strong>s<br />
Français ait changé <strong>de</strong> base. La morale<br />
<strong>de</strong> la majorité <strong>de</strong>s Français, contraire-<br />
ment aux dires d'Aulard, repose tou-<br />
jours sur la croyance en Dieu.<br />
C'est même pour cela qu'il existe en-<br />
core une Fiance et <strong>de</strong>s Français ; sans<br />
quoi l'on ne verrait plus chez nous qu'un<br />
repaire d'apaches. Or, nous ne nions pas<br />
que ces <strong>de</strong>rniers, élèves distingués d'Au-<br />
lard et <strong>de</strong> Buisson, ne soient beaucoup<br />
trop nombreux. Mais ils ne sont pas en-<br />
core, tant s'en faut et grâce à Dieu, la<br />
majorité.<br />
La majorité <strong>de</strong>s Français, c'est la foule<br />
immense <strong>de</strong>s braves gens qui vivent <strong>de</strong><br />
la permanence <strong>de</strong> l'idée religieuse dans<br />
notre société. Ce sont ceux qui, se con<br />
formant à la maxime profon<strong>de</strong> du phi<br />
losophe : « on finit toujours par agir<br />
comme on pense », s'efforcent <strong>de</strong> bien<br />
penser en tout temps afin <strong>de</strong> bien agir,<br />
le moment venu.<br />
La majorité <strong>de</strong>s Français, nous la<br />
voyions hier en réduction ; elle témoi<br />
gnait <strong>de</strong> ses qualités sur la Couronne au<br />
moment <strong>de</strong> la sinistre explosion due à<br />
l'impéritie du gouvernement qui salarie<br />
les blasphèmes d'Aulard. Pas un <strong>de</strong> ces<br />
vaillants, Bretons et croyants presque<br />
tous, n'a déserté son poste en cette heure<br />
d'épouvante et <strong>de</strong> mort.<br />
Chacun a fait spontanément et sim-<br />
plement son <strong>de</strong>voir. C'est qu'ils ne pen-<br />
saient pas, comme l'enseigne Aulard,<br />
qu'il y a <strong>de</strong>ux patriotismes, l'un pour le<br />
temps <strong>de</strong> paix, l'autre pour le temps <strong>de</strong><br />
guerre ; ils ne pensaient pas, comme le<br />
répètent à satiété les Instituteurs d'Au-<br />
lard, que toute image <strong>de</strong> l'action guer-<br />
rière est la représentation d'un crime<br />
contre l'humanité, commis par <strong>de</strong>s bour-<br />
reaux et <strong>de</strong>s brutes.<br />
Ils pensaient que tout homme doit, à<br />
toute heure, se tenir prêt à l'offensive<br />
aussi bien qu'à la défensive pour le salut<br />
ou la gran<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> son pays. Et pénétrés<br />
<strong>de</strong> cette idée, les marins <strong>de</strong> la Couronne<br />
se sont héroïquement comportés.<br />
C'est ainsi que pensent, c'est ainsi<br />
qu'agiront en majorité les Français le<br />
jour où viendra la gran<strong>de</strong> épreuve. Les<br />
autres agiront en temps <strong>de</strong> guerre com-<br />
me on les fait penser en temps <strong>de</strong> paix.<br />
Leurs maîtres en tête, ils nous tireront,<br />
à l'instar <strong>de</strong>s communards <strong>de</strong> 71, <strong>de</strong>s<br />
coups <strong>de</strong> fusil dans lo dos. Mais quant à<br />
marcher à l'ennemi, ne le leur <strong>de</strong>man-<br />
<strong>de</strong>z pas. Toujours leurs intellectuels en<br />
tête, ils s'empresseraient <strong>de</strong> ficher le<br />
camp !...<br />
tJEAN- LOUES,<br />
SKI LA POUDRE B?<br />
Le contre-amiral Faubournet <strong>de</strong> Mont-<br />
ferrand fit avant-hier, nous disent les dépê-<br />
ches, une visite émouvante à bord <strong>de</strong> la<br />
Couronne, aussitôt après la catastropne.<br />
Pour lui rendre les honneurs, tous les<br />
hommes étaient rassemblés sur le pont,<br />
dans une attitu<strong>de</strong> impassible, avec la tenue<br />
réglementaire. Rien en eux ne décelait la<br />
moindre impression du terrible événement<br />
auquel ils venaient d'assister et qui aurait,<br />
pu leur coûter la vie. L'amiral a passé les<br />
hommes en revue et s'est dirigé en parti-<br />
culier vers ceux qui manœuvraient la pièce<br />
qui a fait explosion. Il les a félicités, leur<br />
a fait entendre <strong>de</strong>s paroles d'encourage-<br />
ment et <strong>de</strong>s paroles d'adieu pour ceux qui<br />
venaient <strong>de</strong> mourir.<br />
C'est bien- Le préfet maritime intérimai-<br />
re fit son <strong>de</strong>voir comme l'équipage fit le<br />
sien. L'impassibilité <strong>de</strong> l'ancien comman-<br />
dant du vaisseau éprouvé et l'énergie <strong>de</strong>s<br />
marins sont choses consolantes à ce mo-<br />
ment tragique.<br />
Mais <strong>de</strong> telles attitu<strong>de</strong>s, si elles sont pour<br />
réconforter, ne sauraient faire oublier que<br />
tout malheur <strong>de</strong> ce genre a <strong>de</strong>s responsa-<br />
bles et qu'il y aurait, dans notre armée et<br />
dans notre flotte, moins <strong>de</strong> catastrophes s'il<br />
y avait moins d'insouciance à la tête.<br />
Car enfin c'est la troisième fois , en<br />
moins <strong>de</strong> trois ans, qu'un acci<strong>de</strong>nt i<strong>de</strong>nti-<br />
que se produit à bord du même navire.<br />
Trois morts et vingt et un blessés le 20<br />
avril 1906, trois morts et six blessés le 2<br />
août 1907. huit morts et treize blessés le<br />
12 août <strong>1908</strong>, voilà une bien funèbre liste.<br />
Ce qui rend cette répétition encore plus<br />
inquiétante, c'est que les trois fois c'est<br />
pur le déculassement d'une pièce que l'acci-<br />
<strong>de</strong>nt s'est produit.<br />
S'il est vrai que la déflagration sponta-<br />
née <strong>de</strong>s poudres instables est encore la<br />
cause <strong>de</strong> ces acci<strong>de</strong>nts, comme elle l'a été<br />
<strong>de</strong> l'explosion <strong>de</strong> Vlèna, il n'est que temps<br />
<strong>de</strong> couper court à un danger permanent<br />
qui n'a fait que trop <strong>de</strong> victimes.<br />
Le rapport sur l'iéna date <strong>de</strong> plus d'une<br />
année. Il faisait le procès, éloquemment<br />
<strong>de</strong> la poudre B vieillie ; il dressait un<br />
réquisitoire définitif ; il portait une con-<br />
damnation méritée, semble-t-il, motivée<br />
par les précisions d'une enquête conscien-<br />
cieuse, d'où il résultait, sans conteste, que<br />
la déflagration spontanée était la cause<br />
unique <strong>de</strong> cet irréparable désastre<br />
Que fit-on, <strong>de</strong>puis, dans le département:<br />
<strong>de</strong> la marine pour obvier à l'inconvénient $<br />
C'est la question que se pose, à cette heure<br />
pénible, l'opinion publique. Le 'gouverne-<br />
ment responsable ne saurait esquiver cette<br />
question-là.<br />
£c©——<br />
INDO-CHINE<br />
Dans les innombrables requêtes adressées<br />
par <strong>de</strong>s prisonniers <strong>de</strong> la Terreur à Fouquier-<br />
Tiiiviille, et conservées aux Archives natio-<br />
nales, un chercheur a trouvé cette lettre<br />
curieuse où un détenu, pour hâter sa mise en<br />
j ingénient, commence par <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s à Fou-<br />
quier-Tinvilio <strong>de</strong>s nouvelles <strong>de</strong> sa santé I II<br />
écrit aimablement « au citoyen Fouquier <strong>de</strong><br />
Tainville, accusateur public » :<br />
« Permets-moi, citoyen, <strong>de</strong> profiter <strong>de</strong> l'oc-<br />
casion <strong>de</strong> l'administrateur <strong>de</strong> la maison Bel-<br />
homme pour m'informer <strong>de</strong>s nou veilles <strong>de</strong> ta<br />
santé. La mienne et ceWe <strong>de</strong> ma femme sont<br />
fort mauvaises, surtout <strong>de</strong>puis que j'ai perdu<br />
le procès le plus Juste, et qu'on nous a dé-<br />
pouilles dans notre prison morne.<br />
» Les Commissions populaires sont Ait-on<br />
en activité d'aujourd'huy. Comme je n'ai rien<br />
à craindre, je compte beottcouip sur leur jus-<br />
tice.<br />
» Je te prie <strong>de</strong> dire un mot pour moi au<br />
commandant Soubeyrac (Usez : Subleyras),<br />
vice-prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> ton tribunal pour qu'il me<br />
juge un <strong>de</strong>s premiers. Détenu <strong>de</strong>puis huit<br />
mois je mérita cette faveur.<br />
» Saint fraternel.<br />
» Mon amie t'ombrasse.<br />
» VICIER, détenu maison Belhomme.<br />
» Ce primidi. 2* année républicaine ».<br />
le citoyen Fouquier <strong>de</strong> 'l'a in ville fut-il sen-<br />
sible au ton cordial <strong>de</strong> la lettre ou aux em-<br />
brassent en ts postaux <strong>de</strong> l'amie ? On ne sait<br />
au juste et le's chercheurs ont une nouvelle<br />
affaire à éclairefr. Toujours est-il (rue le dé-<br />
tenu Yigier fut épargné, et il n'en <strong>de</strong>mandait<br />
pas davantage. C'était un rusé gaillard.<br />
—©— L'indiscipline dans l'armée.<br />
On écrit <strong>de</strong> Gap, le 13 août :<br />
« L'enquête à laquelle s'est livre le général<br />
commandant la. briga<strong>de</strong> sur la mutinerie <strong>de</strong>s<br />
réservistes a déjà donné <strong>de</strong> notables résul-<br />
tats. , ., .<br />
» Des réservistes, au nombre d une tren-<br />
taine, appartenant au 217' régiment, reve-<br />
naient du camp <strong>de</strong> Chambaraud par tram<br />
spécial, pour rentrer dans leurs foyers.<br />
» Cantonnés à Gap et prétextant qu ils<br />
étalent lttJérés : d'autre part, énervés par la<br />
chaleur les péservi-stes <strong>de</strong>mandèrent aux<br />
officiers la permission <strong>de</strong> ne pas coucher à la<br />
Si alarmantes que soient les nouvelles<br />
apportées d'Indo-Chine par le <strong>de</strong>rnier<br />
courrier, il y a quelque chose <strong>de</strong> plus in-<br />
quiétant encore dans la situation <strong>de</strong> notre<br />
colonie, c'est l'absolue incompréhension <strong>de</strong><br />
M. Milliès-Lacroix en face d'événements<br />
symptomatiques.<br />
Avant-hier, M. Milliès-Lacroix proclamait<br />
sa tranquillité d'àme avec une touchante<br />
ingénuité : « Tel fonctionnaire d'Indo-<br />
Cliine, disait-il, va prendre un congé ; pen-<br />
sez-vous qu'il s'éloignerait <strong>de</strong> son poste si<br />
la situation était véritablement troublée et<br />
troublante ? » Mais on annonce aujour-<br />
d'hui qu'un autre fonctionnaire indo-chi-<br />
nois va rejoindre le sien. Ce fonctionnaire<br />
n'est pas l'une <strong>de</strong> ces inutilités imprécises<br />
qui émargent aux budgets coloniaux ; c'est<br />
le gouverneur même <strong>de</strong> la colonie, M' klo-<br />
bukowski.<br />
M. Klobukowoski, qui <strong>de</strong>vait aller pren-<br />
dre possession <strong>de</strong> sos fonctions en octobre<br />
partira par le courrier cle Chine du 8fl<br />
août. De co départ anticipé, il faut con-<br />
clure que l'optimisme <strong>de</strong> M. Milliès-La-<br />
croix a subi, <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux jours, <strong>de</strong> ru<strong>de</strong>s<br />
désillusions.<br />
On verra, par quelques extraits <strong>de</strong> let-<br />
tres, que la présence immédiate du nou-<br />
veau gouverneur général à la tête <strong>de</strong>s ser-<br />
vices indo-chinois est amplement justifiée.<br />
Les colons installés en Indo-Chine ne<br />
voient pas les choses d'un œil aussi tran-<br />
quille que le ministre.<br />
Voici une lettre d'un colon qui donne<br />
<strong>de</strong>s détails nouveaux sur le complot d'Ha-<br />
noï et sur la manifestation au palais du<br />
gouvernement :<br />
Hanoï, 3 juillet.<br />
Nous avons en une véritable révolution à.<br />
Hanoï ; le samedi 27 juin, on apprenait, vert<br />
sept heures et <strong>de</strong>mie du soir, que les soldats<br />
européens <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux batteries d'artillerie et ré<br />
<strong>de</strong>ux compagnies du 0* colonial avaient >Mé<br />
empoisonnés ; c'était exact ; les coupables fu-<br />
rent découverts ; lis avaient employé le da-<br />
tera. Le coup était bien monté. On <strong>de</strong>vait<br />
s'emparer <strong>de</strong>s fusils et <strong>de</strong>s canons et bom-<br />
bar<strong>de</strong>r la ville avec l'appui <strong>de</strong>s tiraille irs in-<br />
digènes.<br />
» Les coupables étaient connus, voire mène<br />
emprisonnés, mais avec la rapidité <strong>de</strong> la jus-<br />
tice hanoïenne et le système gouvernemental :<br />
pas d'histoire ! on les laissait tranquil'^s.<br />
Tel n'a pas été l'avis <strong>de</strong> la majorité <strong>de</strong> la po-<br />
pulation, qui, dans une réunion publiq te, te<br />
nue à Hanoï-Hôtel, le mardi 30 juin, décida<br />
d'envoyer une délégation au gouverneur gé-<br />
néral intérimaire, M. Bonhoure, et <strong>de</strong> sm Te<br />
cette délégation.<br />
Ce haut fonctionnaire, qui était en train 'Je<br />
jouer au billard, refusa <strong>de</strong> recevoir la déléga-<br />
tion (j'en faisais partie) ; il ignorait rm ii y<br />
avait quatre cents Français <strong>de</strong>rrière cette oé-<br />
légation.<br />
Dès sa réponse connue, grilles, portes et fe-<br />
nêtres furent vite brisées et le palais du t-.cu-<br />
verneur pris d'assaut.<br />
M. Bonhoure fut bousculé et malmené : il<br />
promit alors d'être énergique : mais il a fallu<br />
l'y obliger. Vous savez le reste.<br />
Le général Piel voulait mettre Hanoï m «'fat<br />
<strong>de</strong> siège ; le gouverneur s'y opposa. C'est ce<br />
qui explique l'état d'esprit <strong>de</strong> la popuivm.<br />
On se gar<strong>de</strong> dans chaque quartier ; la si-<br />
tuation est aussi triste que sombre.<br />
La question <strong>de</strong>s effectifs, réduits par M-<br />
Milliès-Lacroix avec une si impardonnable<br />
légèreté est la plus urgente et la plus<br />
grave.<br />
Les effectifs blancs, écrit un autre corres-<br />
pondant, ramenés à treize bataillons d'inf l i-<br />
terie, forment avec l'artillerie un total 4e<br />
9.000 hommes environ, pour seize bataill ms<br />
indigènes représentant <strong>15</strong>.000 hommes, et<br />
12.000 gar<strong>de</strong>s indigènes (milices), et plus <strong>de</strong><br />
20.000 réservistes indigènes capables <strong>de</strong> se<br />
constituer <strong>de</strong>main en adversaires redoutables.<br />
Soit un total <strong>de</strong> 45.000 Annamites.<br />
La réduction <strong>de</strong>s troupes blanches, en 1907,<br />
a entraîné une réduction correspondante <strong>de</strong>s<br />
troupes indigènes, par la libération anti"ipfe<br />
d'une quantité considérable <strong>de</strong> tirailleurs eue<br />
les villages, comme <strong>de</strong> coutume, avaient • loi-<br />
sis parmi leurs non-inscrits (lisez tailUbi ;s -t<br />
corvéables à merci). Désorientés par ce'te<br />
mise à pied inattendue, mal accueillie par<br />
leurs villages d'origine, où ils n'ont généra-<br />
lement aucun bien, ces malheureux libérés<br />
n'ont eu d'autres ressources que <strong>de</strong> former<br />
<strong>de</strong>s « gran<strong>de</strong>s compagnies » contre lesquelles<br />
s'épuisent en vain, <strong>de</strong>puis plusieurs mois, les<br />
briga<strong>de</strong>s <strong>de</strong> milices du Delta.<br />
Il a fallu aussi abandonner la plupart <strong>de</strong><br />
nos postes-frontière qui avaient arrêté com-<br />
plètement, <strong>de</strong>puis douze ans, l'infiltration <strong>de</strong>s<br />
ban<strong>de</strong>s chinoises, et <strong>de</strong>puis lors l'insécurité<br />
n'a fait que grandir : les assassinats d'Euro-<br />
péens se multiplient, les concessions sont<br />
abandonnées, les mines ruinées, et nous som-<br />
mes ainsi dans l'impossibilité absolue d'assu-<br />
rer chez nous la police frontière que nous im-<br />
posent les traités.<br />
Cette absence <strong>de</strong> postes <strong>de</strong>vait être mise à<br />
profit par les réformistes chinois traqués par<br />
le fameux Hsi-Léang. le vice-roi du Yun-Nan,<br />
et qui purent ainsi pénétrer en troupes nom-<br />
breuses sur notre territoire.<br />
La France Militaire publie une corres-<br />
pondance d'Indo-Chine qui contient d'inté-<br />
ressants aperçus sur les origines <strong>de</strong> là ré-<br />
volte en Annam :<br />
L'Annam est un pays relativement pauvre,<br />
qui a été le refuge <strong>de</strong> toutes les races anna-<br />
mites, chaque fois que l'envahisseur siamois<br />
ou chinois a occupé le Mékong ou le fleuve<br />
Rouge.<br />
Depuis <strong>de</strong> longues années, nous avons im-<br />
posé un accroissement <strong>de</strong>s charges considéra-<br />
bles à l'indigène, pauvre cultivateur ou bû-<br />
cheron, auquel nous imposons toutes sortes<br />
<strong>de</strong> détestables papiers timbrés, et surtout une<br />
cote personnelle <strong>de</strong> 3 piastres 40, soit (au taux<br />
<strong>de</strong> 2 fr. 50) 8 fr. 50. Or, il faut 2 cents &our<br />
5 centimes, et 24 sapèques pour 1 cent — l'An-<br />
namite compte en sapèques (<strong>de</strong> zinc) comme<br />
nous comptons en sous. 0 fr. 05 valent donc<br />
48 sapèques et 8 fr. 50 valent 8.1G0 sapèques,<br />
soit 1.360 ligatures (la ligature pesant 1 k. 450),<br />
soit 19 kil. 720. Le nhaqué amasse ces 8.1G0<br />
sapèques, comme nos paysans amasseraient<br />
8.160 sous, une à une, et vous avouerez que<br />
ce serait pour ceux-ci une jolie cote person-<br />
nelle, qu'une cote personnelle <strong>de</strong> 408 francs.<br />
Et pourtant, toutes choses égales, cette pro-<br />
portion est à peu près exacte !<br />
L'adjudication du marché d'Annam a mis<br />
le comble à l'esprit <strong>de</strong> révolte, latent dans<br />
tout le pays d'Annam. Nous avons établi une<br />
ferme <strong>de</strong>s marchés, et, comme par hasard,<br />
l'adjudication est tombée à un Chinois. Or, les<br />
Chinois sont commerçants, être commerçant<br />
signifiant gagner beaucoup d'argent. Notre<br />
Chinois doit donc verser au Trésor, par an,<br />
200.000 piastres, par exemple.<br />
Il <strong>de</strong>man<strong>de</strong> un collecteur par province, soit<br />
14 collecteurs ; il s'en présente cent, mille : le<br />
Chinois prend ceux qui lui offrent les plus<br />
beaux bénéfices, c'est-à-dire 225.000 piastres,<br />
pour- un versement <strong>de</strong> 200.000 piastres au Tré-<br />
sor. C'est assez coquet. Msia le collecteur fait<br />
le même trafic dans sa. province ; ses ai<strong>de</strong>s le<br />
.renouvellent en troisième main, à leurs pro-<br />
fits, et ainsi les 200.000 piastres exigibles <strong>de</strong>s<br />
nîiaqnés <strong>de</strong>viennent 500.000, 600.000 piastres,<br />
etc., etc.<br />
Nous n'exagérons pas ; toute la presse ton-<br />
kinoise a rapporté ce marché, où la taxe s'est<br />
élevée <strong>de</strong> la sorte <strong>de</strong> 27 % à 70 %<br />
Qu'est-il résulté <strong>de</strong> tout cela ?<br />
Un matin, près <strong>de</strong> Tourane, à Fai-Foo, plu-<br />
sieurs milliers <strong>de</strong> manifestants non armés en-<br />
tourèrent la cita<strong>de</strong>lle ; la milice, affolée, tira ;<br />
il y eut, dit-on, 200 tués et 300 blessés. Les<br />
Annamites, qui ne voulaient que présenter à<br />
l'autorité leurs revendications, furent exaspé-<br />
rés et le mouvement s'étendit en traînée <strong>de</strong><br />
poudre du Binh-Dinh à Ha-Tinh et perdit <strong>de</strong><br />
suite son caractère <strong>de</strong> manifestations moffen-<br />
sives et suppliantes.<br />
Les chefs du mouvement furent les créatu-<br />
res du Tanh-Taï, désireux <strong>de</strong> reconquérir pla-<br />
ces et honneurs, et qui firent du mouvement<br />
un mouvement dynastique en faveur du<br />
Tanh-Taï déchu, et aussi quelques jeunes let-<br />
trés et interprètes, tout frais débarqués <strong>de</strong><br />
France. Les nhaqués s'assemblèrent par mil-<br />
liers et allèrent, en haillons, souvent nus, aux<br />
portes <strong>de</strong>s rési<strong>de</strong>nces et <strong>de</strong>s délégations, cla-<br />
mer leurs misères.<br />
Les mesures <strong>de</strong> répression <strong>de</strong>vinrent délica-<br />
tes. Devait-on employer la force contre ces gens<br />
sans armes ? On ne le voulut pas d'abord ;<br />
ou eut raison, et on eut tort, car <strong>de</strong>s illuminés<br />
enflammèrent le pays ; les marchés et les ri-<br />
zières furent désertés, les impôts ne rentrè-<br />
rent plus, ct la vie fut suspendue. Et, trop<br />
tard, il fallut songer à. un autre moyen que la<br />
conciliation toujours vaine.<br />
Un exemple, au début, eût. été salutaire ;<br />
on coupe les révolutions à. la base, quand<br />
on ne veut pas être dévoré par elles ou quand<br />
on ne veut pas avoir à verser du sang et èu<br />
sang longtemps. .<br />
A bout <strong>de</strong> moyens, on appela du loïkn<br />
1 bataillon mixte, 2 compagnies du 9" colo.nal<br />
à Hanoï ct 2 compagnies <strong>de</strong> tirailleurs. On<br />
garda ces <strong>de</strong>ux compagies blanches à Qui<br />
• nhono, et les compagnies jaunes se promené<br />
: reut par les chemins, dispersant, à coups <strong>de</strong><br />
' crosse ou <strong>de</strong> baïonnettes, '.es manifestants qui<br />
insistaient trop..., et tirant sur ceux qui,<br />
après la troisième sommation, ne se disper-<br />
| saient pas.<br />
Triste guerre, qu'une guerre contre «les<br />
lÀendlants qui, à l'approche <strong>de</strong>s troupes, se<br />
t mettent à genoux et l'ont <strong>de</strong>s « lais ! » On<br />
s'empara, <strong>de</strong>s meneurs, on coupa <strong>de</strong>s têtes à<br />
Quinhone, les tribunaux annamites fonction-<br />
nèrent avec la en<strong>de</strong>uille et la question.<br />
Un lettré, Phan-Cheu-Trinh, s'était fait<br />
l'àme <strong>de</strong> la révolte, répandant <strong>de</strong>s manifes<br />
tes à double entente, ménageant les Français<br />
et les Annamites, <strong>de</strong>mandant les réformes<br />
auxquelles applaudissaient les « Babuts » Hu-<br />
manitaires, qui abon<strong>de</strong>nt en Indo-Chine. Nul<br />
doute que les Japonais aient joué là un grand<br />
rôle, directement ou par l'intermédiaire d'An-<br />
namites, condamnés politiques, réfugiés au<br />
Japon, et inondant l'Annam d© virulents<br />
pamphlets contre nous.<br />
L'Annam semble soumis, les impôts ren-<br />
trent, le bataillon mixte a regagné le Ton-<br />
kin ; seule la province d'Ha-Tinh reste <strong>de</strong>-<br />
bout, et a nécessité l'envoi d'un <strong>de</strong>mi-bataillon<br />
<strong>de</strong> titra illeurs <strong>de</strong> Nam-Dinh à Vinh.<br />
Est-ce fini ? Ou les Annamites n'attentîent-<br />
i'is que le setrait <strong>de</strong> nos troupes pour recom-<br />
mencer ? N'oublions pas que les placards <strong>de</strong><br />
la révolte disaient au peuple que tous les<br />
soldats français s'étaient rembarqués pour la<br />
France, et que l'heure émit venue <strong>de</strong> secouer<br />
le joug <strong>de</strong>s diables d'Occi<strong>de</strong>nt<br />
X...<br />
L'EFFET DES GREVES<br />
Les ouvriers <strong>de</strong> Saint-Omer auront ga-<br />
gné à l'agitation révolutionnaire <strong>de</strong> quel-<br />
ques-uns d'entre eux <strong>de</strong> se voir privés d'un<br />
débouché <strong>de</strong> travail par la fermeture défi-<br />
nitive <strong>de</strong> l'une <strong>de</strong>s principales fabriques <strong>de</strong><br />
pipes.<br />
La fabrique <strong>de</strong> pipes Au<strong>de</strong>bert vient, en<br />
effet, d'être fermée dans les conditions sui-<br />
vantes :<br />
Saisi <strong>de</strong> revendications inacceptables par<br />
une partie <strong>de</strong> son personnel, M. Au<strong>de</strong>bert<br />
<strong>de</strong>manda un délai <strong>de</strong> huit jours pour es-<br />
sayer <strong>de</strong> trouver un compromis. Les chefs<br />
du syndicat répondirent par la grève im-<br />
médiate et entraînèrent dans ce mouve-<br />
ment tout le personnel <strong>de</strong> l'usine. Devant<br />
cette attitu<strong>de</strong>, apprenant, par ailleurs, que<br />
la majorité <strong>de</strong> son personnel était affiliée<br />
à la C. G- T., ce qui lui ôtait toute illusion<br />
sur la possibilité d'une entente à l'amia-<br />
ble, M. Au<strong>de</strong>bert renonça à continuer les<br />
pourparlers.<br />
En dépit <strong>de</strong> l'intervention <strong>de</strong> M. Ringol,<br />
sénateur, maire <strong>de</strong> Saint-Omer, et d'une<br />
proposition d'arbitrage du juge <strong>de</strong> paix,<br />
M. Au<strong>de</strong>bert déclara que si dans la hui-<br />
taine le travail n'était pas repris, il fer-<br />
merait définitivement son usine, tandis<br />
qu'il promettait <strong>de</strong> reprendre les pourpar-<br />
lers dès que la cessation injustifiée du tra-<br />
vail aurait pris fin.<br />
Le sixième jour, aucun ouvrier ne s'é-<br />
tant présenté pour reprendre le travail,<br />
M. Au<strong>de</strong>bert a fermé définitivement son<br />
usine.<br />
Ainsi disparaît la <strong>de</strong>rnière maison d'une<br />
industrie jadis florissante à Saint-Omer.<br />
AVIATION<br />
S'il est une question qui soit essentiel-<br />
lement d'actualité, c'est bien celle <strong>de</strong> la<br />
navigation aérienne : <strong>de</strong> tous côtés, en<br />
effet, l'homme s'efforce à la conquête <strong>de</strong><br />
l'air. Hier, c'était Santos-Dumont et Jul-<br />
liot ; aujourd'hui, c'est Farman, c'est Dela-<br />
grange, ce sont les frères Wright, en aéro-<br />
plane ; c'est le ballon République en Fran-<br />
ce, c'est le Zeppelin en Allemagne.<br />
Le moment est donc venu <strong>de</strong> parler <strong>de</strong><br />
cette question <strong>de</strong> la navigation aérienne,<br />
qui est peut-être la locomotion <strong>de</strong> <strong>de</strong>main.<br />
D'ailleurs, non seulement c'est le moment,<br />
mais encore c'est la saison : tout le monda<br />
est à la montagne, à la mer, aux champs,<br />
pour mieux respirer cet air à travers le-<br />
quel, bientôt sans doute, nous nous élan-<br />
cerons vers nos villégiatures à venir.<br />
Il est certain que, même si le règne ani-<br />
mal n'avait pas comporté les oiseaux,<br />
l'homme aurait eu, cependant, le désir <strong>de</strong><br />
s'élever dans l'atmosphère : la vue <strong>de</strong>s<br />
feuilles emportées par le vent, l'observation<br />
<strong>de</strong>s nuages, tantôt accrochés au flanc <strong>de</strong>s<br />
montagnes, tantôt planant dans le ciel,<br />
lui en auraient donné le désir, comme lui<br />
donnèrent le désir <strong>de</strong> se lancer sur l'eau<br />
les morceaux <strong>de</strong> bois flottants qui s'é-<br />
chouaient sur la rive.<br />
Mais ce qui a dû tenter le plus l'audace<br />
humaine, c'est l'observation du vol <strong>de</strong>s oi-<br />
seaux. Ramené à terre, l'oiseau a sensible<br />
ment la même <strong>de</strong>nsité qu'un mammifère :<br />
du moment qu'il s'enlève par le mécanis-<br />
me <strong>de</strong> ses ailes mues par sa seule puis<br />
sance musculaire, pourquoi l'homme ne<br />
s'élèveraiMl pas, lui aussi ?<br />
Malgré tous ses efforts, il n'y est cepen<br />
dant arrivé, pour la première fois, qu'à<br />
la fin du dix-huitième siècle, en 1783, et<br />
encore n'est-ce pas par un effort dynami<br />
que d'ailes battantes, mais par une action<br />
statique qui soulevait dans l'air un globe<br />
d'étoffe plein <strong>de</strong> gaz léger, ce qui a valu<br />
à ces appareils le nom d'aérostat. C'est à<br />
<strong>de</strong>ux Français, les frères Montgolfier, que<br />
revient la gloire cle la conquête <strong>de</strong> l'air<br />
Mais, s'élever dans l'air et y rester,<br />
passivement, le jouet <strong>de</strong>s vents, ne suffi<br />
sait pas à notre ambition : il fallait pou<br />
voir se diriger à son gré dans l'atmos<br />
phère, en un mot, pouvoir y naviguer, en<br />
faisant intervenir une énergie mécanique<br />
Le premier ballon dirigeable fut réalisé<br />
par un autre Français, Giffard, en 1854.<br />
et la solution complète fut encore donnée<br />
par un <strong>de</strong> nos compatriotes, le colonel Re.<br />
nard, qui, en 1886, immortalisa son nom en<br />
réalisant, avec le dirigeable militaire la<br />
France, le premier voyage aérien en cir-<br />
cuit fermé et en donnant les principes ma-<br />
thématiques rigoureux <strong>de</strong> la navigation<br />
aérienne. Depuis lors, le dirigeable a pros<br />
péré : aujourd'hui, il est presque courant<br />
Mais l'homme est allé plus loin ; il<br />
voulu se débarrasser <strong>de</strong> cette enveloppe<br />
encombrante quoique bien utile, pleine do<br />
gaz léger, qui le soutenait sans effort dans<br />
l'air, mais qui l'empêchait <strong>de</strong> ressembler<br />
à l'oiseau : il a voulu enlever un appareil<br />
plus lourd que Vair, et il y est arrivé. San<br />
tos-Dumont, Farman, Delagrange ont réa<br />
Usé ce bel exploit et ouvert en grand la<br />
porte <strong>de</strong>s recherches nouvelles, en non<br />
montrant la route <strong>de</strong> l'aviation.<br />
Un appareil d'aviation est donc un ins<br />
trament qui, à l'inverse du ballon, est pl&<br />
lourd que Vair. et qui, utilisant la. résts<br />
tance <strong>de</strong> cet élément au mouvement d'un<br />
paroi <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> surface, s'appuie sur cet<br />
air pour s'y élever et s'y mouvoir. Le voya<br />
geùr qui prend place dans ce véhicule aé<br />
rien se nomme un avialéur.<br />
C'est <strong>de</strong>s appareil d'aviation que nous<br />
alloua d'abord entretenir nos lecteurs ; ce<br />
sont, eux qui réalisent les progrès les plu<br />
récents et lea plus audacieux en matière<br />
<strong>de</strong> navigation aérienne. Ils se classent<br />
d'eux-mêmes, en trois catégories •<br />
1° Les appareils à ailes battantes, imi-<br />
tant le vol <strong>de</strong>s oiseaux : ce sont les omi-<br />
thoptères (qu'on appelle aussi orthoptè-<br />
res) ;<br />
2° Les appareils qui s'élèvent dans l'air<br />
sous l'influence sustentatrice d'une hélice<br />
à axe vertical, dont l'effort tend à soulever<br />
directement le poids auquel elle est fixée •<br />
certains jouets d'enfant fonctionnent sur<br />
ce principe : ce sont les hélicoptères ;<br />
3° Enfin les appareils qui « glissent »<br />
sur l'air en utilisant la résistance <strong>de</strong> cet<br />
élément sur une large surface plane, et<br />
qui ne peuvent s'élever qu'en s'avançant<br />
en même temps : ieurs conditions <strong>de</strong> sus-<br />
tentation rappellent celles du cerf-volant •<br />
ce sont les aéroplanes.<br />
C'est l'aéroplane qui, seul jusqu'ici, a<br />
donne <strong>de</strong>s résultats décisifs. C'est donc par<br />
lui que nous allons commencer.<br />
Pour bien faire comprendre comment un<br />
éroplane se soutient dans l'air, il faut<br />
regar<strong>de</strong>r ce vieux joujou, aujourd'hui <strong>de</strong>-<br />
venu un instrument merveilleux <strong>de</strong> recher-<br />
che scientifique : le cerf-volant.<br />
Qu'est-ce qu'un cerf-volant ? C'est un<br />
panneau <strong>de</strong> papier ou d'étoffe légère, tendu<br />
sur un cadre <strong>de</strong> bois, également très lé-<br />
ger. L'appareil pèse un certain nombre <strong>de</strong><br />
kilogrammes, qui constituent son poids<br />
que nous représenterons par la lettre P<br />
Ce poids est. une force qui tend à le faire<br />
tomber vers la terre.<br />
D'autre part, le vent exerce sur sa sur-<br />
face une certaine pression, que nous appel-<br />
lerons F, et qui s'exerce en un point <strong>de</strong> l'ins-<br />
trument appelé « centre <strong>de</strong> poussée ». Cette<br />
force tend à emporter le cerf-volant ; mais<br />
celui-ci est retenu par la tension <strong>de</strong> la<br />
la cor<strong>de</strong> qui le retient au sol. Cette tension<br />
est une force que nous désignerons par la<br />
lettre C.<br />
Ainsi trois forces agissent sur la sur-<br />
face <strong>de</strong> notre engin : son poids P, la force<br />
du vent F et la résistance <strong>de</strong> la cor<strong>de</strong> C.<br />
L'appareil étant exposé obliquement au<br />
vent, l'effort <strong>de</strong> celui-ci se décompose en<br />
une force verticale qui lutte directement<br />
contre le poids P du système, et qui tend<br />
à le soulever, et une force opnosée à la<br />
direction <strong>de</strong> la cor<strong>de</strong>, force annulée par la<br />
résistance <strong>de</strong> celle-ci. La force verticale<br />
fera donc enlever l'appareil ; mais, à me-<br />
sure qu'il s'enlève, il porte aussi un poids<br />
<strong>de</strong> plus en plus grand <strong>de</strong> ficelle déroulée ;<br />
son poids total augmente donc ; <strong>de</strong> plus,<br />
il s'incline sous l'action du vent, et cetta<br />
inclinaison diminue la valeur <strong>de</strong> la force<br />
verticale exercée par celui-ci, force qui <strong>de</strong>-<br />
viendrait nulle si le cerf-volant se présen-<br />
tait au vent par sa tranche. Donc, il arrive<br />
un moment où le cerf-volant sera en équi-<br />
libre exact sous l'action <strong>de</strong> ces trois for-<br />
ces : son poids total P, la pression du vent<br />
F et la résistance <strong>de</strong> la cor<strong>de</strong> C : alors<br />
l'instrument cessera <strong>de</strong> monter et se tien-<br />
dra immobile dans l'air, tant que les trois<br />
forces qui s'équilibrent sur lui conserve-<br />
ront la même valeur.<br />
Mais si l'une <strong>de</strong>s forces vient à varier,<br />
aussitôt l'équilibre est troublé. Si le vent<br />
augmente d'intensité, la force verticale P<br />
augmente et l'appareil se soulèvera davan-<br />
tage ; si, au contraire, le vent fait défaut,<br />
la force P, celle qui soulève le poids <strong>de</strong><br />
l'appareil, s'annule aussi, et le cerf-volant<br />
tombera.<br />
Et maintenant, quelle analogie y a-t-il<br />
entre ce joujou et l'aéroplane ? Il v a nlus<br />
qu'analogie, il y a i<strong>de</strong>ntité. Nous allons le<br />
voir tout <strong>de</strong> suite, et les enfants vont nous<br />
en fournir la meilleure démonstration.<br />
Enlever un cerf-volant quand il y a<br />
bonne brise est chose aisée. Mais quand il<br />
n'y a pas <strong>de</strong> vent, comment faire ? Les ga-<br />
mins ne se laissent pas arrêter par une<br />
aussi mince difficulté. Il n'y a pas <strong>de</strong> vent ?<br />
Eh bien ! ils en font, et ils en font en cou-<br />
rant à toutes jambes et en tirant leur cerf-<br />
volant <strong>de</strong>rrière eux. On voit alors leur jou<br />
jou s'enlever en l'air, d'autant plus haut<br />
qu'ils courent plus vite, et <strong>de</strong>meurer en-<br />
levé tant que les jambes du petit coureur<br />
lui permettent <strong>de</strong> maintenir son allure.<br />
Un aéroplane ne fait pas autre chose !<br />
seulement il remplace la course à pied et<br />
le remorquage à la ficelle par une vitesse<br />
<strong>de</strong> propulsion, qui lui est fournie par un<br />
moteur léger et une hélice ; c'est sous l'im-<br />
pulsion <strong>de</strong> cette hélice qu'il s'enlève, com-<br />
me le cerf-yolant remorqué <strong>de</strong> tout à l'heu-<br />
re. Et alors, si toutes les forces, si les di-<br />
mensions <strong>de</strong> l'appareil et le régime du mo-<br />
teur sont bien calculés, l'aéroplane, comme<br />
le cerf-volant, sera en équilibre sous l'ac-<br />
tion <strong>de</strong> son poids, <strong>de</strong> la résistance <strong>de</strong> l'aiii<br />
qui s'exerce sur sa surface, et <strong>de</strong> l'effort<br />
<strong>de</strong> propulsion <strong>de</strong> son hélice.<br />
On le voit : c'est d'une remarquable sim-<br />
plicité ; mais il y a loin <strong>de</strong> la théorie à la<br />
pratique, et, pour réaliser cette chose si<br />
simple, il a fallu que le génie humain sur-<br />
montât d'invraisemblables difficultés.<br />
A. POUGET.<br />
-«A- Vi-v*<br />
PSF fil Spécial<br />
Sous-Prcîet condamné<br />
Corté, 14 août.<br />
Aux élections au conseil généra), à Moro-<br />
sa^iia (Corse), on reprocha à M. Ortoli Valc-<br />
rc° sous-préfet <strong>de</strong> Corté, aujourd'hui à Calvi,<br />
d'avoir, en uniforme, fait une double tournée<br />
dans les communes du canton, en recommam<br />
dant le candidat officiel, docteur Valentini.<br />
L'adversaire <strong>de</strong> celui-ci, M. Gianetti, fut<br />
élu ; U assigna aussitôt le sous-préfet <strong>de</strong>vamt<br />
le tribunal do Corté, affirmant qu'il y avaiit<br />
eu tentative <strong>de</strong> corruption électorale à son<br />
détriment.<br />
Le sous-préfet répondit en proposant la ré-<br />
cusation du prési<strong>de</strong>nt du tribunal, M. Buraz-<br />
zo ; le tribunal proclama le mal fondé <strong>de</strong> la<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong> du sous-préfet, et le condamna à<br />
1.000 francs d'amen<strong>de</strong> ; les choses en se-<br />
raient là. ,<br />
îi'ôrganlsaUoii <strong>de</strong>s CUambres (le Conutiorci<br />
Paris, 14 août.<br />
Inceagammeni paraître au journal officiel<br />
le rapport adressé bar M. Cru©pi, ministr*<br />
du commerce, au prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la République.<br />
Sur la nouvelle organisation <strong>de</strong>s chambres A*<br />
commerce, en application <strong>de</strong> la loi du 19 fé-<br />
vrier <strong>1908</strong> et <strong>de</strong> tous lies décrets concernant<br />
les différentes chambres <strong>de</strong> commerce et lei<br />
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